Le réchauffement de la planète nous fait changer nos manières de voir

Le réchauffement de la planète nous fait changer nos manières de voir

Busani Bafana*

Image : Tired Man, une sculpture en métal de l'artiste zimbabwéen David Ndlovu. Photo : Busani Bafana

Wonder Muyambo pense que son bien-être mental, social et économique était meilleur avant que plusieurs dangers liés au climat ne l'affectent, lui, sa famille et sa communauté dans l'est du Zimbabwe.

Le district de Chimanimani a été l'une des zones touchées par le cyclone tropical Idai, qui a fait plus de 1.300 morts et détruit des infrastructures et des cultures d'une valeur de plus de 700 millions de dollars au Zimbabwe, au Malawi et au Mozambique.

Muyambo a perdu des proches, sa maison et des animaux domestiques lors de la catastrophe de mars 2019.

« J'ai perdu sept chèvres et 20 poulets, qui étaient la source de revenus et de nourriture de ma famille », se souvient-il. « J'ai été stressé pendant une longue période. J'ai perdu certains de mes proches et j'ai du mal à oublier l'événement. Pourtant, l'impact du changement climatique est permanent. »

Des difficultés telles que la dépression, l'anxiété et le stress ont affecté de nombreux membres de la communauté, explique Muyambo, qui a reçu l'aide de l'Initiative Régionale de Soutien Psychosocial (REPSSI) du Zimbabwe et de l'organisation Towards Sustainable Use of Resources (TSURO) pour faire face aux difficultés de santé mentale et psychosociales.

Aggravation de la santé mentale

Le changement climatique a aggravé l'état déjà mauvais de la santé mentale dans le monde. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, près d'un milliard de personnes vivent avec des problèmes de santé mentale, mais trois personnes sur quatre dans les pays à revenu faible ou intermédiaire n'ont pas accès aux services de soutien nécessaires.

Un nouveau rapport de l'OMS avertit que le changement climatique a des répercussions à long terme sur la santé mentale et le bien-être général. Les pays doivent maintenant inclure le soutien à la santé mentale dans leurs réponses au changement climatique, exhorte l'OMS. L'OMS définit la santé mentale comme un état de bien-être dans lequel chaque individu réalise son potentiel et peut faire face au stress de la vie, travailler de manière productive et contribuer à la vie de sa communauté.

« Il existe de plus en plus de preuves des divers mécanismes par lesquels le changement climatique affecte la santé mentale [...] Les effets systémiques, mondiaux et potentiellement irréversibles de la crise ont donné naissance à des concepts émergents tels que l'anxiété liée au changement climatique, la solastalgie, l'éco-anxiété et le deuil écologique », indique le rapport de l'OMS.

Les effets du changement climatique font de plus en plus partie de la vie quotidienne, mais les personnes et les communautés confrontées aux dangers et aux risques à long terme liés au climat ne bénéficient guère d'un soutien spécifique en matière de santé mentale, explique le Dr Maria Neira, directrice à l'OMS du Département Environnement, Changement Climatique et Santé.

« Les effets du changement climatique sur la santé mentale sont inégalement répartis, certains groupes étant touchés de manière disproportionnée en fonction de facteurs tels que le statut socio-économique, le sexe et l'âge », a déclaré le Dr Neira, notant qu'il est clair que le changement climatique affecte un grand nombre de déterminants sociaux qui entraînent déjà des charges massives pour la santé mentale.

Le rapport de l'OMS, lancé lors de la conférence Stockholm+50 en Suède en juin 2022, prévient que le changement climatique aggrave une situation difficile pour la santé mentale et les services de santé mentale dans le monde.

Les gouvernements doivent intégrer les considérations climatiques aux programmes thérapeutiques pour faire face aux impacts du changement climatique sur la santé mentale, recommande l'OMS. En outre, les gouvernements doivent intégrer le soutien à la santé mentale à l'action climatique et élaborer des approches communautaires pour réduire les vulnérabilités et combler l'important déficit de financement qui existe pour la santé mentale et le soutien psychosocial.

