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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Lobbying : le « Groupe de Travail sur les Pesticides Systémiques » à l'assaut du Parlement

30 Septembre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #betteraves, #Néonicotinoïdes, #Politique, #Activisme

Lobbying : le « Groupe de Travail sur les Pesticides Systémiques » à l'assaut du Parlement

 

 

Visiblement, il n'apprécie pas nos critiques de leurs démarches militantes et n'a pas d'atomes crochus avec nous (source).

 

 

Nous n'avons pas encore tout vu avec cette affaire de loi permettant d'accorder des dérogations pour l'enrobage des semences de betteraves avec des néonicotinoïdes.

 

Un des récents exploits : une « lettre ouverte » publiée dans Libération le 21 septembre 2020 par le « Groupe de Travail sur les Pesticides Systémiques » (Task Force on Systemic Pesticides) sous le titre : « Réintroduction des néonicotinoïdes : "C'est une grave erreur" »

 

Libé écrit :

 

« Dans une lettre adressée à plusieurs ministres, que Libération publie en exclusivité, ces scientifiques du Groupe de travail sur les pesticides systémiques (TFSP), qui regroupe des chercheurs indépendants de plus de 24 pays, pressent le gouvernement de renoncer à ce qui serait une "grave erreur". »

 

Le groupe est ainsi présenté par le ou les auteurs de la lettre :

 

« Madame Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, monsieur Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et monsieur Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, notre groupe de scientifiques rattaché à l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est un rassemblement d’une soixantaine de chercheurs internationaux (24 pays, 4 continents), indépendants et pluridisciplinaires, ayant travaillé de façon holistique sur les pesticides néonicotinoïdes depuis plus de dix ans. »

 

Un morceau de choix :

 

« Cette erreur est associée à un modèle d'agriculture intensive qui n'est pas durable et qui n'a pas voulu évoluer. Cette erreur nous oblige à sortir de notre réserve habituelle pour vous réaffirmer les impacts désastreux des néonicotinoïdes, objets d'une réintroduction proposée par votre gouvernement. »

 

« ... notre réserve habituelle » ? De qui se moquent-ils ?

 

Nous l'avons rapporté maintes fois sur notre blog : le groupe de travail a été constitué dans le but spécifique d'obtenir l'interdiction des néonicotinoïdes et du fipronil, en produisant une « science » susceptible d'emporter la décision politique. Et, du reste, les liens avec l'UICN sont ambigus.

 

En filigrane, le groupe était prêt à produire de la « junk science » dont Wikipedia écrit :

 

« Le terme junk science ("science poubelle" ou "science camelote") est un anglicisme désignant des recherches ou des données qui se prétendent scientifiques mais qui sont corrompues, au niveau de leur méthodologie et/ou de leur objectivité, par négligence, ignorance, ou fraude. Ces données pseudoscientifiques peuvent servir des intérêts idéologiques ou commerciaux. »

 

Ou encore de la « science malade du militantisme et de l'idéologie », selon la formule de M. Marcel Kuntz.

 

La preuve formelle – un document qui a fuité – se trouve ici. Voici, une nouvelle fois, un élément du programme d'action traduit en français :

 

« Nous essaieront de rassembler quelques grands noms du monde scientifique comme auteurs de ce document. Si nous réussissons à faire publier ces deux documents, il y aura un impact énorme, et une campagne menée par le WWF, etc. pourra être lancée immédiatement. Il sera beaucoup plus difficile pour les politiciens d'ignorer un document de recherche et un document de forum des politiques publiés dans Science. La chose la plus urgente est d'obtenir le changement de politique nécessaire et de faire interdire ces pesticides, pas de lancer une campagne. Une base scientifique plus solide devrait se traduire par une campagne plus courte. »

 

Cette lettre ouverte est scandaleuse à plusieurs titres.

 

Voilà un groupe de scientifiques qui n'avance aucun argument scientifique pertinent – se rapportant à l'enrobage des semences de betteraves – pour se cantonner dans le sophisme de l'appel à l'autorité (ainsi : « Nous avons [...] beaucoup publié... ») et de l'appel à l'émotion, mâtinée d'appel à l'autorité (ainsi : « Suivant l’avis très clair de la communauté scientifique internationale, la France prenait alors une position exemplaire pour ses citoyens, pour l’Union européenne et pour le monde. »).

 

Voilà un groupe de scientifiques qui, sans autorité académique, porte un jugement de valeur sur un mode d'agriculture – de surcroît pour un problème de santé des plantes très largement indépendant de l'itinéraire cultural et de son intensité.

 

Voilà aussi un groupe de scientifiques qui s'immisce dans les affaires de la France – en se prévalant de cette qualité pour une manœuvre de lobbying – alors qu'il se tait sur l'emploi des néonicotinoïdes pour des usages divers dans d'autres pays, que ce soit dans le cadre d'autorisations formelles ou de dérogations.

 

Ils « pensent » – curieux mot pour des scientifiques se prévalant de leur qualité – « qu’il s’agirait d’une grave erreur, sous le prétexte de raisons mineures ou inexactes, ceci au regard des enjeux immenses dont vous avez aujourd’hui la pleine responsabilité » ? Les principaux pays betteraviers de l'Union Européenne sont d'un autre avis.

 

Mais il est possible que cette qualité de groupe de scientifiques soit instrumentalisée.

