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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Point de vue : de nombreux agriculteurs adhèrent déjà aux principes fondamentaux de l'agriculture régénérative

11 Décembre 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Agronomie

Point de vue : de nombreux agriculteurs adhèrent déjà aux principes fondamentaux de l'agriculture régénérative

 

Jack DeWitt, AGDAILY*

 

 

Image de Budimir Jevtic, Shutterstock

 

 

L'agriculture régénérative est la nouvelle expression à la mode adoptée par les candidats à la présidence [aux États-Unis d'Amérique] et les détracteurs des exploitations « industrielles ». Et aussi par certains qui prétendent que la notion de produits « certifiés biologiques » a été diluée au fur et à mesure que les fermes biologiques sont devenues « industrialisées ». Le développement durable n’est plus suffisant. Les critiques disent que les fermes « industrielles » ont détruit la santé et la productivité du sol. Peu importe que les rendements continuent à augmenter dans ces fermes « industrielles » et que certains de ces agriculteurs soient des leaders dans l'adoption des pratiques de conservation et de régénération des sols telles que la culture sans labour.

 

Les grandes entreprises agroalimentaires prennent le train en marche. General Mills a lancé des initiatives visant à mettre en place des pratiques d’agriculture régénérative sur 1 million d’acres (400.000 hectares) d’ici 2030. Dans un défi plus immédiat, elle s’est associée à Gunsmoke Farms LLC, une grande exploitation agricole du Dakota du Sud, pour convertir 34 000 acres (13.760 hectares) de terres agricoles conventionnelles en bio d'ici 2020.

 

General Mills contribue également beaucoup (plus de 3 millions de dollars) aux ONG travaillant sur la santé et la durabilité des sols, telles que The Nature Conservancy, le Soil Health Institute, le Soil Health Partnership et la National Wheat Foundation. Leurs projets visent à toucher 125.000 agriculteurs des grandes plaines.

 

PepsiCo a chargé une personne de travailler avec les agriculteurs sur les méthodes de durabilité et fournit un soutien financier et marketing pour les cultures en rotation, travaillant actuellement avec environ 50 agriculteurs. L'objectif est de collabore avec Practical Farmers of Iowa et d’autres groupes pour promouvoir le développement des cultures de couverture.

 

L’un des exemples les plus étranges d’agriculture régénérative provient peut-être d’un entretien avec Yvon Chouinard, fondateur et président de Patagonia. Il insiste sur le fait que l'agriculture de régénération ne peut pas être menée par de grandes exploitations, que seuls les petits exploitants peuvent gérer les nuances pour réussir. Il paie 10 % de plus aux petits agriculteurs indiens pour produire son coton biologique de manière régénérative.

 

« L’agriculture régénérative ne peut pas être pratiquée à grande échelle. C’est tout simplement impossible », a déclaré Chouinard. « Ces gens [les agriculteurs indiens sollicités par Patagonia] se débarrassent de leurs insectes en les écrasant avec leurs doigts. […] L’année prochaine, nous aurons 580 petits agriculteurs qui produiront du coton de cette façon. » Et la paysannerie agricole indienne est soutenue !

 

La plupart des défenseurs de l'agriculture régénérative disent que cela doit être un complément à l'agriculture biologique. Cependant, General Mills adopte une approche plus pratique, faisant ressortir cinq principes fondamentaux qui ne mentionnent pas le bio.

 

1.  Minimiser les perturbations du sol. Cela signifie non-labour ou façons culturales minimales de conservation. Il est difficile pour un agriculteur biologique de contrôler les mauvaises herbes sans un travail du sol important, ce qui est l’antithèse de la régénération.

 

2.  Maximiser la diversité des cultures. Selon les promoteurs du système, cela est nécessaire pour contrôler les maladies et les insectes sans utiliser de pesticides et pour renforcer la fertilité inhérente grâce à des légumineuses. C’est ce que nous avons pratiqué il y a 70 ans. Cela ne permettra pas le type de rendement dont nous avons besoin aujourd'hui pour rester rentable et nourrir le monde. Et toutes les cultures produites en rotation doivent avoir un marché et être rentables. Les cultures alternatives à demande limitée peuvent facilement être produites en excès si trop d'agriculteurs les incluent dans leurs rotations.

 

3.  Gardez le sol couvert. Il s’agit d’une mesure importante de lutte contre l’érosion pour tout agriculteur, qu’il exploite une zone de précipitations de 1.000 millimètres ou une zone de 250 millimètres exposée à l’érosion éolienne.

