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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Les théories du complot, autrefois confinées aux marges, se généralisent »

16 Novembre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

« Les théories du complot, autrefois confinées aux marges, se généralisent »

 

 

L'acteur, humoriste, scénariste et producteur britannique Sacha Baron Cohen – qui lutte dans ses œuvres contre le racisme, l'homophobie, le sexisme, etc. et la bêtise humaine en général) – a reçu en novembre 2019 l'International Leadership Award de l'Anti-Defamation League (ADL) (que l'on peut comparer à la LICRA).

 

Il a prononcé un discours de remerciement qui a été publié par l'ADL (avec une vidéo) et repris en intégralité par le Guardian. Un discours très critique des magnats des réseaux dits sociaux.

 

Le gazouillis ci-dessous est un montage de phrases chocs sur la situation générale dans le monde.

 

 

En voici la traduction.

 

« Aujourd'hui, dans le monde entier, les démagogues en appellent à nos pires instincts. Les théories du complot, autrefois confinées aux marges, se généralisent. C'est comme si le Siècle des Lumières – l'ère de l'argumentation probante – s'achevait, et maintenant la connaissance est de plus en plus délégitimée et le consensus scientifique est rejeté. La démocratie, qui repose sur des vérités partagées, est en recul, et l'autocratie, qui repose sur des mensonges partagés, est en marche. Les crimes de haine se multiplient, tout comme les attaques meurtrières contre les minorités religieuses et ethniques.

 

[...]

 

[...] les fausses nouvelles prennent le pas sur les vraies, car des études montrent que les mensonges se répandent plus vite que la vérité. […]

 

[...] Sur Internet, tout peut paraître tout également légitime. [...] les divagations d'un fou semblent aussi crédibles que les conclusions d'un prix Nobel. […]

 

[…]

 

Voltaire avait raison : "Ceux qui peuvent vous faire croire à des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités"* […]

 

En fin de compte, tout se résume à la question de savoir quel genre de monde nous voulons. […]

 

[…]

 

[...] si nous donnons la priorité à la vérité sur le mensonge, à la tolérance sur les préjugés, à l'empathie sur l'indifférence et aux experts sur les ignorants – alors peut-être, juste peut-être, [...] nous pouvons sauver la démocratie, nous pouvons encore avoir une place pour la liberté de parole et d'expression, le droit à la vie, à la liberté et au bonheur. [...] aujourd'hui, ces droits sont menacés par la haine, les conspirations et les mensonges.

 

Permettez-moi de vous soumettre une suggestion pour un objectif différent pour la société. Le but ultime de la société devrait être de s'assurer que les gens ne sont pas pris pour cible, qu'ils ne sont pas harcelés et qu'ils ne sont pas assassinés à cause de leur identité, de leur origine, de leur amour ou de leur façon de prier. »

 

_____________

 

* Cet aphorisme n'est ou ne serait pas de Voltaire. Mais il est hélas pertinent.

