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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate et crapauds : encore de la science poubelle

20 Juillet 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Article scientifique, #Glyphosate (Roundup)

Glyphosate et crapauds : encore de la science poubelle

 

C'est Genetic Literacy Project qui nous a mis sur le coup d'un article « scientifique », « Chronic exposure to a glyphosate-based herbicide makes toad larvae more toxic » (l'exposition chronique à un herbicide à base de glyphosate rend les têtards de crapauds plus toxiques) de Veronika Bókony, Zsanett Mikó, Ágnes M. Móricz, Dániel Krüzselyi, Attila Hettyey.

 

En voici le résumé (nous découpons en parapraphes) :

 

« Les polluants chimiques peuvent exercer divers effets sublétaux sur la faune, et cela a des conséquences complexes sur l'adaptation [fitness]. De nombreux animaux utilisent des produits chimiques défensifs en tant que protection contre les prédateurs et les maladies, mais les effets des contaminants chimiques sur cet important composant de l'adaptation sont peu connus. La compréhension de ces effets est particulièrement pertinente pour les amphibiens, le groupe de vertébrés le plus menacés dans le monde, car ils sont particulièrement vulnérables à la pollution chimique.

 

Nous avons mené deux expériences pour étudier comment l'exposition aux herbicides à base de glyphosate, les produits agrochimiques les plus répandus dans le monde, affecte la production de bufadiénolides, les principaux composés de défense chimique chez le crapaud commun (Bufo Bufo). Dans les deux expériences, l'exposition aux herbicides a augmenté la quantité de bufadiénolides dans les têtards de crapaud.

 

En laboratoire, les individus exposés au glyphosate à 4 mg de matière active/L au cours de leur développement larvaire avaient une teneur plus élevée en bufadiénolide à la métamorphose que les têtards non exposés, tandis que l'exposition pendant 9 jours à la même concentration, ou à 2 mg m.a./L tout au long du développement larvaire ou pendant 9 jours, n'avait aucun effet détectable.

 

Dans les mésocosmes extérieurs, les têtards de 16 populations présentaient une teneur élevée en bufadiénolide après une exposition de trois semaines aux deux concentrations de l'herbicide.

 

Ces résultats montrent que l'exposition aux pesticides peut avoir des effets inattendus sur les organismes non cibles, avec des conséquences potentielles pour la gestion de la conservation des espèces productrices de toxines et de leurs prédateurs. »

 

 

Le mésocosme est un dispositif expérimental clos, de taille moyenne, destiné aux études écologiques. Typiquement, en aquariophilie, c'est un aquarium fonctionnant en milieu aquatique fermé qui est un modèle réduit d'un écosystème, et donc d'un écosystème aquatique. L'image représente un des plus grands mésocosmes jamais réalisés, dans le fjord Gullmar, en Suède. (Source)

 

 

L'étude se trouve derrière un péage. Pour les férus de statistiques, les données de base sont fournies dans les informations complémentaires. On apprendra donc que les mesures ont été faites sur cinq têtards par traitement en laboratoire et quatre en extérieur. Le seul autre élément intéressant est le graphique ci-dessous.

 

 

 

 

Mais on s'égare ! Il suffit de regarder les concentrations de glyphosate dans l'eau : 2 ou 4 milligrammes par litre, alors que la charge des cours d'eaux s'exprime en microgrammes par litre, généralement en unités voire en fractions d'unités. En d'autres termes, cette expérience a été conduite avec des concentrations de l'ordre de mille à 10.000 fois supérieures à celles que l'on trouve dans la réalité (voir par exemple ici : la moyenne en glyphosate était de 0,44 µg/L). On peut certes imaginer que des crapauds pondent dans une ornière pleine d'eau arrosée au glyphosate... de là à évoquer des « conséquences potentielles pour la gestion de la conservation des espèces productrices de toxines et de leurs prédateurs »...

 

Pour sa part, Genetic Literacy Project a été alerté par une dépêche de... l'AFP (par exemple « Herbicide boost for tadpoles: study » (un herbicide promeut les crapauds : étude). Une dépêche qui brille par l'incompétence. En introduction : « Vilipendé comme tueur d'abeilles […] un herbicide commun... ». Plus loin, il faut entendre selon le texte que le seul producteur de glyphosate est Monsanto...

 

En France, un des rares journaux à avoir repris l'« information » est la Dépêche avec « Le glyphosate, un stimulant pour le système de défense des crapauds ».

 

Et si vous voulez savoir comment on peut combiner deux articles pour fabriquer une superbe fake news, allez ici.

 

 

 

 

Ajout du 22 juillet 2017 : Voici la figure 1.

 

 

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M
"Encore de la science poubelle..."<br /> Encore un article poubelle, d'un blog poubelle écrit par ceux qui se contente de critiquer quand d'autre s'efforce de faire avancer. Je suis curieux de connaître le parcours de cet auteur qui semble lui permette d'appréhender les tenants et aboutissants d'une étude scientifique et qui lui permette de la qualifiée de "poubelle". Il suffit de lire " les données de base sont fournies dans les informations complémentaires" pour voir que l'auteur ne sait pas lire un article scientifique et se contente de cité 1 oui UNE figure des "supplementary" sans pour autant faire apparaître les figures de l'article en lui même. C'est symptomatique d'une manipulation de l'information. Alors débattre ok... mais critiquer pour dénigrer. <br /> Affligeant
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire (si, si...). Il y a des délices de fin gourmet.<br /> <br /> «  Je suis curieux de connaître le parcours de cet auteur... » ? J'ai mon certificat d'études primaires...<br /> <br /> Amplement suffisant dans le cas d'espèce.<br /> <br /> « ...l'auteur ne sait pas lire un article scientifique ». Si le mot « sait » est pris dans son acception belge, c'est parfaitement exact. Comme indiqué dans le billet, l'article scientifique est derrière un péage.<br />
U
L'article ne mérite pas le prix que demande l'éditeur Il ne comporte qu'une seule figure, que j'ai commentée plus bas.
U
La première conclusion à tirer de cer article est que les têtards, réputés sensibles, supportent sans problème des concentrations follement élevées. La seconde, visible dans la fig1, est que la différence entre les concentrations trouvées entre le labo et le mesocosme est beaucoup plus grande que tous les effets du glyphosate : Le glyphosate n'est sans doute pas un paramètre pertinent
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Effectivement. <br /> <br /> J'ai rajouté une image qui doit être la figure 1 (trouvée grâce à Google Image).<br /> <br /> Les mesures en laboratoire sont aussi curieuses : de 19 à 45 jours, les niveaux de toxines à 4 mg ma/L sont inférieures à celles à 2 mg ma/L et à vue de nez égaux au niveau témoin.<br />
P
Utilisateur régulier du Glyphosate depuis.... 1987, avec un pulvérisateur de 5 litre à jet dirigé, au ras des plantes, mon jardin conservatoire (1800 espèces et variétés sur 2 hectares) grouille de crapauds, grenouilles rousses, salamandres (!) orvets, lézards verts, couleuvres à collier, couleuvres d'esculape et plein d'autres petites bestioles adorables... <br /> Quand je dis "grouille", ce n'est pas exagérer...
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Très intéressant. Mais on admettra quand même que quand vous traitez, vous n'arrosez pas cette faune.<br />