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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une bonne infrastructure est un avantage concurrentiel

15 Juin 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

Une bonne infrastructure est un avantage concurrentiel

 

Terry Wanzek*

 

 

 

 

J'ai toujours su qu'amener la nourriture de la fourche à la fourchette dépendait d'une excellente infrastructure – mais jusqu'à il y a une quinzaine d'années, je prenais beaucoup de choses pour acquises.

 

J'avais participé à un séminaire à Chicago. Des agriculteurs du monde entier étaient là. Nous avons fait ce que les agriculteurs font : parlé d'opportunités et de marchés, discuté des défis et grommelé au sujet de la météo.

 

Quand un panel d'agriculteurs brésiliens a décrit leurs opérations dans le soja, j'ai commencé à m'inquiéter.

 

Ils ont décrit les prix bas des terres, le faible coût de la main-d'œuvre et les impressionnantes économies d'échelle. Dans chacun de ces domaines, ils bénéficient d'énormes avantages par rapport aux producteurs de soja des États-Unis.

 

Beaucoup d'entre nous, producteurs américains, sont devenus anxieux : comment pouvions-nous être compétitifs sur un marché mondial contre des agriculteurs qui peuvent bénéficier de ces incroyables gains d'efficacité ? Il y avait des regards de panique dans la salle : peut-être devais-je abandonner le soja et revenir au blé ou à un autre type de culture.

 

Finalement, cependant, j'ai entendu de quoi provoquer un certain soulagement : au fur et à mesure que les Brésiliens avançaient dans leur présentation, il devenait clair qu'en fait ils nous enviaient. Bien qu'ils puissent cultiver le soja à peu de frais, ils se heurtent à des obstacles majeurs pour commercialiser leurs récoltes. Leurs coûts de transport, à l'époque, étaient presque le double du coût total de la culture du soja et de la livraison aux marchés.

 

Leur pays manquait d'infrastructures de transport modernes.

 

J'ai compris que l'infrastructure est l'arme secrète du farmer américain : nous n'y pensons peut-être pas beaucoup, mais nos routes, nos chemins de fer et nos rivières nous maintiennent compétitifs. Nous pouvons livrer de la nourriture aux clients comme personne d'autre.

 

Pourtant, nous ne pouvons pas rester assis sans rien faire. Savez-vous ce que le Brésil a fait depuis que j'ai assisté à cette conférence à Chicago ? Il a mis beaucoup de moyens dans son infrastructure, dans le but de nous rattraper.

 

Nous devons rester en tête.

 

C'est pourquoi je suis encouragé par l'appel du président Trump pour de nouveaux investissements. Il a soulevé le problème dans son discours inaugural : « Les infrastructures de l'Amérique sont tombées dans le délabrement et la décadence », a-t-il averti.

 

Ces mots sombres s'appliquent certainement à certaines parties de nos infrastructures nationales. D'autres sont en meilleur état. L'essentiel, cependant, est que nous allons tous bénéficier d'une remise à niveau.

 

Le président Trump a déjà transformé ses paroles en action. Lors de son deuxième jour de travail au Bureau Ovale, il a signé des instructions pour aller de l'avant avec les projets de pipeline Keystone XL et Dakota Access. Le président Obama les avait bloqués, même s'ils promettaient de créer des emplois et de maintenir les coûts des carburants.

 

En tant que Nord-Dakotain, j'ai suivi de près la question du pipeline Dakota Access, qui passe à un peu plus de cent milles de ma ferme. Je suis impatient de le voir terminé parce que cette pièce d'infrastructure essentielle créera des avantages à long terme pour les gens dans mon État et ailleurs.

 

Les médias sont obsédés par les manifestants, qui viennent pour la plupart de Californie et d'ailleurs – et pas assez attentifs à l'opinion locale, qui soutient fortement le pipeline. Pour nous, ce n'est pas une question partisane. Nos deux sénateurs, l'un démocrate, l'autre républicain, sont en faveur du projet. C'est aussi la position de la grande majorité des Nord-Dakotains.

 

Nous devrions terminer ce projet le plus tôt possible.

 

D'autres besoins n'ont pas attiré autant d'attention, du moins en dehors du Dakota du Nord. Les protestations peuvent être plus attrayantes pour les médias que les projets d'infrastructures hydrauliques, mais nous devons nous assurer que l'eau peut circuler des endroits où elle est abondante dans l'État vers ceux où elle est nécessaire. Cela nous aidera non seulement à produire davantage, mais aussi à transformer davantage nos produits et à créer de la valeur ajoutée, avec des opportunités et des emplois à la clé – un aspect vital de la sécurité alimentaire nationale et de la gestion de l'environnement.

