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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L'acceptation des inepties à la mode est une menace pour les valeurs des Lumières et la santé publique

2 Novembre 2022 Publié dans #Divers

La science détruit sa crédibilité en embrassant des théories foireuses

 

L'acceptation des inepties à la mode est une menace pour les valeurs des Lumières et la santé publique

 

Cameron English*

 

 

Crédit : Sergey Nivens, Wirestock Creators/Adobe Stock

 

 

À RETENIR

 

  • La communauté scientifique adopte de plus en plus des idéologies et des philosophies sociopolitiques qui sont en contradiction flagrante avec les données scientifiques.

  • L'exemple le plus connu est le débat sur le sexe. D'un point de vue biologique, il s'agit d'un phénomène binaire, mais certains universitaires prônent un « spectre sexuel » qui comprendrait trois, quatre, cinq, six, voire un nombre infini de sexes.

  • L'acceptation de ces absurdités à la mode est une menace pour les valeurs des Lumières et la santé publique.

 

 

Il y a quelques semaines, je souffrais d'un symptôme gênant et je voulais savoir s'il était lié à un problème médical plus grave. Je me suis servi de Google et j'ai fini par tomber sur un article de Medical News Today contenant les informations que je voulais. Mais en commençant à lire l'article, j'ai remarqué une curieuse note de la rédaction :

 

« Le sexe et le genre existent sur des spectres. Cet article utilisera les termes "homme", "femme" ou les deux pour désigner le sexe attribué à la naissance. »

 

Mettons de côté le fait que le sexe est observé à la naissance plutôt qu'attribué. Pourquoi cette étrange qualification ? Medical News Today voulait signaler son engagement envers un récit politico-idéologique particulier. Cependant, pour remplir le mandat du site, qui consiste à fournir un contenu « scientifique, factuel et curieux », l'auteur a dû concéder que cette pathologie avait un impact différent sur les hommes et les femmes. En d'autres termes, l'auteur a nié que le sexe soit une catégorie binaire, puis a diffusé des informations médicales basées sur ces deux catégories. Il y a quelque chose qui cloche.

 

Les humains ne produisent que deux types de gamètes, les spermatozoïdes et les ovules, ce qui signifie que le sexe biologique est nécessairement binaire. Ceux qui défendent la notion de « spectre sexuel » rejettent cette idée, mais ils ne parviennent pas à s'entendre sur l'étendue du spectre sexuel : il pourrait y avoir trois, quatre, cinq, six, voire un nombre infini de sexes – mais certainement pas deux.

 

 

Un état d'esprit non scientifique

 

La tentative de Medical News Today d'harmoniser ces visions manifestement contradictoires du sexe illustre une tendance inquiétante qui a balayé la communauté scientifique ces dernières années. Beaucoup trop d'institutions universitaires et de santé publique prétendent promouvoir un mode de pensée fondé sur la science tout en se pliant à des idéologies sociopolitiques qui nient qu'un tel mode de pensée soit souhaitable – ou même possible.

 

La « Queer Theory » est la discipline universitaire qui a donné naissance à la compréhension de plus en plus populaire du sexe et du genre. Ses adeptes considèrent que toute idée conventionnelle sur la sexualité – par exemple, que « homme » et « femme » sont des catégories fixes ancrées dans la biologie – est oppressive. Il n'est pas surprenant que, comme l'expliquent Helen Pluckrose et James Lindsay dans leur livre Cynical Theories, « la queer theory est dominée par [...] la déconstruction des catégories et un profond scepticisme à l'égard de la science ».

 

Avec ses racines dans le postmodernisme, la Queer Theory rejette l'idée que nous pouvons rassembler des informations objectives et vérifiables sur la réalité. Pire encore, elle traite les scientifiques avec dédain, affirmant que les personnes qui prétendent que la science permet de comprendre le fonctionnement du monde naturel portent des jugements de valeur destinés à maintenir leur pouvoir politique. D'autres théories critiques partagent ce scepticisme radical à l'égard de la science.