 

4.  Maintenir des racines vivantes toute l’année. Les cultures de couverture sont un facteur important dans le Midwest et l'est du pays où les précipitations sont excessives et où l'érosion et le lessivage des éléments nutritifs constituent un grave problème. En plus d'aider à contrôler l'érosion et à permettre la pénétration rapide de fortes pluies, les plantes vivantes tout au long de l'hiver peuvent absorber les nutriments restants de la culture précédente et les rendre disponibles pour la culture suivante. Elles absorberont plus de carbone et constitueront des réserves de carbone organique dans le sol, qui sont au centre des efforts de régénération. À mon avis, il est moins important de garder actifs les microbes sur les racines entre les cultures. Je dis moins important, car les populations de ces organismes peuvent se rétablir rapidement lorsque des plantes vivantes sont à nouveau disponibles. Semer une culture de couverture d'hiver dans l'ouest aride est difficile, voire impossible, à moins que l'agriculteur puisse irriguer à l'automne. Les pluies d’automne qui font germer une culture de couverture n’arrivent souvent que lorsque les températures sont trop froides pour permettre une croissance significative avant que les semis du printemps ou la préparations des terres ne soient en cours. Les seules racines vivantes disponibles sont généralement les herbes adventices et les repousses de blé. Elles ne sont pas souhaitables car elles hébergent des maladies des racines qui peuvent infecter la prochaine culture céréalière. Le « pont vert », comme on l'appelle, doit donc être détruit par des produits chimiques ou le travail du sol deux semaines avant le semis d'une culture de printemps. L'accumulation de carbone dans le sol est un défi dans des conditions arides : le maintien du statu quo (durabilité) doit être l'objectif raisonnable.

 

5.  Intégrer du bétail. Là, je ne suis pas d'accord avec les pontifes qui prétendent que le bétail est nécessaire pour promouvoir la santé du sol d'une ferme. Si vous aimez le bétail et les soins qu'il requiert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et que vous pouvez récolter du foin ou exploiter des pâturages ou des cultures de couverture, le bétail va peut-être améliorer les résultats. Mais si chaque agriculteur excluait des cultures de rente de son système de production pour faire paître le bétail, nous aurions (a) une pénurie de cultures de rente et (b) un système de production de viande, de lait et d’œufs avec toutes les inefficacités d’il y a 70 ans. Les pontifes disent que le fumier que le bétail produit est nécessaire à la santé du sol et à la nutrition des cultures, mais le fumier n'est pas un repas gratuit pour le sol. Le fumier déposé dans un pâturage perd la moitié de son azote dans l'atmosphère. Même dans les meilleures conditions de stockage du fumier du bétail élevé en confinement, 15 à 35 % de l'azote sera rejeté dans l'atmosphère. Et si les bovins ou les porcs ont besoin d'aliments provenant d'une autre ferme, les nutriments excrétés proviennent de cette autre ferme.

 

La théorie selon laquelle tous les sols « industrialisés » ont besoin de régénération parce que les monocultures « aspergées » d'engrais et de pesticides chimiques ont privé le sol de son carbone, de sa diversité biologique et de sa fertilité inhérente est fausse. Lors de la recherche pour écrire cet article, j'ai trouvé la référence suivante : il ne nous resterait plus que 60 récoltes si nous ne changeons pas notre façon de cultiver. Pour moi, c'est un non-sens à la lumière de l'essentiel de mes lectures et de mon expérience. Les rendements sont en hausse constante depuis 70 ans. La conservation des sols a fait de grands progrès au cours de ces décennies, avec des millions d'hectares maintenant pratiquement protégés contre les pertes de sol grâce à la culture sans labour. Bon nombre de maladies et d'insectes ont été vaincus ou marginalisés grâce à la sélection et à l'amélioration des moyens de protection. Bien sûr, nous avons encore des améliorations à apporter. Mais notre avenir productif n’a jamais été aussi sûr.

 

____________

 

Jack DeWitt est un agriculteur-agronome possédant une expérience en agriculture couvrant les décennies écoulées depuis la fin de la culture attelée jusqu'à l'âge du GPS et de l'agriculture de précision. Il raconte et prédit dans son livre « World Food Unlimited » que nous pouvons avoir à l'avenir un monde avec une nourriture abondante. L'article a été publié en premier lieu dans Agri-Times Northwest.

 

Source : https://www.agdaily.com/insights/perspective-farmers-embrace-core-principles-regenerative-agriculture/

 

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