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R
Oh my God !
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J
Pas du tout d'accord avec l'affirmation naïve que la démocratie est basée sur la vérité et l'autocratie sur le mensonge. L'un comme l'autre sont des régimes politiques basés sur des classes sociales aux intérêts antagonistes. Et pour régner la classe dominante doit forcément répandre le mensonge parmi les dominés. Le premier des mensonges étant que l'Etat ne représente pas UNE classe sociale, mais toute la société.<br /> Pas étonnant que les "fake news" les plus diffusées ont été celles du gouvernement (contre les gilets jaunes, sur les masques... il existe des listes exhaustives).
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R
Oh my God !
I
Oui euh perso je suis pas sûr qu'autrefois les théories folles étaient confinées aux marges. En fait, les travaux de certains historiens ont montré qu'une rumeur pouvait très vite se répandre avant les RS. Par exemple en Allemagne dans les années 20 la théorie selon laquelle l'Allemagne avait perdu la guerre car elle avait été trahi par les juifs, les socialistes, les universitaires, certains militaires, était très répandue. De même au XIXème siècle de nombreuses personnes cultivées et de l'élite en Russie croyaient en la théorie du complot judéo-maçonnique contre les Romanov, à commencer par les Czars Alexandre III et Nicolas II eux-mêmes. En France même des théories à la con pouvaient se répandre très vite sans facebook ou twitter. Par exemple au XVIIIème siècle de nombreux Français, à Paris ou en Province, croyaient la rumeur voulant que Louis XV égorgeait des enfants pour se baigner dans leur sang. De même vous avez sans doute entendu parler de la Grande Peur quand en juillet 1789 les paysans un peu partout en France ont attaqué les châteaux des seigneurs. Et bien ces attaques se sont produites car une bonne partie des paysans de TOUT le royaume avait cru en une théorie voulant que des brigands payés par les seigneurs marchaient sur Paris pour tuer les révolutionnaires. De même au Moyen age la théorie du juif empoisonneur s'est répandue très vite dans l'Europe chrétienne au point de pousser plusieurs papes à la démantir. <br /> <br /> Si ça vous intéresse et que vous avez le temps, un historien de l'Université de Lorraine où j'ai fais mes études et que j'ai eu comme chargé de TD en deuxième année, François-Xavier Martishang, a rédigé sa thèse sur l'importance de la rumeur dans la vie politique en Lorraine au XIXème siècle. Ayant assisté à sa soutenance (mais n'ayant pas lu sa thèse), j'ai cru comprendre que, comme il le montrait dans son travail, les rumeurs, même les plus folles pouvaient circuler très vite sans les réseaux sociaux.
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H
Complètement d'accord "Il est là", démocratie ou dictature peu importe, la rumeur relève de la psychologie des foules. Et le passé regorge de "rumeurs" en tout genre. Dans un contexte approprié, un seul individu possédant une forte personnalité et une capacité de persuasion forte peut suffire à lancer une rumeur. Ensuite, si rien ne l'arrête, c'est une boule de neige qui grossit en dévalant la pente. <br /> <br /> Quand à ceux qui nous dirigent, la démocratie n'est aucunement un gage de vérité de l'information officielle. Le système même des carrières dans la haute fonction publique incite à se conformer à la bien pensance du moment, tout tentative de rébellion se soldant par un ralentissement de carrière ou une mise au placard. Quand à nos élus, dans une société où un tiers des électeurs vit peu ou prou des aides sociales et où plus de la moitié ne paie pas d'impôts directs, ils ne sont plus guère là que pour distribuer du pain et des jeux. Pain et jeux au dépens de ceux qui triment... Jusqu'à quand ?
R
Il y a eu aussi la célèbre rumeur d'Orléans entre mai et juin 1969, où j'ai personnellement vécu de 1968 à 1973. <br /> Toutes les filles (en l'occurrence les copines de mes soeurs, les copines des copines...) connaissaient (indirectement) une fille qui lui avait dit que la voisine de sa cousine (ou la nièce du beau-frère d'une collègue de travail) avait été enlevée... dans les cabines d'essayage des magasins juifs du centre ville. <br /> C'était que par le "bouche à oreilles" et ce fut très rapide, tout comme maintenant avec les réseaux sociaux.<br /> Tout comme maintenant, la presse locale, la municipalité, la justice, la police... étaient accusées de ne rien dire, de ne rien faire... car aux mains et complices de quelques familles juives influentes qui tiraient ainsi profit de la traite des blanches. <br /> Il y a eu des rassemblements hostiles devant quelques magasins qui ont été obligés de fermer quelques semaines.<br /> En fait, il n'y a eu aucune disparition signalée de jeunes filles dans la région orléanaise avant et pendant les semaines de cette folle rumeur et ça s'est arrêté avec l'arrivée de l'été, mais pendant les années qui ont suivi, les filles allaient toujours par 2 ou 3 dans les magasins !<br /> Edgar Morin a analysé ce phénomène, cas d'école, dans son livre "la rumeur d'Orléans".