 

Au lieu de se défendre, la communauté scientifique – pour ce qui semble ironiquement être un effort de maintien du pouvoir politique – s'est empressée d'adopter ce qui est clairement un état d'esprit non scientifique et anti-Lumières. Cela explique, par exemple, comment les revues biomédicales sont de plus en plus remplies d'absurdités à la mode.

 

Cette tendance est dangereuse car elle donne aux membres du public une excuse parfaite pour ignorer les informations scientifiques et médicales qui leur déplaisent. Pourquoi prendre au sérieux la communauté biomédicale sur un sujet aussi important que les vaccins alors qu'elle n'est même pas capable de décrire ce que sont un homme et une femme ? Et une société qui n'est plus capable de discerner les vérités fondamentales est vouée à des conséquences dévastatrices.

 

 

Conséquences dévastatrices

 

Nous voyons des exemples troublants partout. L'obésité n'est plus un problème médical évitable responsable de millions de décès ; au contraire, les personnes obèses sont des victimes. Aujourd'hui, une armée de « militants gros » affirme que les personnes minces ont créé le concept d'« obésité » pour opprimer les personnes en surpoids. Même des sources d'information sur la santé et le fitness autrefois réputées, comme LiveStrong, ont adopté la rhétorique de l'acceptation des graisses tout en essayant de donner à leurs lecteurs des conseils pour perdre du poids. J'ai écrit précédemment :

 

« LiveStrong se veut un "allié" de ces militants, par exemple en exhortant les prestataires de soins de santé à éviter les "termes stigmatisants tels que 'poids malsain', 'obèse', 'obésité morbide' et 'gros'". Mais LiveStrong veut aussi aider ses lecteurs à "atteindre ou maintenir un poids sain". Les contradictions abondent. »

 

Les exemples d'absurdités à la mode sont apparemment sans fin : les femmes sont des « corps avec un vagin » ; les hommes peuvent tomber enceintes ; le déni de l'évolution est une suprématie blanche ; les mathématiques favorisent le patriarcat ; et les cultures génétiquement modifiées sont un stratagème occidental pour recoloniser le monde en développement.

 

 

Suivez la science (mais seulement parfois)

 

Les revues universitaires, les magazines scientifiques et les scientifiques célèbres ne peuvent pas cautionner ces absurdités, puis verser des larmes de crocodile lorsque les Américains nient les preuves du changement climatique ou les avantages de la vaccination des enfants. Mais c'est précisément ce que nous voyons.

 

Scientific American a récemment averti le public de ne pas « sélectionner » les recherches sur la Covid qu'il accepte. Pourtant, le magazine a également fait valoir que les enquêtes sur les racines biologiques de la transidentité devraient cesser, car ce « modèle bioessentialiste [...] délégitime inévitablement les expériences de nombreux individus transgenres ou non binaires ». Oubliez ce que nous devons ou ne devons pas croire – même la recherche que nous sommes autorisés à faire doit être déterminée par l'idéologie sociopolitique.

 

Nous ne pouvons pas rejeter la pensée scientifique lorsque cela nous arrange politiquement, puis nous retourner et nous plaindre que nos adversaires idéologiques ignorent la science. Les gens remarquent l'hypocrisie, et la science en souffre.

 

______________

 

Cameron English, directeur de Bioscience

 

Cameron English est auteur, éditeur et co-animateur du podcast Science Facts and Fallacies. Avant de rejoindre l'ACSH, il était rédacteur en chef du Genetic Literacy Project.

 

Source : Embracing critical theory, science destroys its credibility - Big Think

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M
Excellent article. A part "les américains qui nient les preuves du réchauffement climatique..."<br /> Mais il faut voir que l'auteur est biologiste et on ne peut pas avoir un avis argumenté et technique sur tous les sujets.
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