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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Écologisme politique macronien, « Gilets jaunes » et agriculture

17 Novembre 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Politique, #Agriculture biologique, #critique de l'information

Écologisme politique macronien, « Gilets jaunes » et agriculture

 

Glané sur la toile 279

 

 

Les temps sont durs !

 

Tout cela pour quoi ?

 

Sur Contrepoints, dans « Gilets Jaunes : la goutte d’essence qui fait déborder le vase… du trop-plein fiscal ! », Mme Christine Singer observe :

 

« Le gouvernement actuel ajoute une nouvelle aberration : cette hausse des taxes sur les carburants s’inscrit dans une "fiscalité écologique" censée, pour dire les choses clairement, dégoûter les Français de prendre leur voiture, bref une fiscalité écologique de bobos parisiens dont le seul résultat est de matraquer les ruraux et les ménages modestes. Car c’est bien près d’un tiers des Français qui ne dispose pas d’alternative à l’automobile pour se rendre au travail, ou simplement profiter de la vie, faire les courses, voir les amis ou la famille. »

 

Quelles sont les motivations ? Un brusque accès d'écologisme politique, punitif mais bien-pensant et bien-voulant ? Un besoin pressant de remplir les caisses de l'État (sur Contrepoints toujours, l'Institut Économique Molinari nous dit qu'« Aujourd’hui [le 15 novembre 2018], l’État a consommé toutes ses ressources et recommence à s’endetter » ? Une stratégie politicienne dans l'optique des prochaines élections au Parlement Européen, le 26 mai 2019 ?

 

Probablement les trois...

 

 

L'agriculture menacée, et au-delà...

 

Dans le Figaro, M. Gilles Rivière-Wekstein – journaliste, directeur de la revue Agriculture & Environnement et auteur de l'excellent Panique dans l'assiette, ils se nourrissent de nos peurs (Le Publieur) – explique que « Les agriculteurs, [sont les] grands perdants des politiques écologistes d'Emmanuel Macron ».

 

En chapô :

 

« Le mouvement des «gilets jaunes» s'organise pour protester contre l'augmentation du prix du carburant. Gil Rivière Wekstein rappelle que les premiers concernés par les politiques écologistes sont les agriculteurs, qui paient cher les choix politiques d'Emmanuel Macron. »

 

La brièveté est évidemment de rigueur pour un chapô ainsi que pour une tribune. Mais on aurait pu évoquer aussi l'« effet de ruissellement » cher aux économistes qui pensent que « plus on s'enrichit, plus on fait ruisseler sa richesse vers les plus pauvres, en sorte que tout le monde est gagnant. »

 

Ici, c'est évidemment l'inverse : plus on obère l'agriculture, plus on fait ruisseler les charges vers le reste de la société, en sorte que tout le monde est perdant.

 

 

Un choix politicien dévastateur

 

M. Gil Rivière-Wekstein aborde le problème du moment par le volet politicien :

 

« Pendant que le président Macron est occupé à concentrer sa stratégie en vue des élections européennes de 2019 sur le thème de l'opposition au nationalisme, par crainte que la liste de Marine Le Pen ne lui ravisse la vedette, il semblerait que, dans les couloirs de l'Élysée, on se préoccupe davantage de la menace écologiste. »

 

On peut souscrire à cette thèse d'autant plus que l'offre politique à gauche est en piteux état (pas seulement en France) et que, malgré son indigence éthique et programmatique, la mouvance verte apparaît comme un choix de repli acceptable pour un électorat déboussolé par la politique gouvernementale. Ajoutez à cela que certains médias s'empressent de tendre les micros vers M. Yannick Jadot, tête de liste EELV, et d'autres de la mouvance, leur offrant une visibilité sans pareille.

 

 

 

 

On peut craindre que cette stratégie ne soit vouée à l'échec. Mais revenons à l'agriculture :

 

« Cela explique le positionnement idéologique du président Macron, qui se montre prêt, faute d'avoir trouvé une autre tactique, à faire le sacrifice de l'agriculture française pour une poignée de votes écolos: interdiction du glyphosate, interdiction du métam-sodium, interdiction des néonicotinoïdes, frein au développement du secteur industriel lié aux semences et aux produits phytosanitaires, délocalisation de la recherche, destruction du modèle actuel de vente et de conseil des produits phytosanitaires, augmentation de 10 % du coût de la main-d'œuvre saisonnière d'ici 2021… La liste des condamnations qui fragilisent la compétitivité de l'agriculture française n'a jamais été aussi longue, et la délocalisation de nos productions agricoles aussi imminente. »

 

 

Selon le théorème sous-jacent, un euro pris dans ma poche doit revenir dans MA poche… j'ai juste ?

 

 

Le grand écart des organisations

 

La bien-pensance environnementale et les organisations de la solidarité sont bien gênées : elle peut difficilement s'opposer à une taxation prétendument écologique appelée de ses vœux et, inversement, s'aliéner l'opinion publique.

