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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Instructionnez-vous... voici l'« agrologie », une nouvelle science pas si nouvelle

14 Décembre 2021 Publié dans #Divers

Instructionnez-vous... voici l'« agrologie », une nouvelle science pas si nouvelle

 

Glané sur la toile 900

 

 

Dans les temps anciens, il y avait l'astrologie, avec un « l ».

 

Mais elle a perduré jusqu'à nos jours... Il n'y a pas que les colporteurs d'horoscopes. Mme Germaine (dite Élizabeth) Teissier a même pu produire une thèse de doctorat en sociologie soutenue en avril 2001, « Situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociétés postmodernes ».

 

L'astronomie, avec un « n », a pris le pas pour l'acquisition de connaissances sur l'Univers. Elle continue son bonhomme de chemin, sans interférences des charlataneries.

 

Dans les temps anciens, il y avait l'agronomie, avec un « ».

 

Elle perdure, on est tenté d'écrire : grâce à des sortes de Mohicans. Certes, il y eut aussi des dérapages vers l'ésotérisme au siècle dernier, le plus remarquable étant sans doute celui de Rudolf Steiner et d'une biodynamie qui trouve, elle aussi, des règles de conduite dans les étoiles et les planètes.

 

Une autre discipline est née plus récemment, peut-être à l'insu du plein gré de certains au moins de ses pratiquants.

 

M.Philippe Stoop nous propose trois éléments dans « PAC 2021-2027 : Saluons l’avènement de l’agrologie ! », publié sur European Scientist : un mot pour qualifier cette nouvelle science : l'agrologie, avec un « » ; un exposé de son fonctionnement ; un aperçu de son effet prévisible au niveau d'une Union Européenne conquise par cette nouvelle « science ».

 

C'est un exposé magistral sur le mode ironique, voire à certains moments burlesque, et surtout désabusé.

 

Voici un extrait de la partie « Vision et méthodologie générale » :

 

« Les agronomes considèrent que certains domaines de leur activité relèvent encore des sciences exactes (par exemple l’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture), et d’autres ressortent des sciences humaines et politiques (comme le choix des mesures à prendre suite à cette évaluation des impacts). Les agrologues ont montré que toute question doit être traitée en intégrant l’apport des sciences humaines (sociologie, anthropologie,… à l’exception notable de l’économie), ainsi que l’avis de toutes les Parties Prenantes (ce qui, pour l’agriculture, inclut toute personne à qui il arrive de s’alimenter). La supériorité évidente de cette méthode est son caractère beaucoup plus démocratique, sans compter le fait qu’elle met automatiquement en minorité ces retardataires d’agronomes. »

 

Dans la partie « Méthodologies statistiques » :

 

« Les agronomes considèrent qu’une corrélation ne démontre pas une causalité ; d’après eux, une corrélation suggérant une relation de causalité devrait être vérifiée par une expérience sur le facteur supposé causal, pour confirmer (ou pas) ce lien de causalité. Pour les agrologues, cette approche prouve un attachement maladif au réductionnisme, alors qu’une corrélation suffit largement à prouver une causalité, du moment que l’on a bien ajusté les facteurs de confusion.[7] Exemple : une corrélation positive au champ entre une forte présence d’abeilles et un rendement élevé chez le colza montre que les butineurs font gagner 35 % de rendement, même si les expériences réductionnistes montrent que des colzas sous grillage, inaccessibles aux abeilles, n’ont que des pertes de rendement minimes[8].

 

Pour la partie « Relations avec la société civile et la politique », on a aussi l'embarras du choix. Voici le premier et le dernier points :

 

« Les agronomes conseillent les agriculteurs ; les agrologues conseillent Nicolas Hulot et le personnel politique éclairé.

 

[...]

 

Le point de vue des agronomes recoupe souvent celui des agriculteurs et des acteurs de l’agrofourniture : cela prouve leur collusion avec le lobby agro-industriel. Celui des agrologues est toujours en phase avec les intérêts du secteur de l’agriculture bio : cela démontre leur indépendance d’esprit, et la force de leur engagement anti-capitaliste. »

 

Comment mieux décrire l'ampleur du problème auquel nous sommes confrontés ? Peut-être par la comparaison que fait M. Philippe Stoop entre la stratégie « de la ferme à la table » (« farm to fork ») et le désastre de la politique agricole inspirée par Trofim Lyssenko dans feu l'Union Soviétique du Petit Père des Peuples.

 

Mais terminons sur une note un peu plus optimiste :

 

« Ces évènements récents confirment que, si l’époque est enfin favorable à l’agrologie, les vents contraires se lèvent très vite en cas de problèmes, et que les gouvernements qui choisissent cette voie doivent être plus persévérants que le gouvernement sri-lankais, pour ne pas discréditer cette jeune science dès le premier obstacle. De ce point de vue, nous pouvons être optimistes : l’Union Européenne a montré à de nombreuses reprises sa capacité à résister à la dictature des faits, et à ne pas renoncer dès les premières difficultés à faire prévaloir ses théories avant-gardistes. »

 

Pas « dès les premières difficultés » ? Dès les secondes peut-être. Enfin, espérons-le.

 

 

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J
wow... imaginez qu'on repense l'approche à la médecin de la même façon... comment voulez vous avoir une conversation avec des gens pareils..
Répondre