Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion : « AgroParisTech: le happening "thunbergien" atterre le monde agricole et ulcère les donateurs »
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Mme Emmanuelle Ducros a pris un peu de temps pour produire « AgroParisTech: le happening "thunbergien" atterre le monde agricole et ulcère les donateurs », publié sur le site de l'Opinion le 16 mai 2022.
On en comprends la raison à la lecture du titre. En chapô, une citation d'un auteur non identifié du milieu de l'agriculture :
« Ces étudiants ont-ils conscience qu’ils ont tous les leviers, qu’ils sont le haut du haut de la pyramide qui peut changer les choses ? Déserter est lâche »
Parmi les opinions qui ont été sollicitées d'horizons divers, nous citerons celui-ci :
« Une des voix du corps enseignant, Agnès Ricroch, spécialiste des biotechnologies végétales, souvent chahutée parce qu’elle défend les OGM, ne les accable pas : "Ils ont 20 ans, ce sont des éponges. Ils sont extrêmement angoissés par le changement climatique, la société de consommation, le capitalisme. Pourquoi pas ? A l’Agro, le débat – on dit 'la dispute' – a toujours été favorisé, même si c’est parfois un peu caricatural. C’est notre culture." Pourtant, elle s’inquiète : "Ces jeunes, bien formés, baissent les bras. Ils ont une vision noire de l’avenir et de la société. Et pourtant, eux qui ont obtenu par leur mobilisation que le domaine historique de Grignon, propriété de l'école, ne soit pas vendu à des promoteurs, devraient savoir que la mobilisation paye. Cette désillusion à 20 ans, c’est terrible. D’autant qu’ils n’en sont pas malheureux, ils veulent juste s’extraire de la société, du monde." »
Cette désillusion à 20 ans est effectivement terrible. Elle est, dans ce cas, le résultat quasiment paroxystique d'une Weltanschauung largement propagée.
Le cas de ces huit élèves doit cependant être ramené à sa juste proportion :
« Des élèves qui remettent ouvertement en cause jusqu’au bien-fondé de leur formation d’ingénieur, pas de quoi fouetter un chat ? "Des représentants de cette mouvance, il y en a dans toutes les promotions. Simplement, cette fois, cela a été médiatisé. Et c’est vrai que frustration et colère interrogent le cursus", souligne Anne Bouillon, la présidente de la puissante association des anciens élèves de l'école, AgroParisTech alumni (20 000 membres). "A titre personnel, le discours sur le traitement des cancers m’a profondément gênée, explique-t-elle. Quand la militance se heurte à la connaissance, c’est un problème. Mais finalement, leur choix en vaut un autre. Ils veulent faire de l’apiculture, des fermes collectives ? Qu’ils expérimentent, et rendez-vous dans cinq ans !" »
Mais, plutôt que de s'interroger sur le cursus, nous pensons que nous devons nous interroger sur notre responsabilité collective dans la création et la diffusion de récits collectifs qui incitent ainsi à « déserter » pour une petite minorité... et à applaudir – peut-être poliment mais sans aucune manifestation de désaccord – pour de nombreux autres.
N'est-il pas symptomatique que Mme Anne Bouillon n'ait été « profondément gênée » que par un seul propos ? Faut-il croire que, chez elle aussi, le discours profondément anti-science, complotiste, etc. passe comme une lettre à la poste ?
Et pour les bailleurs de fonds :
« Quant aux bailleurs de fonds industriels, qui financent une partie des chaires et surtout des activités de recherche, ils sont ulcérés. Plusieurs ont décidé d’avoir une franche explication avec la direction de l'école. Cautionne-t-elle les propos ? A-t-elle l’intention d’intégrer ce discours à sa réflexion académique ? "Nous n’avons rien contre l’expression libre des positions politiques des étudiants. Mais si cela devient la ligne de l'école, c’est autre chose. Si nous ne sommes bons qu'à donner de l’argent, en acceptant qu’on nous crache au visage, qu’on nous dise que nous sommes des pourris et que cela est validé par les enseignements, nous allons y réfléchir à deux fois", prévient le patron d’une des entreprises donatrices. Le happening de la remise des diplômes, une morsure de trop à la main qui nourrit AgroParisTech ? »
M. Philippe Stoop a produit une autre opinion, « Etudiants pour l'environnement : êtes-vous plutôt X ou AgroParisTech? ».
La mise en route :
« Après le buzz des "Déserteurs" d'AgroParisTech, certains de leurs soutiens ont ressorti un discours d'élèves de Polytechnique en 2019, pour laisser croire que d'autres grandes écoles seraient sur la même ligne. »
Voyez par vous-même...
Mon commentaire : 22 commentaires sur Youtube pour les X, 2.244 commentaires pour les huit AgroParisTech à l'heure où j'écris. Toujours aussi enthousiastes...
Mais voici une « fausse note » :
« Merci à la société que je hais de m’avoir dispensé une éducation gratuite de qualité et merci à ceux qui bossent de payer les cotisations sociales qui me permettront de vivre mon délire égoïste pendant quelques années, avant de me verser les minimums sociaux qui me feront subsister durant la misérable vie de rancœurs et d’amertume qui m’attend. Vive la ZAD, vive la redistribution des valeurs créées par les autres (ces salops), vive les maladies, vive le savoir que je m’invente, vive la faim dans le monde et surtout, surtout, vive ma petite personne sacrée »
Mme Géraldine Woessner, journaliste au Point et auteure d'un « AgroParisTech : décryptage d’un buzz délirant » (derrière un péage) a réagi à l'article de M. Philippe Stoop :
« Lors de leur remise de diplômes, huit étudiants décroissants de l’école d’ingénieurs agronomes AgroParisTech ont appelé les jeunes à “se débarrasser de l’ordre social dominant”. Un plaidoyer anticapitaliste et décroissant qui a rencontré un écho médiatique phénoménal, applaudi par Jean-Luc Mélenchon et la presse unanime.
Comment cet appel explicite à l'action violente (ils sont membres du groupuscule les Soulèvements de la Terre), lancé par de jeunes bourgeois adeptes des fake-médecines, a-t-il pu être présenté comme "la voix de la jeunesse" ? Décryptage d'un buzz halucinant, et des dérives qu'il révèle...
Et en PS : Une pensée pour les plus de 400 autres diplômés de cette promotion, certains boursiers ou issus de familles modestes, qui ont envie de relever les manches pour résoudre les défis de la planète, et désignés par ces huit "décroissants" privilégiés à la vindicte éternelle. »
La reproduction de la déclaration des huit « déserteurs » sur un blog hébergé par Mediapart a suscité des réactions qui m'ont mis sur la voie d'une intervention autrement puissante dans une cérémonie de remise de diplômes, celle de Centrale Nantes en 2018. La voici :