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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Fraises en conteneur

9 Décembre 2015 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

Fraises en conteneur

 

 

Ces deux-là ont lancé un projet intéressant et, surtout, réussi un coup médiatique extraordinaire.

 

Le projet consiste à produire des fraises dans un conteneur de récupération aménagé en – utilisons un mot un peu savant – chambre climatique. Aération et température contrôlées, soleil artificiel (des LEDs), alimentation en hydroponie (pudiquement appelée « irrigation en circuit fermé », ce seraient 3600 fraisiers sur une surface de 24 mètres carrés et une production attendue de 7 tonnes. Évidemment hors saison.

 

Il n'y a pas que leur site web avec quelques affirmations un peu ollé ollé – comme ce « 0% OGM », ridicule car il n'y a pas de fraises GM dans le monde, ou ce « nous [...] produisons en utilisant de l'énergie 100% issue du renouvelable » bien présomptueux quand on connaît l'origine de l'électricité – et leur invitation à réserver vos fraises car « [l]a demande est énorme ». C'est 3€ la barquette de 250g.

 

S'ils maîtrisent la technique autant que le marketing, MM. Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru auront ouvert une belle brèche. Nous ne pouvons que les inviter à communiquer sur leurs résultats techniques et économiques.

 

Remarquons tout de même que c'est là une version miniature et simplifiée des projets de fermes urbaines verticales (voir par exemple ici).

 

Ce qui nous paraît particulièrement remarquable, c'est l'écho médiatique. Voici le florilège des citations reproduites sur leur site :

 

« Au coeur de Paris se cache dans ce container un trésor pour les papilles... » (JT 13h - Elise Lucet - France 2).

 

« Les fraises seront cueillies le jour même. En plein mois d’octobre, elles sont parfumées et sucrées. » (Antonin Sabot - LeMonde.fr)

 

Thomas Sotto : « Mais vous les avez trouvées où ces fraises du futur? »

 

Anne le Gall : « Elles ont été récoltées il y a moins de 24h à Paris et en plus elles ont du goût. J'ai testé ! » (Les experts - Thomas Sotto - Europe 1).

 

« Il n'y a pas de pesticides, l'air pollué de la ville est filtré. C'est de la haute technologie qui permet de produire en ville, juste à côté des consommateurs, des fraises de qualité. » (RTL Matin - Virginie Garin).

 

On peut aussi voir France 2 et FR3. Ou encore le Monde Planète.

 

La bobosphère qui s'extasie devant une culture complètement artificielle, hors sol et hors saison, certes de proximité... il y a de quoi tomber à la renverse.

 

Mais laissons la parole aux deux entrepreneurs car ils ont eu une magnifique formule sur la version anglaise de leur site:

 

« Technology can glorify nature. »

 

« La technologie peut glorifier la nature.

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F
Oups désolé pour les fautes dans le précédent message ;-) <br /> Pour le coté productiviste, nous l'assumons complètement. Pourquoi ne pourrait on pas inventer une agriculture productiviste et écologique? Pourquoi écologie rimerait forcément avec décroissance? L'avenir est à inventer, tout est possible si on prend les sujets en main et qu'on y met notre coeur ! <br /> Nous voulons permettre à tout le monde de manger mieux, plus sain, moins cher et cela se fait forcément en tentant d'avoir du rendement ! <br /> Donc oui nous voulons produire beaucoup, sans pesticide, sans énergie fossile, sans transport, en utilisant 90% moins d'eau. <br /> <br /> A bientôt,
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour vos deux réactions.<br /> <br /> Je n'ai évidemment pas la moindre objection à ce que vous appelez « le côté productiviste », qui n'est que l'optimisation d'un outil de production.<br /> <br /> Mais vous n'êtes pas sur le bon site pour vos arguments de vente, qui empruntent à une rhétorique que je ne partage pas.<br /> <br /> Vous utilisez de l'énergie renouvelable ? L'électricité qui parvient chez vous provient du « pot commun ». Elle est essentiellement d'origine nucléaire. Et si vous financez des barrages, vous êtes anti-écologiques pour les intégristes !<br /> <br /> « Savez vous que la moyenne de distance d'une fraise c'est plus de 1500km?... » Argument pour bobos ignares ! Cela représente, par kilo de fraise transporté dans un semi-remorque, quelque... 60 mètres.<br /> <br /> Mais j'apprécie l'initiative et je serai ravi d'avoir un retour d'expérience.
F
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour l'article. Je suis le cofondateur d'agricool.<br /> Je tiens à préciser que nous ne souhaitons absolument pas faire des fraises pour bobo, mais bien cultiver des fruits et légumes, moins chères, meilleures, et sans pesticide. Bien-sûr cela ne vaut que pour les grosses villes pour lesquelles l'agriculture de proximité à une impossibilité physique à nourrir sainement les millions d'habitants.<br /> Et pour l'énergie renouvelable c'est la vérité. Nous payons notre électricité plus chère, et finançons des barrages.<br /> Savez vous que la moyenne de distance d'une fraise c'est plus de 1500km? Pourquoi ne pas être tout simplement optimiste et essayer d'avancer?<br /> En tous cas merci pour l'article, j'aime les débats et le sujet me passionne donc c'est un plaisir d'en parler.<br /> <br /> A bientôt,<br /> <br /> Guillaume
Répondre
T
Ils recrutent donc ils veulent quand même avoir des résultats http://www.indeed.fr/viewjob?jk=a3118583f4313984&q=agricool&l=Paris+13e+%2875%29&tk=1a65otsbq9ne4f3f&from=web . Truc marrant : On remarquera la vision optimisation des fruits par pieds et des branches etc, il n'y a pas plus productiviste et intensif que ça et les bobos s'extasient, j'adore!!
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Moi aussi j'adore l'inconséquence des bobos de la médiasphère.