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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le régime végétalien [végan] est-il la solution ?

17 Juin 2023 Publié dans #Alimentation, #Climat

Le régime végétalien [végan] est-il la solution ?

 

Chuck Dinerstein, ACSH*

 

 

Image : G.C. de Pixabay

 

 

Alors que les régimes à base de plantes gagnent du terrain, la population végétalienne [végane] augmente, en particulier dans les pays à revenu élevé. Le végétalisme, qui consiste à éviter les produits fabriqués par ou à partir d'animaux, est-il un mode de vie sain ? (Divulgâcheur : vous connaissez déjà la réponse. Les végétaliens, comme le reste d'entre nous, ont des modes de vie variés, dont certains ne sont pas aussi bons que d'autres).

 

 

Les données présentées aujourd'hui proviennent d'une enquête en ligne menée auprès de végétaliens sur Facebook pendant deux mois. Le régime végétalien a été évalué à l'aide, comme toujours, d'un questionnaire de fréquence alimentaire. D'autres données démographiques et les motivations du choix d'un régime végétalien ont été recueillies, ainsi que l'activité physique quotidienne des participants et leur participation à des séances de yoga. 516 personnes ont répondu à l'enquête, toutes âgées de 18 ans ou plus. Les végétariens mangeant des œufs ou des produits laitiers (lacto-ovovégétariens) ont été exclus.

 

Les données des questionnaires sur la fréquence alimentaire ont été « regroupées en 18 groupes d'aliments » qui ont été caractérisés de deux manières. Premièrement, une mesure de la « qualité » de l'alimentation traditionnelle modifiée à partir d'un indice d'alimentation végétale. D'autre part, en suivant un modèle « pratique » ou « soucieux de la santé ». Prenons le temps d'analyser ces caractérisations.

 

 

Le régime végétalien

 

Les végétaliens ont leur propre pyramide alimentaire, que je partagerais volontiers mais qui est protégée par des droits d'auteur. [1] Un régime végétalien nécessite une certaine supplémentation nutritionnelle, en particulier en vitamine B12, en vitamine D et en iode – toutes disponibles sous forme de suppléments, d'algues contenant de l'iode ou de sel de mer enrichi – ainsi qu'une activité en plein air pour augmenter l'apport en vitamine D.

 

Bien que les régimes à base de plantes soient associés à une alimentation saine, il existe un problème de santé.

 

« ...les céréales raffinées, les boissons sucrées, les en-cas et les confiseries peuvent être considérés comme "à base de plantes", car ils ou leurs ingrédients sont dérivés de plantes, mais doivent être classés comme des aliments ultra-transformés (AUT) »

 

Ceux d'entre vous qui se nourrissent au buffet des médias nutritionnels savent que le simple fait de prononcer le terme « ultra-transformé » signifie que l'aliment est forcément mauvais pour la santé. Les AUT d'origine végétale se trouvent dans les régimes végétaliens. C'est-à-dire le groupe que les chercheurs ont qualifié de « modèle alimentaire de commodité » – « consommation plus élevée de substituts de poisson et de viande transformés, d'en-cas salés végétaliens, d'aliments transformés, de sauces et de condiments, de gâteaux et de biscuits, de sucreries et de desserts, de repas et d'en-cas de commodité, de jus de fruits/smoothies, et de céréales raffinées ».

 

Le modèle « soucieux de la santé » implique « une plus grande consommation de légumes, de fruits, de substituts de protéines (par exemple, le tofu), de substituts de produits laitiers, de pommes de terre, de céréales complètes, d'huiles et de graisses végétales, ainsi que l'utilisation d'ingrédients frais et la création de recettes personnelles ». Plus conforme à l'image populaire des végétaliens.

 

Une étude portant sur 21.000 personnes, dont des végétariens et des végétaliens, a révélé ce qui suit :

 

« Une plus grande éviction des aliments d'origine animale était associée à une plus grande consommation d'AUT (P < 0,001), les AUT représentant 33,0 %, 32,5 %, 37,0 % et 39,5 % des apports énergétiques pour les mangeurs de viande, les pesco-végétariens, les végétariens et les végétaliens. »

 

Voilà. Les végétaliens ont consommé le plus grand pourcentage d'AUT de tous ces groupes. Avant de poursuivre, une dernière constatation paradoxale : lors de l'évaluation de la qualité nutritionnelle de ces régimes, cette même étude a révélé que le fait d'éviter les aliments d'origine animale était associé à des régimes de plus en plus sains – les végétaliens présentaient les mesures les plus élevées de régimes sains. Comment se fait-il qu'ils mangent le plus d'AUT et qu'ils aient encore le régime le plus sain ? Quelle est exactement la bonne proportion ?

 

Mais je m'éloigne du sujet. Les chercheurs ont voulu identifier les habitudes alimentaires des végétaliens et leur association avec l'activité physique. Voici leurs conclusions :

 

L'âge moyen des participants était de 28 ans, la grande majorité d'entre eux étaient des femmes (85 %) et ils étaient végétaliens depuis 2,8 ans en moyenne. Environ 15 % des participants, sur la base de l'IMC, étaient en surpoids, 6 % étaient en sous-poids et 7 % étaient fumeurs.

