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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Céréales bio : prix élevés et faibles rendements – le dilemme

31 Mars 2022 Publié dans #Agriculture biologique, #Economie

Céréales bio : prix élevés et faibles rendements – le dilemme

 

Olaf Zinke, AGRARHEUTE*

 

 

© stock.adobe.com/gabort

L'évolution de la productivité dans l'agriculture biologique continue à être à la traîne de l'augmentation des surfaces et du nombre d'exploitations biologiques. L'Agrarmarktinformations-Gesellschaft (AMI) estime que le rendement moyen des céréales biologiques sera de 33,7 q/ha en 2021, soit la moitié de celui des producteurs de grandes cultures conventionnelles.

 

 

Les agriculteurs bio ont récolté plus de céréales en 2021. Mais cela ne représente que 3 pour cent de la récolte totale. Les prix des céréales bio ont certes été élevés – mais pas plus élévés que ceux de l'année précédente. Au contraire.

 

Ma note : l'article d'origine date du 6 janvier 2022. Aujourd'hui, il faut s'interroger s'il est bien raisonnable de promouvoir un mode de production qui, en Allemagne, réduit le rendement du blé de moitié, voire plus.

 

 

© Olaf Zinke

L'année dernière, les agriculteurs bio ont récolté plus de céréales que jamais auparavant. Néanmoins, la quantité récoltée d'environ 1,2 million de tonnes ne correspond même pas à 3 pour cent de la récolte de céréales allemande, plutôt faible l'année précédente.

 

 

L'année dernière, les agriculteurs bio ont récolté une quantité de céréales sans précédent. Pourtant, la quantité récoltée, environ 1,2 million de tonnes, ne représente même pas 3 pour cent de la récolte totale de céréales allemande, plutôt faible, de 42,1 millions de tonnes. Selon les données du portail d'information sur l'agriculture biologique, 10,3 pour cent des surfaces sont exploitées selon le mode biologique. Et même 13,5 pour cent de tous les agriculteurs sont des agriculteurs bio.

 

Mais l'évolution de la productivité est manifestement à la traîne par rapport à l'augmentation des surfaces et du nombre d'exploitations biologiques. Cela apparaît clairement dans les rendements céréaliers : l'Agrarmarktinformations-Gesellschaft (AMI) estime le rendement moyen des céréales bio en 2021 à 33,7 q/ha, soit à peu près le même niveau que l'année précédente.

 

En revanche, les producteurs de grandes cultures conventionnelles ont récolté environ 69,6 quintaux de céréales par hectare au cours d'une année 2021 difficile, soit deux fois plus que leurs collègues de l'agriculture biologique. Les différences de rendement sont les plus importantes pour le blé, avec 73,3 quintaux contre 36,7 quintaux, et les plus faibles pour l'avoine, avec 43,7 quintaux contre 32,6 quintaux.

 

Cela signifie également que l'augmentation de la production dans l'agriculture biologique est exclusivement due à une extension de la surface de culture biologique de céréales d'environ 13.000 hectares – pour atteindre aujourd'hui environ 367.000 hectares. Cela représente environ 6 pour cent de la surface totale de céréales en Allemagne.

 

En même temps, la croissance des surfaces s'est nettement ralentie à environ 4 pour cent par rapport aux années de boom 2017 à 2019, lorsque les surfaces de céréales biologiques avaient connu une croissance à deux chiffres.

 

 

L'agriculture biologique ne peut pas couvrir les besoins en céréales

 

Dans l'ensemble, les données de rendement mettent toutefois en évidence un problème : une nouvelle croissance de l'agriculture biologique signifie, dans les conditions actuelles, un net recul de la production totale de céréales. En supposant que la surface céréalière allemande soit exploitée à 100 pour cent de manière biologique, la récolte de céréales n'aurait pas été de 42,1 millions de tonnes, mais seulement de 20,4 millions de tonnes.

 

Or, pour la campagne 2020/21, la consommation allemande de céréales était d'environ 43 millions de tonnes. Sur ce total, 25 millions de tonnes étaient toutefois des céréales fourragères et 8,6 millions de tonnes étaient nécessaires pour l'alimentation humaine. Le reste allait à l'industrie ou était utilisé à des fins énergétiques. En outre, près de 16 millions de tonnes de céréales ont été exportées et environ 14,5 millions de tonnes ont été importées.

 

Les exportations ne seraient plus guère possibles dans le cadre d'une culture entièrement biologique et les importations seraient probablement nettement plus élevées. Aujourd'hui déjà, la production ne couvre pas les besoins allemands en céréales biologiques. Il n'existe pas de statistiques récentes, mais en moyenne, ces dernières années, environ un tiers des besoins allemands en céréales biologiques ont dû être couverts par des importations. Environ deux tiers de la consommation totale (importations comprises) dans le secteur biologique ont été utilisés pour l'alimentation animale.

