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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate : tiens, voilà l'INRA... pas vraiment en bien !

30 Octobre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup), #critique de l'information

Glyphosate : tiens, voilà l'INRA... pas vraiment en bien !

 

 

 

Chez Système U, on sait aussi comment se passer du glyphosate...

 

 

Dans ce qui apparaîtra un jour – si on voudra bien réaliser une analyse sociologique – comme l'une des plus formidables campagnes de manipulation et de désinformation, il y avait une voix qui était restée quasiment silencieuse en France : l'Institut National de la Recherche Agronomique.

 

Sans doute n'a-t-on pas sollicité son avis ; sachant peut-être aussi qu'il n'en a pas, prudence politicienne oblige. Le Monde l'a cependant interrogé fin septembre dernier, mais nous n'avons pas été enthousiasmés par la réponse – voir : « Glyphosate : le Monde, hélas... et la notion d'agronomie a-t-elle encore cours à l'INRA ? » L'INRA n'a pas non plus pris l'initiative d'expliquer et d'apporter un peu de bon sens aux « débats »... là encore, c'est politiquement délicat et, certainement, incorrect.

 

Le Figaro vient d'interroger M. Christian Huyghe, Directeur Scientifique Agriculture, et cela a donné : « "Le glyphosate n'a rien d'obligatoire "» ». C'est – au sens littéral – exact ; nous pouvons théoriquement en revenir à la houe et la binette. Mais la vraie question a été posée par le journaliste : « Par quoi pourrait-il être remplacé ? » M. Huyghe commence par répondre :

 

Suggestion pour une étude de faisabilité par l'INRA

 

« L'idée n'est pas de trouver un substitut au glyphosate. S'il existait un produit alternatif, il serait déjà utilisé. Il faut changer les habitudes et les modes de production. »

 

On peut souscrire aux deux premières phrases : l'idée est – simplement – d'éjecter le glyphosate de la boite à outils des agriculteurs et des gestionnaires des espaces. Ceux qui veulent sa peau pour des motifs idéologiques n'ont pas cherché plus loin, au-delà des anecdotes de la belle et bonne agriculture biologique qui se passe d'herbicides et d'agriculteurs conventionnels qui se passent de glyphosate. Alors, il faut passer au mode incantatoire... « Il faut changer... » Et d'embrayer :

 

« Le travail du sol par des engins à disques ou à dents entre deux cultures permet la destruction de la végétation "spontanée". Le broyage ou la destruction mécanique permet de détruire les cultures intermédiaires mais il faut rendre ces techniques plus efficaces, en choisissant des espèces moins résistantes par exemple. »

 

On a là l'illustration de l'hystérie actuelle anti-glyphosate et, plus généralement, anti-chimie. Plutôt dépenser des litres de gazole – produisant des gaz à effet de serre et des gaz probablement cancérigènes selon le CIRC – et favoriser l'érosion des sols et la pollution des eaux de surface que mettre un litre de glyphosate sur un hectare...

 

RIP agriculture de conservation et autres techniques culturales simplifiées ! RIP initiative 4 pour 1000.

 

 

 

 

Enfin, peut-être pas... Même si « [l]'idée n'est pas de trouver un substitut au glyphosate », on pourra peut-être remplacer le litre de glyphosate par 4 litres par hectare d'un anti-graminée et 3,5 litres d'un anti-dichotyledones, en passant deux fois dans le champ avec le pulvé.

 

La diversification des espèces cultivées est également évoquée :

 

« En tournant sur sept espèces [au lieu de trois – colza, blé, orge dans une rotation classique dans certaines régions], on limite ce risque [la spécialisation de la flore et la présence de vivaces]. Mais il faut alors prévoir des débouchés en aval. Toute la responsabilité ne doit pas peser sur le dos des seuls agriculteurs. »

 

C'est beau, le Kriegsspiel agronomique ! On passe par magie de trois à sept espèces, et puis, yaka faukon prévoie les débouchés... Nous aurions attendu de l'INRA qu'il explique de quoi il s'agit dans la réalité au niveau de l'exploitation, sur le plan de la ferme France et pour l'économie en général.

