Billet d'humeur : être à la Cop28 à Dubaï, c'est tout ce qui compte
Norbert Lehmann, AGRARHEUTE*
© stock.adobe.com/Iakov Kalinin
La conférence mondiale sur le climat, la Cop28, s'est tenue à Dubaï. Le nombre de participants était plus important que jamais. Les critiques parlent désormais de « cirque », car les résultats tangibles ne sont pas au rendez-vous malgré les énormes efforts déployés.
Le grand « voir et être vu » de l'industrie du changement climatique a explosé tous les records cette année, mais a surtout servi de fin en soi. Un billet d'humeur à ce sujet.
Ma note : Le titre d'origine est « Glosse: Cop28 oder Dubai sein ist alles ». Il joue sur une paronymie : « ...dabei sein is alles ».
/image%2F1635744%2F20240121%2Fob_31c34f_cop28-agrarheute-2.jpg)
Capture Cop28 2
© stock.adobe.com/Ricochet64
Plus de 80.000 participants ont fait le pèlerinage du sommet sur le climat à Dubaï.
A-t-on le droit de se moquer de la gestion du problème le plus épineux de l'humanité ? On peut, on doit même le faire, si nous le traitons comme nous l'avons fait lors de la conférence des Nations Unies sur le climat (COP28) à Dubaï.
Plus de 80.000 participants se sont rendus dans la ville du désert pour cette réunion de deux semaines, dont un grand nombre en jet privé. Parmi eux, 23.500 étaient des représentants gouvernementaux. La délégation allemande, avec ses 250 membres, remplissait à elle seule un Airbus. Le Brésil a envoyé 1.300 représentants officiels par mesure de sécurité, la Russie 600.
A cela s'ajoutaient un peu plus de 27.000 fonctionnaires, scientifiques et chefs d'entreprise ainsi que la bagatelle de 14.000 lobbyistes. Pour que personne ne manque les messages d'éminents experts du climat comme le roi Charles, 4.000 journalistes se sont aussi bousculés à la COP28.
Être à Dubaï, c'est tout ce qui compte, a dû se dire Mme Lisa Neubauer [l'une des principales organisatrices des Fridays for Future]. Dans la chaleur des Emirats (« 7.000 degrés ressentis »... verbatim de Mme Neubauer), l'activiste climatique allemande a consciencieusement brandi sa pancarte en carton « Stop Climate Denial » devant les caméras avant de se retirer dans sa chambre climatisée au 19e étage d'une tour d'hôtel pour envoyer un message vidéo de là – à une conférence écologique dans l'Allemagne hivernale. La lutte pour le climat est faite de privations...
Le ministre de l'Économie, également chargé de la protection du climat au sein du gouvernement fédéral, n'était pas à Dubaï. M. Robert Habeck était considéré comme indispensable à Berlin. Il devait combler les trous budgétaires. Les présidents des Etats-Unis et de la Chine, Joe Biden et Xi Jinping, étaient également absents. Voilà pour les priorités.
Pour Mme Sandrine Dixson-Declève, co-présidente du Club de Rome, les conférences sur le climat sont depuis longtemps devenues un cirque, « avec les Etats pétroliers comme directeurs de cirque » et les participants comme « clowns ».
L'idée peut venir à l'esprit lorsque le président de la COP28, Sultan Al-Jaber, déclare : « Il n'y a aucune science ni aucun scénario qui disent que l'on peut atteindre 1,5 degré en abandonnant l'utilisation des combustibles fossiles. »
Cette phrase a fait bondir de nombreux participants à la conférence. Le monde invité chez un négatiste du climat ? M. Sultan Al-Jaber a affirmé qu'en fin de compte, l'objectif de la neutralité climatique d'ici 2050 était au-dessus de tout. Selon la BBC, M. Al-Jaber, qui est également président du groupe pétrolier public ADNOC, a toutefois également profité de la conférence pour conclure de nouveaux contrats pétroliers et gaziers. Comme c'est pratique quand les clients viennent chez soi...
Malheureusement, les conférences de l'ONU sur le climat dans ce format ne font que confirmer une chose : plus il y a de monde autour de la table, moins il y a de résultats.
Peut-être faudrait-il essayer de n'avoir que trois participants : La Chine, les Etats-Unis et l'Inde. Ils sont à l'origine de la moitié des émissions mondiales de CO2. S'ils décidaient d'un plan solide de protection du climat, cela pourrait vraiment changer quelque chose dans le monde.
______________
/image%2F1635744%2F20240121%2Fob_726c3c_capture-norbert-lehmann.jpg)
* Norbert Lehmann travaille depuis plus de 25 ans comme journaliste spécialisé. Après des études d'économie agricole à Bonn, le service de presse et d'information Agra-Europe a été sa première étape professionnelle. Il a fait de fréquents séjours à Bruxelles en tant que correspondant. Ensuite, activités au sein du groupe d'édition Handelsblatt, dans les relations publiques scientifiques ainsi qu'en tant qu'indépendant. Depuis 2012, il travaille au dlv, en dernier lieu en tant que chef de la rubrique Management & Markt à la rédaction d'AGRARHEUTE.
Source : Glosse: Cop28 oder Dubai sein ist alles | agrarheute.com