Le problème se complique

L'enquête mondiale sur la santé et le changement climatique menée par l'OMS en 2021 auprès de 95 pays a révélé que seuls neuf pays avaient inclus la santé mentale et le soutien psychosocial dans leurs plans nationaux de santé et de changement climatique. Environ deux tiers des pays interrogés avaient réalisé une évaluation de la vulnérabilité et de l'adaptation au changement climatique et à la santé ou étaient en train de le faire.

L'organisme mondial de santé a noté que les troubles mentaux sont la principale cause d'invalidité et que les personnes souffrant de graves problèmes de santé mentale meurent 20 ans plus tôt que la population générale. Les troubles mentaux coûtent 1.000 milliards de dollars par an et seuls 2 % des budgets de santé publique dans le monde sont consacrés à la santé mentale, a indiqué l'OMS.

« L'impact du changement climatique aggrave la situation déjà extrêmement difficile de la santé mentale et des services de santé mentale dans le monde », a déclaré Mme Dévora Kestel, directrice à l'OMS du Département de la Santé Mentale et de la Toxicomanie.

Les inégalités sociales et économiques, les urgences de santé publique, la guerre et la crise climatique figurent parmi les menaces structurelles mondiales pour la santé mentale, a fait observer l'OMS. Elle a recommandé la mise en place d'un soutien psychosocial et de santé mentale pour faire face à l'urgence.

Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC), dans un rapport publié en février 2022, a également révélé que l'augmentation rapide du changement climatique constitue une menace croissante pour la santé mentale et le bien-être psychosocial.

« Le changement climatique a eu des effets néfastes sur la santé physique des populations à l'échelle mondiale (confiance très élevée) et sur la santé mentale des populations dans les régions évaluées (confiance très élevée) », ont indiqué les scientifiques de haut niveau dans le 6^e rapport d'évaluation sur les incidences, l'adaptation et la vulnérabilité.

« Dans les régions évaluées, certains problèmes de santé mentale sont associés à l'augmentation des températures (confiance élevée), aux traumatismes causés par les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes (confiance très élevée) et à la perte des moyens de subsistance et de la culture (confiance élevée) », avertit le GIEC.

Le Dr Diarmid Campbell-Lendrum, responsable du climat à l'OMS et auteur principal du GIEC, note que les États membres de l'OMS ont donné la priorité à la santé mentale dans tous les efforts déployés pour protéger leurs citoyens des effets du changement climatique. Mais seuls quelques-uns ont mis en œuvre des plans nationaux de santé et de changement climatique, faute de financement.

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* Source : A warming planet is changing our minds - Alliance for Science (cornell.edu)

Comments

[hbsc xris]

Désolée pour ce paysan, les accidents climatiques sont, depuis toujours, particulièrement difficiles pour ceux qui sont aux premières loges.
Rappelons cependant qu'avant la réforme agraire des années 2000 qui a confisqué des milliers de grandes propriétés prospères à des vilains colons blancs qui ont du fuir le pays, pour les redistribuer en confettis à des millions de petits paysans, le Zimbabwe était un très prospère pays agricole. Les confettis distribués permettent à peine de survivre et les vilains blancs étant tous partis, il n'y a plus de travail, l'économie s'est effondrée et le pays autrefois grenier de l'Afrique dépend en grande partie de l'aide alimentaire mondiale. Le Zimbabwe se redresse un peu ces dernières années grâce aux investissements chinois.

Quand à l'impact du changement climatique sur la santé mentale des gens, regardons du côté des articles des journaux, catastrophistes et mensongers jusqu'à la nausée.
Le Figaro annonçait il y a quelques jours que l'Europe vivait sa pire sécheresse depuis 500 ans, en faisant référence à un rapport, d'ailleurs très bien fait, où la plus ancienne référence est 1950 !!! Dans l'article, la question des cours d'eau à sec est particulièrement mise en exergue. Bien évidemment la sécheresse y est pour quelque chose, mais quand depuis 20 ans au nom de cette bouffonnerie qu'est "la continuité écologique des cours d'eau" (restaurer des rivières "naturelles"), on détruit dans toute l'Europe digues et barrages régulateurs, faut-il s'étonner ?