Selon un rapport, des innovations en matière d'amélioration des plantes sont nécessaires pour faire face aux changements climatiques

Selon un rapport, des innovations en matière d'amélioration des plantes sont nécessaires pour faire face aux changements climatiques

Abubakar Ibrahim*

Un nouveau rapport indique que le monde a besoin d'innovations en matière d'amélioration des plantes pour relever efficacement les défis liés aux changements climatiques et à la croissance démographique.

Selon l'étude publiée dans le numéro d'août 2019 de la revue Transgenic Research, des systèmes agricoles plus économes en ressources sont nécessaires pour nourrir le monde à mesure que la population augmente ; et les innovations en matière d'amélioration des plantes peuvent améliorer l'efficacité de la production agricole.

Les variétés améliorées développées grâce à de nouvelles techniques de sélection ont une meilleure capacité à résister aux parasites et aux maladies, tout en utilisant moins de ressources, note le rapport. Elles offrent également des rendements stables dans un climat instable et peuvent améliorer la productivité grâce à une utilisation efficace de l'eau, des terres et des éléments nutritifs.

L'article, rédigé par Petra Jorasch de la Fédération Internationale des Semences, exprime sa préoccupation devant le fait que les changements climatiques réduisent les ressources disponibles pour nourrir le monde à un moment où la population augmente régulièrement.

Il prédit que les changements climatiques entraîneront une augmentation de la température mondiale moyenne de 14,7 degrés Celsius à 16 degrés C entre 2016 et 2050, le pourcentage de la production agricole mondiale perdue à cause des attaques de ravageurs atteignant 20 à 25 %. Le rapport prévoit aussi que la demande en eau passera de 3.500 kilomètres cubes (km³) à 5.500 km³ et que la population passera de 7,3 milliards à 9,8 milliards.

Mais les plus récentes techniques d'amélioration des plantes peuvent aider à atteindre une production agricole et une sécurité alimentaire durables à l'aune de ces défis – si on leur en donne la chance, indique l'article.

Il relève certaines des contributions déjà apportées par ces outils d'amélioration des plantes à la production agricole, notamment la prolongation de la durée de conservation et le non-brunissement des pommes de terre et des champignons ; l'amélioration de la qualité de l'amidon dans le riz, le maïs et la pomme de terre ; l'augmentation du rendement en biomasse dans le maïs sous stress de sécheresse ; l'amélioration de la tolérance à la sécheresse du soja et l'introduction d'une résistance à des virus et des champignons dans plusieurs légumes, ainsi que le blé et la pomme de terre.

« Avec les nouvelles technologies de séquençage du génome et d'élucidation des fonctions des gènes, il a été possible d'introduire des méthodes de sélection SMART [Selection with Markers and Advanced Reproductive Technologies – sélection avec des marqueurs et des technologies de reproduction avancées] qui améliorent le processus de sélection », écrit Jorasch, également responsable de la promotion de l'amélioration des plantes et de l'innovation à l'Association Européenne des Semences [European Seed Association].

« Les nouveaux outils de sélection, tels que la mutagenèse grâce à des oligonucléotides ou CRISPR-Cas, sont plus utiles que les techniques précédentes, car ils permettent aux sélectionneurs de faire leur travail de manière encore plus précise et efficace. En particulier, les nouveaux outils d'édition du génome, tels que Crispr-Cas, fournissent des mécanismes permettant non seulement d'augmenter de manière aléatoire la variation génétique comme cela a été fait par mutagenèse à l'aide de radiations ou de substances chimique, mais également d'introduire avec précision des mutations dans des gènes de fonction connue afin d'altérer ou d'améliorer leur fonction. »

Le rapport note que les dernières méthodes de sélection offrent des opportunités pour relever les défis mondiaux ainsi que les besoins locaux, mais elles doivent être intégrées dans les programmes de sélection préexistants. « Tous ces outils de sélection de précision moléculaire peuvent aider à améliorer des traits spécifiques, mais ils doivent être intégrés aux cycles de sélection. L'amélioration des plantes adopte toujours une approche holistique en examinant toutes les caractéristiques agronomiques pertinentes. »

Apporter les innovations en matière d'amélioration des plantes en Afrique

En Afrique, environ 27 % de la population – une personne sur quatre – souffrent de la faim. L'Afrique a également la plus grande population affectée par la malnutrition, qui aurait touché en 2016 environ 20 % de la population.

Cependant, il est à craindre que les innovations en matière d'amélioration des plantes susceptibles de faire la différence en Afrique ne parviennent pas aux agriculteurs de ces pays. Seuls deux pays du continent, l’Afrique du Sud et le Sud-Soudan, cultivent actuellement des plantes génétiquement modifiées et aucune plante modifiée par édition de gènes n’a encore été proposée pour la commercialisation. Cependant, des essais de cultures GM sont en cours dans environ 12 pays, ce qui pourrait permettre leur introduction. Le Ghana devrait bientôt commercialiser des plantes génétiquement modifiées, tandis que le Nigeria a déjà approuvé la culture du cotonnier Bt et du niébé Bt résistants à des insectes, sa première culture vivrière GM.

Mme Rose Gidado, directrice adjointe de l'Agence Nationale de Développement de la Biotechnologie au Nigeria, a déclaré qu'il restait beaucoup à faire pour que de telles technologies soient fournies aux agriculteurs du continent, car elles peuvent améliorer considérablement la productivité.

« La commercialisation d'OGM au Nigéria améliorera la productivité agricole et contribuera à la croissance du PIB, ce qui aura un impact positif sur l'économie », a-t-elle déclaré. « La mise au point de cultures résistantes à des insectes et des parasites, efficaces pour l'utilisation de l'azote et tolérantes à des herbicides réduira les coûts de production. Une réduction des coûts de production entraînera des profits plus élevés pour les agriculteurs et une stabilisation des prix des denrées alimentaires. »

La culture des OGM aidera les agriculteurs à bénéficier d’un rendement accru et d’une meilleure protection des cultures contre les insectes et les maladies des plantes, tout en contribuant à une meilleure tolérance à la chaleur, à la sécheresse et à d’autres facteurs de stress environnementaux, a déclaré Gidado. Les OGM peuvent également aider à conserver l'énergie du sol, réduire les gaz à effet de serre, minimiser l'utilisation de pesticides toxiques et protéger la fertilité du sol et les ressources naturelles.

« Les transformateurs bénéficieront également d’une amélioration de la qualité et du contenu des aliments pour animaux, des aliments pour les humains et des sources d’énergie », ajoute-t-elle. « Les consommateurs bénéficieront d’avantages tels que des teneurs en protéines accrues, des huiles plus saines et des avantages environnementaux qui contribueront à réduire l’impact de l’agriculture sur les terres. »

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* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2019/09/plant-breeding-innovations-required-weather-climate-change-report-says/