Le Nigeria commercialise le cotonnier Bt, son premier OGM

Le Nigeria commercialise le cotonnier Bt, son premier OGM

Nkechi Isaac*

Le Nigeria a commercialisé sa première plante génétiquement modifiée, en approuvant le cotonnier Bt résistant à des parasites comme moyen de revitaliser son industrie textile comateuse et de stimuler le développement économique.

Le cotonnier GM va révolutionner les secteurs agricoles et textiles du pays et pourrait conduire à l'adoption future de la technologie des OGM dans le pays, a déclaré le chef Oladosun Awoyemi, président du Comité National sur la Dénomination, l'Enregistrement et la Dissémination des Produits Végétaux. à Ibadan.

Avec une population de plus de 190 millions de personnes, le Nigeria est connu comme le géant de l'Afrique et de nombreux pays africains se tournent vers lui pour qu'il montre la voie. Les experts ont postulé que le succès du Nigeria en matière de biotechnologie agricole pourrait ouvrir l'ensemble du continent africain à l'adoption de la technologie.

Les deux variétés de cotonnier cultivées au Nigeria – MRC 7377 BG 11 et MRC 7361 BG 11 – ont été développées par Mahyco Nigeria Private Ltd. en collaboration avec l'Institut pour la Recherche Agricole (IAR) de l'Université Ahmadu Bello de Zaria. Le cotonnier a été génétiquement modifié pour inclure un gène de Bacillus thuringiensis – une bactérie du sol largement utilisée pour lutter contre les insectes nuisibles dans l'agriculture biologique – pour fournir une résistance aux ravageurs dans la plante elle-même.

Le nouveau cotonnier Bt du Nigeria peut produire de 4,1 à 4,4 tonnes par hectare, contre les 600 à 900 kilogrammes par hectare des variétés locales, a déclaré le prof. Alex Akpa, directeur général par intérim de l'Agence Nationale de Développement de la Biotechnologie (NABDA) au cours d'une conférence de presse à Abuja. Et puisque le cotonnier Bt peut résister aux ravages du vers de la capsule et tolérer les insectes suceurs, il aidera les agriculteurs à réduire leur utilisation de pesticides, minimisant ainsi les impacts environnementaux et réduisant les coûts de production.

Akpa a déclaré que les nouvelles variétés peuvent être cultivées dans toutes les zones de culture du cotonnier du Nigeria. En plus des caractères de résistance à des parasites, ils offrent une maturité précoce, une longueur de fibre de 30,0 à 30,5 millimètres et une résistance des fibres de 26,5 à 27,0 g/tex (ténacité) et un micronaire (résistance) de 3,9 à 4,1. Les nouvelles variétés – a-t-il dit – épargneront aux agriculteurs les difficultés issues de la variété traditionnelle locale, qui n'est plus acceptée sur le marché international.

L'industrie textile du Nigeria

Dans les années 1970, l'industrie textile était le deuxième plus grand employeur du Nigeria. À son apogée, entre 1970 et 1990, elle comprenait environ 130 usines modernes et faisait vivre de nombreuses autres entreprises auxiliaires, fournissant environ 350.000 emplois directs et 1,2 million d'emplois indirects parmi les agriculteurs, fournisseurs, transporteurs, négociants et exportateurs, selon l'Association Nigériane de l'Industrie Textile. Environ 60 % des matières premières étaient de sources locales, soutenant ainsi l'agriculture, et 25 à 30 % de sa production était exportée, selon le rapport annuel 1995 de la Banque Centrale du Nigeria.

Aujourd'hui, cependant, il reste seulement 33 usines et l'industrie locale du coton est comateuse, principalement en raison des faibles rendements et des coûts de production élevés associés aux dommages causés par les insectes. Les ravageurs suceurs comme les pucerons, les jassidés et les thrips affaiblissent les plantes en suçant la sève des jeunes pousses. Les vers de la capsule, qui appartiennent à l'ordre des insectes lépidoptères, attaquent les plants de cotonnier à différents stades, bien que les activités d'alimentation et de reproduction s'intensifient à mesure que la culture avance. Ces ravageurs peuvent réduire les rendements jusqu'à 60 pour cent. Les cultures Bt, en revanche, produisent des protéines Cry qui sont naturellement toxiques pour de nombreuses espèces d'insectes nuisibles.