 

Le journaliste demande à juste titre si cette transition est possible rapidement. Réponse :

 

« Oui, mais c'est un défi en termes de politique publique. Il faut définir un cadre cohérent, se fixer un horizon et s'y tenir. »

 

Cela fait écho – de manière remarquable, enfin, pas vraiment : l'INRA n'a pas vocation à contredire ses instances de tutelle – aux propos tenus par le Premier Ministre Édouard Philippe le 10 octobre 2017, en réponse à une question de la députée Bénédicte Taurine (celle qui fait l'apologie de la délinquance des Faucheurs Volontaires) :

 

« Notre but est très simple. Nous partons de l’idée qu’il nous faut fixer des objectifs à la fois clairs, prévisibles et irréversibles. Constatant qu’il n’existe pas à ce jour de produits qui puissent aboutir aux mêmes résultats que ceux élaborés à partir du glyphosate, constatant que certains agriculteurs souhaitent pouvoir transformer leur façon de produire mais que d’autres se trouvent dans la nécessité d’utiliser ces produits, j’ai demandé au ministre de l’agriculture et au ministre d’État chargé de la transition écologique de préparer une stratégie de sortie du glyphosate.

 

Ainsi, en tenant compte de l’ensemble des connaissances scientifiques et de l’évolution des pratiques agricoles, nous pourrons définir de façon calme, ordonnée, prévisible – et irréversible – les moyens de faire évoluer notre modèle de production agricole. »

 

Il constate qu'il n'y a pas de véritable porte de sortie pour certains agriculteurs, mais – foi de Premier Ministre – nous nous lancerons dans le mur « de façon calme, ordonnée, prévisible – et irréversible ».

 

C'est, nous le savons, une farce – une sorte d'opération de maintien de la paix intragouvernementale – M. Nicolas Hulot a son hochet, chiffré en estimation basse à un milliards d'euros pour l'agriculture et 500 millions pour la SNCF (deux milliards selon l'institut IPSOS). Ces chiffres sont cohérents avec ceux qui ont été articulés par exemple au Royaume-Uni.

 

Gageons que l'INRA nous indiquera la marche à suivre...

 

On a déjà un début de réponse avec « Pour l'Inra, "il n'existe pas de solution unique pour se passer du glyphosate" ». Mais là, nous serons encore moins charitable s'agissant des propos de M. Huyghe, tout au moins tels que rapportés :

 

« Et "si elle n'avait pas d'impacts sur l'environnement ou la santé", la substance ne subirait aucun reproche explique Christian Huygues, directeur scientifique agriculture à l'INRA, l'institut national de la recherche agronomique. »

 

Quels impacts, M. Huyghe ? Quels impacts ?

 

Et puis :

 

« Mais pour l'Inra, "il faut se sortir de l'idée qu'il n'y a qu'une solution" unique, mais plutôt un panel de solutions à adapter à chaque exploitation.

 

"On voit des options nouvelles, en particulier ce que permet le bio-contrôle mais aussi ce que permet la résistance génétique des plantes aux maladies, de même que les méthodes mécaniques de suppression des mauvaises herbes."

 

Le biocontrôle, etc. contre les mauvaises herbes ? Vraiment ?

 

Et si l'INRA s'élevait au-dessus de la courtisanerie et parlait le langage de vérité ?

 

Et si cette institution qui jouit encore d'une certaine notoriété disait clairement que nous nous apprêtons – en France et peut-être même dans toute l'Europe grâce à la gabegie politicienne – en quelque sorte à jeter la clé à molette hors de la boîte à outils des agriculteurs en sachant – de plus, pertinemment – qu'ils ne disposent pas du jeu complet de clés plates nécessaire à leurs opérations ?

 

 

 

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C
Cette vieille antienne de l'eau des pommes de terre ou du riz... Sincèrement, on fait comment ? On prend la casserole d'une main, l'égouttoir de l'autre, on se rue dans le jardin (en demandant à qq'un d'autre d'ouvrir la porte) et on cherche les mauvaises herbes - là ! je l'ai ! et paf, on s'ébouillante le pied...<br /> Non, vraiment, et d'ailleurs je ne mange pas assez souvent de pommes de terre pour ça, en plus je les cuis à la vapeur (et, rappel, quand le riz est cuit, toute l'eau est absorbée).
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> C'est tellement vrai !<br />