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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

À la découverte d'un blog : « Agricolincredule »

3 Décembre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

À la découverte d'un blog : « Agricolincredule »

 

 

(Source)

 

 

Un commentaire sur mon blog, avec l'adresse d'un blog... une visite qui a pris du temps parce que c'est captivant, et tout à fait à mon goût...

 

« Agricolincredule » est le blog de M. Colin Hélie-Harvey. Il vous apportera des perspective de l'agriculture très proches des miennes, mais en provenance du Québec.

 

Voici comment il se présente :

 

« À part accompagner mon père vétérinaire sur les fermes laitières autour de Saint-Hyacinthe ou entretenir de petits potagers, j’ai grandi sans grand contact avec le monde agricole. Bien que l’agronomie m’ait toujours intéressé, j’ai plutôt opté pour des études en cinéma au cégep1 et l’urbanisme (1 an) à l’université de Concordia.

 

Il y a environ 5 ans, j’ai décidé d’aller chercher une formation en agriculture. J’étais alors un fervent défenseur de l’agriculture biologique et j’aurais aimé suivre ce programme au cégep de Victoriaville, mais j’habitais à Montréal et l’Institut de Technologie Agroalimentaire (ITA) de Saint-Hyacinthe m’est finalement apparu comme un choix plus raisonnable. Plus raisonnable, mais moins enivrant et c’est donc un peu à contrecœur que je me suis inscrit à cette école d’agriculture "industrielle". Surprise ! On y dispensait un enseignement de qualité, on encourageait l’esprit critique et les enseignants tenaient des propos nuancés. Après une année intensive de cours à l’ITA, j’ai complété le certificat à distance de l’Université Laval en horticulture et en gestion d’espaces verts tout en suivant plusieurs autres cours d’agronomie hors cursus.

 

J’ai ensuite travaillé à Montréal en agriculture urbaine et c’est dans ce milieu que j’ai commencé à me rendre compte qu’on véhiculait certains mythes ou de mauvaises informations agronomiques. Par la suite, j’ai suivi un stage intensif en permaculture à Istanbul. Si certains concepts me sont apparus intéressants, deux choses m’ont pourtant agacé : le manque de connaissances agronomiques du formateur, dont l’enseignement reposait souvent sur des demi-vérités ou des faussetés, et les raccourcis grossiers qu’il employait pour diaboliser l’agriculture industrielle. J’ai aussi été frappé par une constatation : je n’ai rien appris que je n’avais déjà vu à l’ITA de Saint-Hyacinthe, épicentre de l’agriculture industrielle !

 

Puis, l’agriculture a cédé la place à la construction et l’ébénisterie dans ma vie, mais les dossiers chauds qui font la une depuis quelques mois dans le domaine agricole (glyphosate, néonicotinoïdes, etc.) me poussent à m’intéresser de nouveau à ce sujet. Comme mes lettres, textes d’opinion et articles ont un taux de publication disons modeste, je me suis dit qu’il valait mieux utiliser la formule du blog pour faire circuler certaines idées qui n’ont pas bonne presse ces temps-ci et qui méritent pourtant qu’on s’y attarde, à l’abri du manichéisme des médias traditionnels. »

 

Sa dernière livraison est « Jean-Martin Fortier au festival des "Oui mais…" ».

 

Jean-Martin Fortier ? Un gourou de l'« agriculture biologique » (en réalité le maraîchage) sur micro-ferme.

 

« Au fait, quel est son message? Je laisse JMF vous l’expliquer dans ses mots : "Ma mission, je la résume simplement […] il faut remplacer l’agriculture industrielle chimique, y’a pas d’autre façon de la nommer. Celle qui pollue nos campagnes pis qui nourrit à mon avis très mal les gens. Pis remplacer ça par quelque chose de beau. Remplacer par une agriculture paysanne, une agriculture vivrière. » (Jean-Martin Fortier, Question d’intérêt, Gérard Filion. 15 avril 2020). »

 

M. Colin Hélie-Harvey explique :

 

« D’abord les chiffres : Le Québec possède 3,3 millions d’hectares de terre agricole. Sans les terres boisées ou humides et les 400 000 hectares de pâturage et de jachère, il nous reste 1,9 million d’hectares (M ha) de terres cultivées. De ces 1.9 M ha, 5 % sont consacrés à la culture maraîchère, un terme qui, curieusement, englobe aussi les arbres de Noël, les pépinières et la culture de gazon. De ce 95 000 hectares (5 % de 1.9 M ha), 37 300 servent à la culture des légumes. De cette superficie, environ 1000 hectares sont en production biologique. Ces fermes bio sont évidemment bien différentes en terme de tailles, de types de légumes et de marchés. De ces 1000 hectares combien sont en culture sous un modèle qui ressemble à celui "conçu" par JMF?2 Difficile à dire, mais soyons généreux et imaginons que ce sont 50 % de ces champs. On se retrouve donc avec 500 hectares de ferme Fortienne. 500 hectares !!! Sur 1,9 millions d’hectares en culture, ça représente quoi ? C’est exact, 0.026 % du paysage agricole. Pourquoi à chaque fois qu’on nous parle d’agriculture dans nos médias faut-il inviter la mascotte qui ne représente que 0.026%3 de ce qu’est l’agriculture québécoise? »

 

On peut poser le même genre de question en France.

 

____________

 

1: [Ma note] Collège d’enseignement général et professionnel, un établissement d’enseignement public où est dispensé le premier niveau de l’enseignement supérieur.

 

2: Ma définition du modèle Fortien: ferme qui cultive biologique sur une petite superficie des légumes à grande valeur monétaire comme le mesclun, le radis, le kale et les tomates. Une bonne partie du chiffre d’affaires provient des ventes aux restaurants (plus ou moins 50%). Le reste du chiffre d’affaires vient des paniers livrés en ville et en kiosque au marché fermier(style Marché Jean-Talon). Ils doivent généralement compléter leur offre par des produits achetés à d’autres producteurs plus spécialisés.

 

3. Si quelqu’un est capable de me donner des chiffres plus précis, je suis preneur. Est-ce que je sous-estime ou surestime la quantité d’hectares de ces fermes? Peut-être. C’est peut-être 0.020 ou 0.1 ou alors même 1% selon la définition que l’on se fait du modèle fortien. Cela dit, que je me trompe dans des ordre de grandeur de 10x, les arguments que j’avance restent valables.

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