Mettre les semences entre les mains des agriculteurs

Maintenant que le gouvernement fédéral a approuvé la libération commerciale du cotonnier Bt, Akpa a déclaré que Mahyco Nigeria, en collaboration avec l'IRA, pilotera le processus visant à s'assurer que les semences sont rapidement mises à la disposition des agriculteurs.

« L'entreprise travaillera avec plus de 1.000 agriculteurs pour produire localement ce cotonnier à haut rendement pour l'ensemble du pays », a-t-il déclaré. « Elle a la capacité de le faire et ils nous ont assuré qu'ils peuvent le faire. Et avec notre soutien, et le soutien de tous les chercheurs et scientifiques impliqués dans ce projet, nous ne doutons pas que dans les prochaines semaines, voire des mois au plus, il sera largement disponible pour tous nos agriculteurs. Mais au départ, l'entreprise commence avec 1.000 agriculteurs enregistrés dans les six zones géopolitiques de la Nation ; ils produiront en masse ce cotonnier et s'assureront que les agriculteurs ont un accès adéquat au produit. »

Les agriculteurs sont ravis

Alhaji Salmanu Abdullahi, directeur général de la Cotton Ginning Company Ltd., a déclaré à l'Alliance pour la Science que l'approbation des nouvelles variétés est « un rêve devenu réalité pour les producteurs de coton ». Le producteur de coton ravi a déclaré que la libération officielle du cotonnier ne pourra que modifier le paysage textile du pays, notant que l'adoption du cotonnier Bt sera le réanimateur de l'industrie textile en difficulté de la Nation.

De même, Anibe Achimugu, président de l'Association Nationale du Coton du Nigeria (NACOTAN), a déclaré que les variétés de cotonnier Bt avaient le potentiel d'améliorer la qualité et le rendement, deux facteurs principaux qui maintiendront l'intérêt des agriculteurs pour la culture du cotonnier.

« Nous nous attendons à ce qu'ils gagnent plus d'argent car leurs rendements passeront de 500/600 kg (par hectare) en moyenne à un minimum de deux tonnes. D'après ce que nous entendons, s'ils suivent correctement les processus agronomiques, ils devraient pouvoir atteindre quatre tonnes, et nous espérons qu'il y aura plus de coton et que l'industrie textile aura désormais assez de coton », a-t-il ajouté.

Anibe a décrit ce développement comme la lumière au bout du tunnel pour les producteurs de coton nigérians et a remercié les agences gouvernementales qui ont mené les travaux pour obtenir l'approbation des variétés.

L'avenir de la biotechnologie au Nigeria

En réalisant l'exploit de développer le cotonnier Bt, le Nigeria a montré qu'il n'est pas isolé des autres pays du monde en ce qui concerne l'innovation technologique pour faire avancer son développement, a déclaré Rose Maxwell Gidado, coordinatrice nationale du Chapitre nigérian du Forum Ouvert sur la Biotechnologie Agricole (OFAB).

D'autres plantes GM actuellement à divers stades de développement seront également diffusées après avoir suivi les processus réglementaires requis. « Le niébé a atteint un stade avancé et sera bientôt disponible pour les agriculteurs », a-t-elle déclaré. « Il a accompli toutes les étapes des essais de sécurité. Nous avons juste une procédure de plus avant qu'il ne soit entièrement prêt à être libéré. La NBMA doit donner son approbation pour sa commercialisation, comme elle l'a fait pour le cotonnier, et ensuite le Comité d'Autorisation des Variétés sera saisi. Nous espérons que toutes les procédures prévues seront terminées avant la fin de l'année. Nous devons nous conformer aux lignes directrices, aux règlements et aux protocoles existants pour pouvoir les transmettre aux agriculteurs. »

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* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2018/07/nigeria-commercializes-bt-cotton-first-gmo-crop/