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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une vérité qui dérange à la Commission : le Centre commun de recherche publie son rapport sur l’impact des stratégies en faveur de la biodiversité et « De la ferme à la table » sur l’agriculture

4 Septembre 2021 Publié dans #De la ferme à la table, #Politique, #Union européenne

Une vérité qui dérange à la Commission : le Centre commun de recherche publie son rapport sur l’impact des stratégies en faveur de la biodiversité et « De la ferme à la table » sur l’agriculture

 

Communiqué de presse du Copa – Cogeca*

 

 

 

 

Comment enterrer un rapport qui dérange ? La Commission européenne vient de nous en donner un parfait exemple. Au beau milieu de la pause estivale, son Centre commun de recherche (CCR) a publié un rapport très attendu concernant l’impact de quatre objectifs sélectionnés parmi ceux des stratégies en faveur de la biodiversité et « De la ferme à la table ». Rarement on aura vu un rapport se donner tant de mal pour éviter de dire ce qu'il a à dire : quel que soit le scénario envisagé, l’impact de ces stratégies sera une réduction sans précédent de la capacité de production de l’UE et du revenu des agriculteurs européens. La majeure partie des réductions d’émissions issues de l’agriculture réalisées grâce à ces stratégies sera effacée par des fuites de durabilité vers des pays tiers, en raison de cette perte de production !

 

 

Depuis plus d’un an, tous les acteurs représentant le secteur agricole à Bruxelles appellent à mener une analyse d'impact de la stratégie « De la ferme à la table ». La communauté agricole, consciente des défis et des transitions nécessaires, souhaitait un débat reposant sur des arguments solides. Toutefois, face au silence de la Commission et à son refus de mener une étude, cette situation est devenue un problème politique. Le Copa et la Cogeca ont donc été surpris de la publication, la semaine dernière, d’un « rapport technique » à ce sujet, au beau milieu de l’été, alors que la plupart des acteurs de l’UE sont en congé annuel, sans la moindre annonce et avec une communication très réduite.

 

Ce document, nous indiquent les auteurs, ne doit pas être considéré comme une « analyse d'impact ». Ils poursuivent en soulignant que ce document ne constitue pas une analyse d'impact exhaustive, car certains objectifs ne sont pas pris en compte – ou seulement partiellement – et car le modèle utilisé comporte certaines limites dans son évaluation des effets complexes des objectifs en question. Sera-t-il un jour envisageable de proposer une analyse parfaitement exhaustive de l’impact de la stratégie « De la ferme à la table », ou s’agit-il d’une tentative de jouer sur les mots ? Quoi qu'il en soit, il apparaît clairement que les conclusions présentées dans ce rapport sont similaires à celles de la plupart des études déjà menées sur le sujet.

 

Étant donné son contenu, le Copa et la Cogeca saluent la publication de ce rapport et rejoignent les auteurs lorsqu’ils écrivent que « les leçons tirées de ce rapport sont importantes d'un point de vue politique. » Quel que soit le scénario envisagé, tous les secteurs connaîtront une diminution de leur production oscillant entre 5 et 15 %, l’élevage étant le secteur le plus durement touché. Les changements au niveau de la production pourraient mener à un affaiblissement de la position d’exportateur net pour les céréales, la viande porcine et la viande de volaille, et à une aggravation du déficit commercial de l’UE en ce qui concerne les oléagineux, les fruits et légumes, la viande bovine et la viande ovine et caprine. Dans un même temps, dans tous les scénarios, on observe une augmentation nette des prix de la production d’environ 10 %, avec un impact négatif sur les revenus de la plupart des agriculteurs.

 

Toutefois, aux yeux du Copa et de la Cogeca, ce qu'il faut retenir de ce rapport, ce sont les effets à prévoir de ces stratégies : le rapport montre que la stratégie « De la ferme à la table » et la stratégie en faveur de la biodiversité, combinées à la nouvelle PAC, pourraient contribuer à atteindre une réduction de 28,4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole d’ici 2030. Certaines ONG affirment ainsi que ces stratégies permettront de donner les résultats escomptés. Cela revient à s’arrêter à mi-chemin dans le raisonnement. Parmi ses principales conclusions, ce rapport indique notamment que, quel que soit le scénario, plus de la moitié de la réduction escomptée des émissions de gaz à effet de serre est contrebalancée par une augmentation équivalente des émissions de gaz à effet de serre dans les pays tiers !

 

Suite à la publication du rapport, Pekka Pesonen, Secrétaire général du Copa-Cogeca, a déclaré : « Ce rapport, même considéré avec prudence quant à sa méthodologie et sa portée, confirme nombre de nos propres analyses. Cette nouvelle PAC permettra aux agriculteurs d’opérer les transitions nécessaires pour améliorer notre durabilité ; elle ne sera pas un "statu quo", comme certaines ONG à Bruxelles aiment à le répéter. Toutefois, les stratégies telles que la stratégie "De la ferme à la table" et en faveur de la biodiversité créeront un fossé qui ne cessera de s’élargir en termes de pratiques et de compétitivité par rapport à nos concurrents internationaux. Si nous voulons éviter de délocaliser une partie de notre agriculture vers des pays tiers, l’Union européenne doit se montrer aussi ambitieuse dans sa politique commerciale que dans ses stratégies pour ses membres. Mais à l’heure actuelle, ce n’est tout simplement pas le cas. À long terme, ce vaste fossé sera insoutenable pour nos agriculteurs et nos coopératives. »

 

Pour le Copa et la Cogeca, les conclusions de cette étude devraient alerter les acteurs bien au-delà de la communauté agricole et susciter un débat public, car ces politiques ont d’immenses répercussions sur notre autonomie stratégique, sur les prix payés par les consommateurs ou encore sur la délocalisation de notre agriculture. Les auteurs de ce rapport appellent à mener des analyses plus approfondies quant à ces objectifs et modèles. Le Copa et la Cogeca soutiennent cet appel et attendent avec impatience de pouvoir lire les principales conclusions de ce rapport clé et y réagir dans les mois à venir.

 

_____________

 

Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union Européenne et Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union Européenne

 

Source  : https://copa-cogeca.eu/Archive/Download?id=3917392&fmt=pdf

 

 

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