 

Qu'en pense l'UICN dont se prévaut l'auteur, ou se prévalent les auteurs, de cette lettre ? Cette organisation semi-gouvernementale cautionne-t-elle une intervention dans les affaires gouvernementales et législatives d'un de ses États membres par un groupe se prévalant d'elle ?

 

 

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A
Comme vous aimez décortiquer ce genre d'article, je soumet celui-ci à votre sagacité :<br /> https://theconversation.com/pesticides-ou-phytosanitaires-allons-au-dela-des-mots-146648
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S
@ Zernick le samedi 27 février 2021 à 08:16<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Va falloir que je révise !
Z
@ Seppi<br /> <br /> voir ce document, page 12:<br /> https://www.uipp.org/app/uploads/2020/12/Brochure_sante_UIPP_Haute-Def-2019-01.pdf<br /> <br /> la démarche agronomique à droite doit bien entendu être compatible avec la démarche toxicologique à gauche, mais n'est pas dérivée de la toxicologie
Z
@Seppi<br /> <br /> Pardon d'insister, surtout aussi tardivement, mais la LMR n'est PAS DERIVEE de la DJA.<br /> <br /> La LMR c'est la quantité de résidus qu'on constate en utilisant le produit à la plus forte dose au plus près de la récolte. <br /> Dans un deuxième temps, on VERIFIE que le régime alimentaire qui serait entièrement "contaminé" au niveau de cette LMR agronomique ne viole pas la DJA. Le plus souvent on constate qu'on dispose d'un facteur de sécurité de 10 ou 100 entre apport alimentaire max et DJA (en plus du facteur de sécurité de 100 déjà inclus dans la DJA versus la NOAEL).
S
@ Zernick le mardi 13 octobre 2020 à 15:20<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> La LMR est dérivée de la DJA et des habitudes de consommation par de savants calculs destinés à s'assurer que, hormis les cas exceptionnels du style cure de jus de carotte ou consommation de cerises à s'en faire péter la sous-ventrière, la DJA ne sera pas dépassée.
Z
dans l'article de theconversation.com indiqué, la définition de la LMR est fausse: la LMR n'est pas issue de la toxicologie, elle est issue de l'agronomie (c'est la quantité de résidus qu'on constate en utilisant le produit au plus près de la récolte)
H
Je me demande quelle serait la position de M. Olivier Véran, qui me semble tout de même un brillant médecin, si on lui demandait de participer à un groupe de travail de scientifiques s'attelant à l'interdiction progressive de tous les médicaments pour les humains.
Répondre
J
Antoine, vous n'avez pas compris:<br /> - chopper la malaria c'est quasi 100% certain dans pas mal de pays<br /> - la malaria est la maladie qui a tué le plus de monde dans l'histoire de l'humanité (quasi 100% fatal si on est pas traité)<br /> - la covid, c'est même pas 0,1% d'en mourrir (chiffre au pif, je n'ai pas regardé les dernières stat)<br /> - avec l'hydroxychloroquine, les risques d'avoir un infactus sont supérieurs à ceux de mourir de la covid mais infiniments moindre que de mourrir de la malaria<br /> <br /> conclusion: l'hydroxychloroquine n'est pas à utiliser pour la covid mais pour la malaria, c'est le contraire, il la faut!<br /> <br /> Bref, il faut voir le rapport bénéfice/risque.
A
@Hbsc Xris<br /> <br /> Je vous rejoint, dénigrer un produit en vente libre et qui à fait ses preuves durant des décennies en laissant aujourd'hui mourir des personnes de la covid19 sous des prétextes qui me semblent particulièrement fallacieux me conduisent à penser qu'il y de grosses magouilles derrière tout cela .
A
@justin, Vous avez parfaitement raison et l'hydroxychloroquine a ainsi fait ses preuves durant des décennies, il en va de même pour la covid 19 mais là bizarrement à la veille de cette épidémie l'hydroxychloroquine dérange et son utilisation est maintenant dite risquée; certaine coïncidences sont vraiment étranges .<br /> <br /> En attendant aujourd'hui le taux de mortalité est nettement plus élevé des suites de la covid 19 que du risque d' AVC avéré par son utilisation.
J
Le risque d'AVC avec l'hydroxychloroquine est faible devant le risque de chopper la malaria...
H
@Antoine, vous avez tout à fait raison, je n'avais pas pensé à cette interdiction +10 pour vous ! <br /> Maintenant, si je ne mets pas des lunettes de soleil pour sa gestion de la crise du Covid, il n'y a pas de quoi être ébloui, les chiffres français sont parmi les plus mauvais au monde, je pense quand même que ce fut un bon neurologue... avant...<br /> <br /> Pour ce qui est de la chloroquine ou de l'hydroxychloroquine, je crois qu'il faut remonter en amont de la crise pour commencer à s'interroger, lorsque des produits en vente libre depuis des dizaines d'années sont devenus soudain "à risques" et devant faire l'objet de prescriptions médicales. Pourtant en Afrique, tout le monde a pris de la Nivaquine sans se poser de questions ni faire d'électro-cardiogramme...<br /> Je pense que ces produits qui ne coûtaient plus grand chose devaient être diabolisés pour permettre l'émergence de nouveaux produits anti-palu plus cher.