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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Future interdiction du glyphosate : elle ne fait pas que des malheureux !

10 Août 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides, #Glyphosate (Roundup), #Politique

Future interdiction du glyphosate : elle ne fait pas que des malheureux !

 

 

 

 

 

 

Une interdiction du glyphosate pour les particuliers serait une aubaine pour certains fabricants et vendeurs. Pour la santé publique et l'environnement, c'est une autre affaire...

 

 

Les images de Mme Ségolène Royal, Ministre de l'Environnement, de l’Énergie et de la Mer, en charge des relations internationales sur le climat, Présidente de la COP21 (c'est comme cela qu'elle se décrit sur Twitter), retirant pour la frime et surtout les caméras, quelques bidons de Roundup des rayons d'une jardinerie ont été largement reproduites sur ce site et bien d'autres.

 

Le retrait des produits à base de glyphosate, s'il devait se concrétiser, ne fera pas que des malheureux ! Si vous pensez que la jardinerie qui s'est empressée de lui ouvrir ses portes ne l'a pas fait seulement par courtoisie et pour profiter ensuite de la publicité, vous n'aurez pas forcément l'esprit mal tourné.

 

 

Glyphosate

 

Cancérigène probable comme la... viande rouge. La charcuterie, c'est cancérigène certain !

 

Petit tour dans ma jardinerie la plus proche...

 

On y vend du Glyper (glyphosate en sel d'isopropylamine) en bidons d'un litre pour 19 euros. La marque annonce, de manière un peu présomptueuse, que c'est jusqu'à 3330 m2... un tiers d'hectare. Si vous avez 100 m2 à désherber une fois l'an, c'est... 33 années d'utilisation.

 

En fait, c'est la surface calculée avec la dose minimale de 3 ml/10 m2 applicable sur des graminées annuelles. La dose normale est de 5 ml/10 m2, ou 7 ml/10 m2 pour les flores difficiles. Mais, dans le pire des cas, cela représente tout de même environ 1400 m2... 14 années d'utilisation dans notre exemple.

 

Sur e-phy (d'utilisation bien plus simple, nous semble-t-il, que le nouveau site de l'ANSES), les conditions d'emploi sont les suivantes pour Glyper 7 (même concentration) :

 

- Porter des gants pendant les phases de mélange/chargement et d'application et un vêtement imperméable pendant l'application avec un pulvérisateur à dos.

- Délai de rentrée de 6 heures.

- Délais avant récolte : 21 jours (toutes cultures fruitières) à l'exception du kiwi (90 jours) et de l'olive (7 jours).

- Ne pas appliquer la préparation sur les arbres ou les vignes, en particulier sur les bourgeons, les feuilles et les jeunes souches.

- Alterner ou associer sur une même parcelle des préparations à bas de substances actives à modes d'action différents tant au cours d'une saison culturale que dans la rotation.

 

Les substances chimiques font l'objet d'un système standardisé de classification et d'étiquetage, avec phrases de risques et conseils de prudence. Les produits ménagers n'y échappent pas, alors même que les pictogrammes et phrases types ont tendance à échapper à notre vue. Qu'a-t-on retenu pour le sel d'isopropylamine de glyphosate ?

 

- R36 – Irritant pour les yeux.

 

C'est tout.

 

 

Acide pélargonique

 

 

Même rayon, mais pas la même étagère dans ma jardinerie, voici un bidon de 910 ml – tiens, pourquoi pas un litre – à 17,50 euros, soit 19,23 euros au litre.

 

C'est de l'acide pélargonique à 237,5 g/L (24,3 %). Mais qu'importe la concentration, ce qui compte, c'est la dose d'application et, in fine, la surface traitée : 13 ml/m2 indique l'étiquette, qui se garde bien de poursuivre... car le produit permet de traiter 70 m2.

 

C'est... 20 fois moins que le bidon de glyphosate dans l'hypothèse « flore difficile », 28 fois moins que dans l'hypothèse « flore normale ».

 

Vu sous un autre angle, en considérant (par pure hypothèse) que la marge est identique pour les deux articles, le producteur et le vendeur multiplient leurs profits par 20 ou 28 !

 

Mais le chaland se laissera sans nul doute impressionner par la mention « actif d'origine végétale », ou selon la publicité sur Internet : « un principe actif présent dans la nature notamment dans le géranium ».

 

Notons que la substance est déclinée dans cette marque comme une gamme de plusieurs produits, alors que la composition est la même.

 

Voici les conditions d'emploi d'e-phy (pour Herbistop) :

 

- Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer à moins de 5 mètres d'un point d'eau (puits, bassin, mare, ruisseau, rivière...).

- Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer sur des jardins en pente ou des surfaces imperméables situées à proximité de point d'eau telles que le bitume, le béton, les pavés et les dalles.

- Eviter toute dérive de pulvérisation et de ruissellement vers les plantes voisines.

- Pour protéger les eaux souterraines, appliquer ce produit ou tout autre produit contenant de l'acide pélargonique uniquement de mars à août pour les usages revendiqués sur légumes et gazons et de mars à septembre pour les usages revendiqués sur surfaces perméables (allées) et arbres fruitiers.

- Eviter toute pulvérisation vers les parties vertes des plantes à préserver.

 

En voyant la mention « actif d'origine végétale », l'amateur non averti a l'impression de contribuer à la protection de l'environnement selon le principe qui veut que ce qui est naturel est forcément bon... À tort à la lecture comparée des conditions d'emploi.

 

C'est que l'acide pélargonique est affublé de la phrase de risque R34 – Provoque des brûlures.