 

Cela apportera aussi d'autres améliorations. Le Dakota du Nord a récemment perdu un important projet d'usine d'engrais. Les gouvernements de l'État et locaux avaient fourni des incitations fiscales et accordé les approbations réglementaires. Tout était en place pour réussir : jusqu'à ce que l'on ait soulevé des doutes sur l'accès à l'eau. Ce n'est peut-être pas la seule raison pour laquelle l'usine n'a pas été construite, mais c'était un obstacle majeur.

 

Une meilleure infrastructure résoudrait ce problème ainsi que beaucoup d'autres. Les agriculteurs de mon État et du Midwest bénéficieraient des améliorations apportées aux écluses et aux barrages sur le Mississippi et aux ports le long de nos côtes.

 

Nous ne demandons pas une frénésie de dépenses insensées dont le but principal serait de marquer des points politiques. Au lieu de cela, nous souhaitons une série d'investissements ciblés qui non seulement créeront des emplois maintenant, mais rendront également les agriculteurs, les éleveurs et les Américains plus compétitifs dans les années à venir.

 

L'alternative est de laisser échapper un de nos meilleurs avantages. Si cela arrivait, nous n'aurions que nous-mêmes à blâmer – et nous ne pourrions même pas nous plaindre que nous ne l'avons pas vu venir.

 

_________________

 

* Terry Wanzek est un agriculteur de la quatrième génération du Dakota du Nord. Le partenariat familial produit du blé de printemps, du maïs, du soja, de l'orge, des haricots secs de bouche et du tournesol. Terry a été élu sénateur de l'État du Dakota du Nord, assurant la présidence du comité de l'agriculture et occupant le poste de président du Sénat Pro Tempore. Terry fait du bénévolat à titre de membre du conseil d'administration du Global Farmer Network (réseau mondial d'agriculteurs) et continue d'assurer la présidence de l'Association Nationale des Producteurs de Blé et de la NoDak Mutual Insurance. Il est diplômé en administration des affaires et en comptabilité du Jamestown College et a suivi le Texas A & M Executive Program pour les producteurs agricoles.

 

Source : http://globalfarmernetwork.org/2017/02/improved-infrastructure-competitive-advantage/

 

Ma note : ce texte a une connotation politique. On peut avoir une opinion forte sur le personnage qui y est mentionné et son action politique (c'est mon cas...). Ce qui importe ici, c'est, d'une part, la description de l'importance des infrastructures pour la compétitivité dans un environnement international, d'autre part, la description d'opinions qui trouvent rarement à s'exprimer dans nos médias bien-pensants et, enfin, les enseignements que nous pourrions tirer pour la situation en France et en Europe. Portons-nous l'attention nécessaire à nos infrastructures ? Et d'une manière générale aux conditions dans lesquelles s'exerce le métier d'agriculteur – celui de producteur d'une large part de notre alimentation et de gestionnaire d'une large part de notre environnement ?

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N
PJ – Non, il y a des tas de choses qu’il faut changer, en particulier notre conception de la croissance ; justement aussi, on vient de parler comptabilité : nous ne comptabilisons en aucune manière la destruction de la planète. C’est ce qu’on appelle les externalités négatives. Le type qui brûle des pneus et qui gagne sa vie en brûlant des pneus faisant de l’électricité, on ne compte pas tous les gens qu’il envoie à l’hôpital dans l’environnement parce que l’air devient irrespirable. On ne tient compte de rien, on ne fait pas la différence dans la comptabilité si on emploie une ressource renouvelable ou pas, de savoir si on l’a perdue une fois pour toutes en l’utilisant, parce qu’on l’a mis dans de petits machins, des composants, où c’est pratiquement impossible de les retrouver. Non, on détruit le monde et on n’en tient pas compte, ce n’est pas dans le calcul. <br /> le suite et ce qui précède sur https://www.pauljorion.com/blog/2018/06/15/ecorama-la-prochaine-crise-sera-celle-de-la-disparition-de-leuro-alerte-paul-jorion-le-6-juin-2018/
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Les « externalités négatives », merci, je connais. Et je vois aussi qu'on balance les externalités négatives à un certain type d'agriculture en oubliant de faire l'analyse pour le type d'agriculture que l'on entend promouvoir.