 

Le Monde titre par exemple : « "Gilets jaunes" : les ONG environnementales comprennent mais ne soutiennent pas » (la Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique, l’Union Nationale des Associations Familiales, la CFDT, etc. ne méritent pas les honneurs du titre...). En bref,

 

« Dans un manifeste publié mercredi des associations jugent que transition écologique et justice sociale sont compatibles. »

 

Vraiment ? Reporterre fait les comptes dans « Les ONG écologistes et de solidarité déplorent l’incohérence du gouvernement sur la taxe carbone » :

 

« Le montant des mesures annoncées a été évalué à 500 millions d’euros par an par le Premier ministre. Or, les ONG ont calculé que la hausse de la taxe carbone rapporterait 15 milliards d’euros sur l’ensemble du quinquennat, dont 2,8 milliards d’euros dès 2019. »

 

De plus, une part importante des mesures annoncées s'adresse à des gens modestes... mais qui ont la capacité d'engager des dépenses importantes. Combien resteront sur le carreau ?

 

 

"...exiger des constructeurs" ? Les mettre en faillite ?

 

 

Le délire de l'agriculture biologique

 

On devrait ajouter à la liste – déjà longue – de M. Gil Rivière-Wekstein la frénésie pour le « bio ».

 

Le Monde publie le 16 octobre 2018 un « Le bio peine à s’imposer dans la restauration ».

 

Bien sûr, selon les sondages commandés par l'Agence Bio,

 

« ...90 % des parents interrogés souhaitent davantage de bio dans les cantines de leurs enfants. Plus largement, les trois quarts des sondés aimeraient avoir accès à plus de bio dans les lieux de restauration qu’ils fréquentent, et en particulier dans les restaurants d’entreprise. »

 

Quel parent oserait affronter la bien-pensance et dire à un enquêteur : « OGM bio, j'en veux pas » ? La Fondation pour la Nature et l'Homme (dans cet ordre...) « créée par Nicolas Hulot » a lancé une pétition « Je soutiens le Bonus Cantine Bio et Locale »... 18.431 signatures – seulement – à l'heure où nous écrivons... Une preuve éclatante de l'enfumage que prodigue l'Agence Bio à la société et aux décideurs politiques et économiques, en partie avec nos sous.

 

Les élus locaux estiment le surcoût, en moyenne, à 18 %. L'Assemblée Nationale vient de refuser – à juste titre du point de vue des finances de l'État, mais de manière odieuse au vu la décision qu'elle a prise dans le cadre de la loi agriculture et alimentation – le « Bonus Cantine Bio et Locale, proposition de la FNH » (voir notamment ici). On admirera au passage le double langage des mouvances activistes : ce fut, avant, « Le bio à la cantine ? C'est possible et ce n'est pas plus cher ! » (quand ce n'était pas « moins cher », et maintenant c'est :

 

« La FNH regrette que les députés n’aient pas saisi cette opportunité majeure et déplore surtout que le gouvernement, qui a systématiquement voté contre cet accompagnement financier, n’ait pas compris la nécessité d’accompagner le secteur et les collectivités dans la transition. »

 

Il n'y a pas que les conséquences sur les finances locales (et le portefeuille des citoyens), mais aussi, selon le Monde :

 

« Reste à savoir si l’offre de produits bio en France sera capable de suivre cette augmentation de la demande de la restauration. Le risque étant de créer un appel d’air à l’importation en cas de déséquilibre. D’autant que la grande distribution a mis les bouchées doubles pour profiter de l’engouement des Français pour ces aliments plus soucieux de l’environnement et de leur santé. Les ventes dans les grandes enseignes devraient bondir de 15 à 20 % en 2018. »

 

C'est très ampoulé (et conforme à la doxa du bio meilleur pour l'environnement et la santé). Mais la réponse ne fait pas de doute. Reprenons de M. Gil Rivière-Wekstein : «  la délocalisation de nos productions agricoles [est] aussi imminente »... y compris et surtout pour le bio qui pourra difficilement résister à la concurrence des pays plus favorisés sur le plan du climat et de la pression des bioagresseurs, ainsi que des conditions générales d'activité et notamment les coûts salariaux.

 

 

Sponsors ? Biocoop

 

 

Et dire que l'ambition gouvernementale est de porter la part du bio de 6,5 % fin 2017 à 15 % à l'horizon 2022... ignorant que ce qui peut fonctionner dans un marché de niche (avec force primes à la conversion et au maintien s'ajoutant aux subventions normales) ne marche pas dans un marché plus important. Mais on peut aussi penser que tout cela sera organisé avec une fiscalité et une taxation pro-bio... une nouvelle double-peine.

 

Il est temps que les professions agricoles et agroalimentaires déclenchent le signal d'alarme.

 

 

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7
Les gilets jaunes sont un beau mouvement uni par le désir de faire reculer un gouvernement macron qui s'est malheureusement illustré par une accumulation de nuisances et d'injustices.Notre dignité retrouvée est à portée de main contre un pouvoir qui en est désormais privé.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Je ne tiens pas à faire un blog politique sur ce site. On verra de ce qu'il adviendra de ce mouvement. Soyons pragmatiques.