 

  • Parmi les végétaliens « soucieux de leur santé », les femmes étaient plus nombreuses. Elles étaient végétaliennes depuis plus longtemps et moins nombreuses à fumer.

  • Parmi les raisons qui les ont poussés à adopter un régime végétalien, l'écrasante majorité a cité le bien-être des animaux (91 %), et 60 % ont cité des aspects liés à la santé, ce qui est cohérent avec l'idée qu'un régime végétalien est plus souvent un choix moral qu'un choix axé sur la santé. Comme on pouvait s'y attendre, parmi les végétaliens « de commodité », le bien-être des animaux était une motivation encore plus importante.

  • Les deux groupes prenaient des compléments alimentaires, mais les personnes soucieuses de leur santé en prenaient « nettement » plus que leurs confrères adeptes de la facilité.

  • Soixante-treize pour cent des participants ont pratiqué chaque semaine 150 minutes ou plus d'activité physique modérée-vigoureuse. Les individus restaient assis environ 6,8 heures par jour, mais dans le groupe des personnes soucieuses de leur santé, le temps passé assis était inférieur d'une heure par jour. Cela dit, tous les végétaliens étaient plus actifs que la population générale. (À titre de comparaison, 44 % de la population générale pratiquait ce niveau d'activité physique).

  • Les végétaliens les plus soucieux de leur santé pratiquaient régulièrement le yoga.

  • Il n'y avait pas de différence significative d'IMC entre les deux groupes de végétaliens. 79 % des végétaliens affichaient un poids moyen, contre 47 % dans la même population générale.

 

 

 

 

« Les résultats ont montré de manière cohérente qu'une alimentation de meilleure qualité est associée à un niveau d'activité physique plus élevé. »

 

Les végétaliens, comme le reste d'entre nous, ne sont pas nécessairement plus ou moins en bonne santé en fonction de leur régime alimentaire. D'autres aspects du mode de vie sont des compagnons de route, en l'occurrence l'activité physique. Mener une vie saine semble être plus qu'un simple régime, c'est un état d'esprit. Mais avant de conclure, démantelons un autre mythe alimentaire, en l'occurrence celui selon lequel un régime végétarien ou végétalien est trop onéreux.

 

Dans cette étude, les végétaliens de commodité « avaient l'impression de dépenser plus d'argent en raison de leur régime végétalien que ceux du groupe soucieux de leur santé ». Alors qu'environ un tiers des participants dînaient dans des restaurants « vegan-friendly », le groupe « de commodité » a davantage dîné à l'extérieur ; après tout, c'est pratique. Ils ont également acheté plus d'AUT.

 

Une étude a associé la demande alimentaire et les prix des produits de base à différents régimes alimentaires dans 150 pays. Les prix des denrées alimentaires étaient plus élevés dans les pays à revenu élevé, mais ce sont les choix alimentaires qui ont eu l'effet le plus important. Dans les pays à revenu faible et moyen inférieur, les cultures de base représentaient la plus grande part des dépenses, suivies par les légumineuses et les fruits à coque, les légumes et les fruits. Il en va de même dans les pays à revenu élevé, mais la viande y occupe la première place.

 

Les chercheurs ont ensuite modélisé le coût de différents régimes alimentaires, qu'ils ont appelés « modèles alimentaires » :

 

« Dans les pays à revenu élevé et à revenu moyen supérieur, tous les modes d'alimentation, à l'exception des régimes pescatariens à forte teneur en légumes, étaient moins coûteux, les régimes végétariens et végétaliens à forte teneur en céréales affichant les réductions de coûts les plus importantes»

 

[souligné par l'auteur].

 

Les déchets alimentaires représentent globalement près de 30 % de nos dépenses alimentaires. La réduction des déchets alimentaires peut entraîner des économies supplémentaires, en particulier pour les végétaliens, davantage pour les végétaliens à base de céréales que pour les végétaliens à base de légumes.

 

Les végétaliens varient dans les raisons qui les poussent à choisir ce régime et dans les autres aspects d'un mode de vie sain qu'ils adoptent, tout comme chacun d'entre nous. Les végétaliens ne constituent pas un groupe monolithique ; ils caractérisent une population en se basant uniquement sur des choix alimentaires. Mais les aliments d'origine végétale ne sont pas nécessairement bons pour la santé, selon les normes établies par la police de l'alimentation.

 

_______________

 

[1] Vous trouverez des images de la pyramide alimentaire végétalienne ici.

 

Source : The Association between Vegan Dietary Patterns and Physical Activity-A Cross-Sectional Online Survey Nutrients DOI : 10.3390/nu15081847

 

Directeur de la médecine. Le Dr Charles Dinerstein, M.D., MBA, FACS, est le directeur médical de l'American Council on Science and Health. Il a plus de 25 ans d'expérience en tant que chirurgien vasculaire.

 

Source : Is a Vegan Diet the Answer? | American Council on Science and Health (acsh.org)

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