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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les poursuites judiciaires des activistes empêchent l'EPA d'équilibrer les évaluations des risques écologiques

26 Août 2022 Publié dans #Pesticides, #Etats-Unis d'Amérique

Les poursuites judiciaires des activistes empêchent l'EPA d'équilibrer les évaluations des risques écologiques

 

Amanda Zaluckyj, AGDAILY*

 

 

Des produits de protection des cultures sont pulvérisés sur un vignoble. (Image : Unwind, Shutterstock)

 

 

Ma note : On peut craindre qu'une situation similaire ne se développe en Europe, pour les homologations de matières actives, et en France, pour les homologations de produits formulés.

 

 

Les matchs de boxe qu'on peut visionner contre paiement, je n'ai jamais vraiment compris l'attrait de ces choses. Je me souviens avoir assisté à une convention de blogueurs à Washington, D.C., le même jour que l'un de ces événements très médiatisés. Pendant la journée, les autres participants discutaient de la création de contenu, du dépannage des sites web et des meilleures pratiques. Mais le soir, ils se faufilaient dans le bar de l'hôtel pour regarder deux types se taper dessus.

 

Je suis peut-être influencée par mon travail de jour, mais je trouve les mises au tapis légales beaucoup plus intéressantes. Et en ce moment, la loi sur les espèces menacées d'extinction et la loi fédérale sur les insecticides, les fongicides et les rodenticides (FIFRA) s'affrontent dans une guerre totale.

 

Si vous vous y connaissez en réglementation des pesticides, vous connaissez déjà la FIFRA. C'est le principal moyen par lequel l'Agence Américaine de Protection de l'Environnement examine, réglemente et enregistre les pesticides. L'EPA examine en détail les meilleures données scientifiques disponibles pour évaluer l'approbation de l'ingrédient actif par rapport aux avantages du produit. Elle prend également en compte l'impact du pesticide sur les humains, les animaux et l'environnement. Si le produit chimique est finalement homologué, il est vendu avec une étiquette soigneusement rédigée par l'EPA, qui indique aux utilisateurs comment l'utiliser de manière sûre et efficace.

 

 

 

 

L'approche réglementaire de la FIFRA a bien servi notre pays depuis 1947. Nous disposons d'un approvisionnement alimentaire abondant, nutritif et sûr. Et les applicateurs savent comment utiliser les pesticides de manière à minimiser les risques pour les humains, les animaux et l'environnement.

 

Et puis il y a la loi sur les espèces menacées (ESA). Comme son nom l'indique, elle charge chaque agence fédérale, y compris l'EPA, d'évaluer leurs actions et de s'assurer qu'elles ne risquent pas de mettre en danger ou de menacer les espèces ou leurs habitats. Les agences sont tenues de consulter le National Marine Fisheries Service (NMFS) et le Fish and Wildlife Service (FWS).

 

L'EPA est donc censée effectuer des évaluations dites biologiques pour chaque pesticide enregistré au titre de la FIFRA. En pratique, l'EPA devrait évaluer comment chacun des 16.000 pesticides enregistrés affecte les 1.672 espèces désignées comme étant en danger. En réalité, l'EPA a le plus souvent ignoré ce mandat. Pourquoi ? Parce que les évaluations de la FIFRA sont tellement complètes – et incluent une réflexion sur les applications dans le monde réel – que ce n'est pas nécessaire. En d'autres termes, si un pesticide ne sera pas appliqué là où vit un poisson protégé, il n'est pas nécessaire de l'étudier.

 

Mais certaines organisations activistes radicales ont utilisé l'ESA comme arme contre les enregistrements FIFRA de l'EPA. Cela se passe comme suit. Des activistes intentent un procès à l'EPA, lui reprochant de ne pas avoir effectué d'évaluation biologique pour un pesticide enregistré. L'EPA concède, parce que techniquement, elle ne l'a pas fait. Les activistes et l'EPA concluent un accord (ou le tribunal l'ordonne), l'EPA acceptant de respecter les exigences de l'ESA.

 

 

 

 

Divulgâcheur majeur : les pesticides ont généralement un impact négatif sur ces espèces. Après tout, c'est la raison pour laquelle les agriculteurs essaient de les utiliser – ils fonctionnent réellement ! Le problème est qu'il manque à l'ESA un élément essentiel de l'évaluation de la FIFRA : la mise en balance des risques et des avantages. Bien sûr, un pesticide peut nuire à un crapaud à cornes à 80 km de la côte californienne. Mais si personne ne le pulvérise sur cette île, quelle importance cela a-t-il ? Les avantages l'emportent clairement sur tout coût théorique. (Et avant que quelqu'un ne me critique, je ne dis en aucun cas que les agriculteurs veulent pulvériser leurs produits sur les espèces en voie de disparition.)

 

Malheureusement, les poursuites judiciaires ont forcé l'EPA à produire rapidement une évaluation biologique chaque fois qu'elle est poursuivie. Parfois, cela signifie sacrifier la précision et les données spécifiques. On l'a bien vu lorsque l'agence a évalué le glyphosate et l'atrazine. Sur la base de données anciennes et de modèles imprécis, l'EPA a conclu que ces deux herbicides étaient susceptibles d'avoir des effets négatifs sur presque toutes les espèces et tous les habitats essentiels de la zone continentale des États-Unis.

 

Les groupes de défense de l'environnement ont alors profité de ces gros titres pour solliciter des dons.

 

Plus récemment cependant, l'EPA a trouvé un moyen d'équilibrer la FIFRA et l'ESA lors de l'évaluation de l'enregistrement des herbicides Enlist Duo et Enlist One. Après avoir effectué l'évaluation biologique, l'EPA a révisé l'étiquette des produits pour y inclure de nouvelles exigences et restrictions. Celles-ci comprenaient des limitations quant au moment où les herbicides pouvaient être appliqués et une formation supplémentaire pour les applicateurs. Et lorsqu'il est apparu que la décision ne fonctionnait pas dans le monde réel, l'EPA a revu l'enregistrement et l'a modifié en conséquence.

 

La vérité est que ces évaluations biologiques ne sont pas près de disparaître. Dès que l'EPA règle un procès, un autre surgit. Nous pouvons nous attendre à ce que cela continue.

 

Malgré la pression, il est absolument impératif que l'EPA dispose du temps et des ressources nécessaires pour tirer des conclusions scientifiquement fondées. Car tous ces enregistrements portent sur d'importants outils de protection des cultures, sans lesquels les agriculteurs verront leurs rendements baisser et, par conséquent, notre approvisionnement alimentaire diminuer.

 

Donc, au lieu d'un match de boxe entre la FIFRA et l'ESA, l'EPA doit chorégraphier un ballet gracieux pour harmoniser les deux.

 

_____________

 

Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de l'industrie agroalimentaire américaine.

 

Source : Activist suits hinder EPA's ability to balance ecological risk assessments (agdaily.com)

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