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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Un agriculteur kényan plaide pour la commercialisation du maïs GM

8 Juillet 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Afrique, #OGM

Un agriculteur kényan plaide pour la commercialisation du maïs GM

 

Gilbert Arap Bor*

 

 

Chenille de légionnaire d'automne

 

 

Cette année, j'ai vu la dévastation du présent – et j'ai également été témoin d'un espoir pour l'avenir.

 

Malheureusement, il s'agit d'une période électorale, et tout le monde semble s'occuper davantage de savoir qui sera élu à quel poste le 8 août.

 

(Source)

 

Le Kenya est confronté à un choix important pour ses agriculteurs et sa sécurité alimentaire : notre gouvernement veut-il continuer à lutter contre les conséquences de la sécheresse et des ravageurs, ou veut-il embrasser la science qui peut améliorer notre situation et nourrir notre peuple ?

 

En mars, sur ma petite ferme près d'Eldoret dans l'ouest du Kenya, j'ai semé six hectares de maïs pour l'alimentation du bétail. En raison d'une sécheresse prolongée, le maïs n'a pas réussi à germer et à se développer. Donc, en avril, j'ai dû ressemer, au prix d'un coût supplémentaire pour le deuxième lot de semences. La plupart de mes voisins ont également subi ce triste sort.

 

Pour les petits agriculteurs familiaux comme nous, c'est une dépense majeure – et le genre de frustration qui nous incite à nous demander pourquoi nous nous sommes engagés dans l'agriculture.

 

La bonne nouvelle est que la pluie est enfin arrivée. La mauvaise nouvelle est qu'un problème différent est apparu : une infestation massive de légionnaire d'automne (ou noctuelle américaine du maïs – Spodoptera frugiperda), dévoreuse de la végétation ; c'est une espèce envahissante, un des ennemis des cultures les plus difficiles à contrôler. Ces insectes se sont régalés sur les cultures dans tout le comté d'Uasin Gishu et de deux douzaines d'autres districts, y compris les comtés de Bungoma, Kakamega, Nandi et Trans Nzoia, dans le grenier traditionnel du Kenya.

 

Un rapport récent attribué au Secrétaire Principal du Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et des Pêches, M. Tuimur, indique que sur 1,92 million d'hectares de maïs semés par les agriculteurs kényans cette année, plus de 800.000 sont menacés, tandis que 200.000 hectares sont touchés.

 

(Source)

 

Les agriculteurs sont toujours confrontés à des défis, en particulier aux intempéries et aux ravageurs. Peut-être est-ce notre lot et ne devons-nous pas nous plaindre.

 

Mais ce n'est pas ce que je crois, du moins pas à l'âge de la biotechnologie, lorsqu'une science éprouvée peut apporter un soulagement grâce à une meilleure compréhension de la génétique des semences.

 

Malheureusement, le Kenya n'a pas encore adopté les plantes génétiquement modifiées. Nous avons vu ces plantes révolutionner l'agriculture en Amérique du Nord et du Sud, et même dans des pays subsahariens – l'Afrique du Sud et le Burkina Faso. Dans ces pays, les agriculteurs ont connu des rendements record, grâce en grande partie à la biotechnologie.

 

Un rapport récent du Service International pour l'Acquisition des Applications Agro-biotechnologiques (ISAAA) rapporte qu'en 2016, les agriculteurs du monde entier ont semé plus d'OGM que jamais auparavant. La grande majorité d'entre eux étaient des petits agriculteurs dans le monde en développement – du même genre que ceux qui dominent dans l'agriculture kenyane.

 

Pendant ce temps, au Kenya, nous regardons et nous souffrons.

 

La tragédie est que nous savons ce que nous devons faire : commercialiser les semences GM que les chercheurs kényans ont développées et testées ces dernières années. Le 11 mai, l'Organisation de Recherche pour l'Agriculture et l'Élevage du Kenya (KALRO) a commencé une deuxième année d'essais confinés sur le terrain pour examiner une variété de maïs qui repousse naturellement la légionnaire d'automne.

 

J'ai assisté à la cérémonie d'inauguration historique à Kitale et j'ai été impressionné de voir la planification méticuleuse des essais sur le terrain. Les chercheurs ont semé du maïs GM et du maïs non GM côte à côte et ont également pris des mesures pour empêcher le pollen de dériver vers d'autres fermes.

 

C'est une étape importante, mais aussi un rappel que nous n'avons progressé que trop lentement. Si cette technologie GM avait été disponible pour les agriculteurs kényans cette année, nous n'aurions pas dû subir les pertes que nous avons déjà encourues ; nous aurions été préservés des effets dévastateurs de la légionnaire d'automne ; et nous serions dans une position bien meilleure pour nourrir nos familles et notre pays aujourd'hui.

 

Au lieu de cela, confronté à une pénurie aiguë de nourriture, le gouvernement kényan a dû importer des centaines de tonnes de maïs d'Afrique du Sud et du Mexique, ainsi que du maïs jaune de Russie et d'Ukraine, sachant que ces pays cultivent du maïs Bt. En bref, payer des agriculteurs étrangers pour ce que les agriculteurs kényans pourraient récolter si on leur donnait accès aux outils appropriés. En outre, nous avons dû rediriger des fonds initialement affectés au développement de notre agriculture pour aider les agriculteurs à acheter des pesticides supplémentaires. C'est seulement de cette façon que notre gouvernement nous permet de défendre nos cultures contre les ravages de la légionnaire.

 

Les plantes génétiquement modifiées ne résoudront pas tous nos problèmes, mais elles constituent clairement une avancée dans nos efforts pour atteindre le « triple plancher » des retombées économiques pour les agriculteurs : la durabilité environnementale grâce à une réduction de la lutte chimique, et la sécurité alimentaire pour tous les Kényans.

 

Cette saison, nous avons souffert de problèmes et nous en avons payé le prix. Nous avons également vu le potentiel d'une solution sûre. Maintenant, pour le Kenya, nous devons adopter la science moderne et aller de l'avant vers le futur. Le gouvernement doit autoriser l'étape de commercialisation du maïs GM par la KALRO.

 

Cet article a été publié en premier lieu le 26 juin dans Daily Nation (Nairobi, Kenya).

 

_________________

 

 * Gilbert Arap Bor est agriculteur, à Kapseret, Kenya. Il cultive du maïs, des légumes et a des vaches laitières sur une petite ferme de 10 hectares près d'Eldoret, au Kenya. M. Bor, professeur à l'Université catholique de l'Afrique de l'Est, à Eldoret Campus (Gaba), est un membre du Truth About Trade & Technology Global Farmer Network et a reçu en 2011 le Kleckner Trade & Technology Advancement Award.

 

Source : http://globalfarmernetwork.org/2017/07/kenyan-farmer-makes-case-commercialization-gm-maize/

 

 

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