Une étude presque parfaite sur les PM2,5 (enfin, pas tout à fait)
Fred Lipfert, ACSH*
Image par Monika de Pixabay
Une nouvelle étude sur les associations entre la démence et la pollution de l'air a attiré mon attention, car les études sur la pollution de l'air de ce type me poussent vers la démence depuis des décennies. Décortiquons les résultats de cette étude.
Les auteurs, de l'Université du Michigan, ont conclu que leur étude fournissait :
« des preuves supplémentaires en faveur de la réduction des PM2,5 en tant qu'approche basée sur la population pour promouvoir un vieillissement cognitif sain. »
De telles études de cohortes et de populations sur la pollution atmosphérique suscitent l'intérêt du public depuis 50 ans, mais celle-ci est différente et meilleure que la plupart des autres :
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Elle est fondée sur une cohorte définie d'environ 28.000 individus plutôt que sur des populations entières.
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Elle différencie les PM2,5 provenant de diverses sources, ce qui permet de tenir compte des différences de composition chimique des PM.
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Elle inclut des estimations pour d'autres polluants (PM10, NO2, ozone).
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Les expositions sont fondées sur des moyennes sur 10 ans dans des résidences individuelles.
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Elle compare les résultats de différents modèles de régression de complexité croissante.
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Elle fournit des estimations de la démence incidente pour un grand nombre de variables démographiques et de variables potentiellement confondantes.
Voici quelques rapports de risque non ajustés fondés sur la présence de la démence, « oui », ou son absence, « non », sans tenir compte des interrelations.
Les différences les plus marquées sont liées au niveau d'éducation : le risque de démence est environ quatre fois plus élevé pour une personne ayant abandonné ses études secondaires que pour un diplômé de l'enseignement supérieur. Le risque global de démence incidente sur 20 ans était d'environ 17 % (0,8 %/an), ce qui est similaire aux rapports concernant le grand public.
Cette nouvelle étude présente les risques de démence incidente pour dix catégories d'exposition aux PM2,5 et trois modèles statistiques. Les estimations du modèle le plus complet sont présentées dans le tableau ; les risques associés aux sources ponctuelles traditionnelles sont beaucoup plus faibles que ceux des sources distribuées de PM2,5 et sont pratiquement nuls. Cela signifie-t-il que les personnes les plus intelligentes vivent près des centrales électriques ? Le rapport de risque pour le NO2 était de 1,15 et significatif, mais l'effet de l'ozone était négatif (bénéfique) mais non significatif.
Qu'est-ce qui ne va pas dans ce tableau ? Beaucoup de choses !
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D'importants facteurs de risque individuels n'ont pas été mentionnés : le tabagisme, l'alcool, l'exercice physique, l'indice de masse corporelle et le revenu.
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La pollution de l'air intérieur n'a pas été prise en compte.
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Les facteurs temporels n'ont pas été pris en compte ; l'exposition aux incendies de forêt est sporadique et rare dans la plupart des États-Unis.
Plus important encore, les différences entre les propriétés physiques des particules provenant de diverses sources ont été négligées. De nombreuses études sur les particules souffrent de ce défaut. Seules les particules de taille nanométrique peuvent pénétrer dans la circulation sanguine et franchir la barrière hémato-encéphalique, et ces petites particules ne représentent qu'une fraction minuscule de la masse des PM2,5. Les particules agricoles et les autres particules de poussière n'ont aucune chance de pénétrer dans le cerveau. On trouve des nanoparticules dans les gaz d'échappement des véhicules, mais cette étude ne signale aucun effet des particules issues du « trafic routier », malgré les effets significatifs du NO2.
Enfin, les auteurs parlent de « réduire » les particules pour améliorer la santé du cerveau, mais leur analyse repose uniquement sur des distributions spatiales moyennées sur dix ans, sans aucune analyse des avantages liés à la réduction des émissions. Les variations temporelles de l'exposition n'ont pas été prises en compte, pas plus que la latence ou les expositions antérieures à la période d'étude.
La seule conclusion avec laquelle je peux être d'accord est l'omniprésente « il faut poursuivre la recherche ». J'ajouterais qu'un meilleur examen par les pairs est également nécessaire.
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Source : Comparison of Particulate Air Pollution From Different Emission Sources and Incident Dementia in the US (comparaison entre la pollution atmosphérique par les particules provenant de différentes sources d'émission et l'incidence de la démence aux États-Unis), JAMA Internal Medicine, DOI : 10.1001/jamainternmed.2023.3300
Source : An Almost Perfect PM2.5 Study, (Well Not Quite) | American Council on Science and Health (acsh.org)