 

Sur ce site, on recommande de porter des gants en nitrile (étanches) et on signale que lors de son application, le produit décrit « peut provoquer une sensation de picotement dans les muqueuses du nez, sans aucun risque pour l’applicateur s’il n’y a pas de contact direct avec le produit ».

 

Là encore, substituer l'acide pélargonique au glyphosate, c'est prendre des risques avec un produit irritant et susceptible de provoquer des brûlures.

 

Ajoutons que certaines formulations contiennent aussi de l'hydrazide maléique, une substance également irritante, qui porte la mention de danger H341 – Susceptible d'induire des anomalies génétiques (indiquer la voie d'exposition s'il est formellement prouvé qu'aucune autre voie d'exposition ne conduit au même danger).

 

 

Acide acétique

 

Déguster une salade avec une bonne vinaigrette... c'est consommer de l'herbicide !

 

Et voici, vendu en pulvérisateur de 900 mL, un désherbant « jardins-cours-allées » à 16,95 euros (18,83 euros/litre). C'est de l'acide acétique à 6 %.

 

À la dose de 100 mL/m2, cela permet de traiter... 9 m2, un carré de 3 x 3 m.

 

Coût au mètre carré : 1,88 euros... contre moins d'un centime d'euro pour le glyphosate. Mais, contrairement au glyphosate (et comme l'acide pélargonique), l'acide acétique ne détruit pas les racines. Il faut donc traiter plusieurs fois dans la saison pour épuiser les vivaces, ce qui multiplie le coût... et la marge pour le vendeur.

 

Pour le producteur, c'est encore plus juteux. Car l'acide acétique à 6 %, c'est... du vinaigre blanc !

 

Dans mon supermarché (ce n'est pas le moins cher), on vend du vinaigre ménager à 14 % pour 2,35 euros le litre. Dilué à 6 %, le désherbant qu'on en tirerait (toujours pour 9 m2) reviendrait à... 1 euro, presque tout rond.

 

Que dit e-phy pour Naturen Express ?

 

- Délai de rentrée : Attendre le séchage complet de la zone traitée

- Ne pas rejeter dans l'évier, le caniveau ou tout autre point d'eau les fonds de bidon non utilisés

- Eviter toute dérive de pulvérisation et de ruissellement vers les plantes voisines.

 

Les phrases de prudence sur l'étiquette de la bouteille de vinaigre ménager – que personne ne lit – sont également intéressantes. Il y a notamment :

 

- H315 – Provoque une irritation cutanée

- H319 – Provoque une sévère irritation des yeux

- P102 – Tenir hors de portée des enfants

- P280 – Porter des gants de protection/des vêtements de protection/un équipement de protection des yeux/du visage.

 

 

Ce produit est certes plus concentré que l'acide acétique vendu comme herbicide, mais c'est celui que l'on a tendance à garder sous l'évier, à la portée de tous, et à manipuler sans précautions particulières.

 

Mais le mot d'ordre démagogique est : « Sus au glyphosate ! »

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O
Si l auteur de cet article pense que le vinaigre est toxique je lui conseille dans ce cas de ne plus se laver car le savon contient de la soude, produit hautement dangereux a l etat pur... soyons serieux un peu, un peu d huile de coude nest il pas preferable pour desherber a lemploi de produits a leffet sanitaire incertain sur l espece animale ? Je vous laisse mediter la dessus.
Répondre
J
soyons sérieux en effet..<br /> <br /> l'auteur rappelle la toxicité du vinaigre, on peut le faire aussi avec le savon...<br /> <br /> <br /> ce que vous faites est le double standard de jugement. raisonnement circulaire vous posez que le glyphosate est le diable dans un coin de votre cerveau...et DONC le reste est préférable..<br /> <br /> voyons... est ce que marcher n'est pas préférable à utiliser la voiture qui a des effets CERTAINS sur" l’espèce animale"..? <br /> vous méditez trop...
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire et votre conseil.<br /> <br />
M
Bonjour,<br /> J'ai découvert des gants de protection pour manipuler des produits huileux ou chimiques en toute sécurité sur ce site, j'en suis très satisfait !
Répondre
G
Monsieur Seppi<br /> Merci infiniment de nous rappeler que le vinaigre est très bon marché, très peu dangereux (depuis des siècles qu'on l'utilise, s'il l'était ça se saurait), qu'il remplace avantageusement le glyphosate, l'acide pélargonique et tout un tas d'autres produits hautement rémunérateurs pour les fabricants et hautement dangereux pour la santé et l'environnement... <br /> Et puisque votre site se targue de rationalité, vantez aussi les vertus du vinaigre comme nettoyant toutes surfaces ( depuis des lustres, j'ai abandonné l'eau de Javel); soulignez aussi, en association avec le bicarbonage de soude, ses vertus reconnues par les dentiste comme de meilleur dentifrice au monde (c'est la famille Bettencourt qui va être contente)... <br /> Donc: Sus au glyphosate et désherbez vos allées au vinaigre blanc!<br /> Etienne Giraudot
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire que je prends pour un coup de pouce.<br /> <br /> Mais vous avez tort, à mon sens, sur les bénéfices des fabricants : certains s'en mettront plein les poches avec de l'acide pélargonique et du vulgaire vinaigre. Et les distributeurs encore plus.<br />
L
vous avez lu l'article ?<br /> la rationalité est de comparer d(une façon similaire. desherbez au vinaigre blanc si vous voulrez mais de ce que je lis, de ce que je sais, je pretends que la logique me conduit à pouvoir crier comme vous usus au vinaiogre blanc. Jer vous rappelle que les modes de conservations des aliments par l'acidité sont suspectés d'être concerogènes... je vous rapplle que les bénéfices des fabricants de désherbants est sans interet sans l'affaire...