L'Allemagne championne du monde de l'exportation... des problèmes

2 Février 2022 Publié dans #Divers

L'Allemagne championne du monde de l'exportation... des problèmes

Willi l'agriculteur*

Ma note : N'est-ce pas aussi le cas de la France... sauf qu'elle est moins prospère, voire en voie de paupérisation ?

Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, nous avons arrêté en Allemagne trois centrales nucléaires et trois tranches de lignite de 300 MW chacune. D'autres suivront dans les mois et les années à venir. Lorsqu'on demande d'où proviendra alors l'électricité, on nous répond finalement que nous pouvons importer l'électricité manquante. Notre bilan climatique s'en trouvera amélioré. Nous exportons nos problèmes.

Le nouveau gouvernement fédéral souhaite réduire de moitié l'utilisation de produits phytosanitaires d'ici 2030. Parallèlement, la part de l'agriculture biologique doit passer d'à peine 10 % à 30 %. Il est donc clair que nous devrons non seulement importer à l'avenir encore plus de fruits et de légumes, mais aussi des quantités importantes de nos aliments de base. Nous voulons préserver l'environnement. Nous exportons nos problèmes.

L'abattage des poussins est interdit en Allemagne depuis le 1^er janvier 2022. Mais seulement en Allemagne. Le bien-être des animaux est important pour nous. Nous exportons nos problèmes.

L'élevage de poules en cage est interdit depuis longtemps. Les œufs destinés à la transformation industrielle ou la poudre d'œufs proviennent de l'étranger où l'élevage en cage est autorisé. Le citoyen ne se soucie pas de savoir si la protection des animaux y joue un rôle.

En Allemagne, des règles strictes s'appliquent à la castration des porcelets. Ce n'est pas le cas dans d'autres pays. Cela rend les porcelets étrangers moins chers. Nous exportons nos problèmes.

Le gouvernement prévoit d'augmenter le salaire minimum en Allemagne à 12 €/heure. Il n'y a qu'au Luxembourg qu'il est plus élevé. En Espagne, il est de 5,76 €/heure. L'Espagne fournit déjà aujourd'hui la plupart des fruits et légumes. Nous exportons nos problèmes. (Question : pourquoi pas un salaire minimum de 15 € ? Ou 20 € ? Au moins pour ceux qui auraient encore du travail...)

Pour des raisons de protection du climat, le gouvernement fédéral plaide pour une réduction de moitié du nombre d'animaux d'élevage en Allemagne. Le décret sur la protection des animaux d'élevage a été renforcé chez nous, nous sommes désavantagés et nos produits sont ainsi plus chers. Nous réduisons notre cheptel porcin, la viande de porc vient d'Espagne, où de nouvelles porcheries sont en cours de construction. Tönnies y construit des abattoirs. Nous exportons nos problèmes.

Ce n'est pas seulement pour l'alimentation végétalienne que l'on importe de plus en plus de fruits et de légumes de pays lointains. Même en hiver. Le bilan environnemental et climatique est mauvais. Et pas seulement pour les avocats, les ananas ou les mangues transportés par air. Nous exportons nos problèmes.

L'Allemagne envoie ses déchets à l'étranger et reçoit en contrepartie un certificat (!) indiquant qu'ils y sont recyclés. Nous sommes des gens bien. Nous exportons nos problèmes.

L'Allemagne veut 14 millions de voitures électriques supplémentaires dans 8 ans. Nous n'avons pas de cobalt, pas de lithium ni d'autres matières premières rares. Nous les achetons dans des pays où ils sont extraits dans des conditions précaires. Travail des enfants, pollution de l'environnement... pour notre e-mobilité.

L'Allemagne n'a pratiquement plus d'industrie textile (à l'exception de Trigema), elle n'exploite plus de charbon et nous voulons sortir du lignite.

D'importants produits pharmaceutiques et phytosanitaires sont aujourd'hui synthétisés en Inde ou en Chine. Avec de l'énergie fossile. Les semi-conducteurs et les pièces électroniques essentielles au bon fonctionnement de l'industrie viennent de là-bas. Nous sommes devenus dépendants et sujets au chantage.

La prospérité de l'Allemagne repose sur l'exportation de produits. Et l'exportation de problèmes.

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