 

 

Nettement plus d'épeautre et d'avoine cultivés

 

© Olaf Zinke

La structure des cultures s'est encore nettement modifiée l'année dernière. Ainsi, ce sont surtout l'épeautre et l'avoine qui ont gagné en surface au détriment du blé et de l'orge.

 

 

L'une des raisons de la baisse des rendements des agriculteurs bio est, outre le renoncement total aux engrais minéraux et aux produits phytosanitaires chimiques, la structure de culture très différente – avec des céréales moins productives. Cette structure de culture s'est encore nettement modifiée l'année dernière.

 

Ainsi, ce sont surtout l'épeautre et l'avoine qui ont gagné en surface au détriment du blé et de l'orge. Cette évolution reflète certainement aussi le boom des boissons végétales de substitution à base d'avoine ainsi que du pain d'épeautre et des produits similaires.

 

Selon les données de l'AMI, la production d'avoine a presque doublé au cours des deux dernières années et représente aujourd'hui près d'un cinquième de la production de céréales biologiques. La croissance de la production d'épeautre est tout aussi importante et cette céréale contribue désormais à environ 17 pour cent de la production de céréales biologiques. Le blé a certes continué à perdre du terrain, mais il reste la principale céréale biologique avec une part de près de 30 %.

 

Le seigle représente environ 16 pour cent de la production, l'orge 11 pour cent et le triticale 9 pour cent. Les rendements des différentes céréales bio, de 29,8 quintaux (seigle) à 36,7 quintaux (blé), sont nettement plus proches l'un de l'autre que ceux des cultures conventionnelles, qui s'étagent de 43,7 quintaux pour l'avoine à 73,3 quintaux pour le blé.

 

Prix élevés pour les céréales bio – mais l'augmentation de l'offre a un effet

 

© Olaf Zinke

Les prix de la plupart des céréales bio n'ont pas beaucoup évolué, du moins jusqu'à l'automne 2021. Les prix des deux céréales dont la production a le plus augmenté – c'est-à-dire l'avoine et l'épeautre – ont même été inférieurs à ceux de l'année précédente.

 

 

Malgré les prix élevés des céréales conventionnelles, les prix des céréales bio sont cette année encore nettement plus élevés que ceux de leurs contreparties conventionnels. Toutefois – comme nous l'avons déjà dit – avec des rendements nettement plus faibles. Une grande partie des marchandises bio sont en outre contractualisées et sont loin d'être soumises aux fortes fluctuations de prix que les agriculteurs connaissent pour les céréales conventionnelles.

 

C'est pourquoi les prix de la plupart des céréales bio n'ont pas beaucoup évolué cette saison, du moins jusqu'à l'automne 2021. Les prix des deux céréales dont la production a le plus augmenté – à savoir l'avoine et l'épeautre – ont même été inférieurs à ceux de l'année précédente. Le système relativement fermé de la commercialisation des céréales bio ne fournit en outre guère de prix des céréales tout à fait actuels.

 

Les relevés de l'AMI montrent toutefois une hausse des prix pour plusieurs céréales. Pour l'épeautre, les prix moyens à la production lors du dernier relevé en septembre (donc après la récolte) étaient de 525 euros la tonne, contre 547 euros la tonne l'année dernière. Il est possible que l'offre nettement plus importante pèse sur les prix.

 

Pour l'avoine, les agriculteurs bio ont reçu en moyenne 337 euros la tonne à la même date, contre 376 euros l'année précédente. Là aussi, l'offre plus importante pèse manifestement sur les prix. Pour le blé panifiable, les agriculteurs bio ont reçu 429 euros la tonne après la récolte. C'est à peu près le même prix que l'année précédente.

 

Les prix du blé fourrager étaient de 358 euros. Les agriculteurs bio ont reçu nettement plus d'argent que l'année dernière, notamment pour le seigle – 331 euros au lieu de 279 euros la tonne. Cela s'explique par le fait que l'année dernière, l'offre de seigle était très importante et difficile à commercialiser, ce qui avait fait chuter les prix à un niveau proche de celui de la commercialisation conventionnelle.

 

____________

 

* Olaf Zinke travaille pour agrarheute en tant que rédacteur cross-média pour les opérations et les marchés. Il analyse les marchés agricoles et des produits de base nationaux et internationaux depuis trois décennies et a travaillé à ce titre pour diverses institutions.

 

Source : Biogetreide: Hohe Preise und niedrige Erträge - Das Dilemma | agrarheute.com

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