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Argentine et « agro-écologie » : un documentaire sur Arte
Comme si "agro-écologie" et OGM étaient incompatibles… L'"agro-idéologie" illustrée par une pancarte
Ça s'intitule « Argentine : les pionniers de l’après glyphosate », un titre racoleur puisque le mot « glyphosate » fait entrer en transe une bonne partie de la France, même le président Jupiter Macron, auteur d'un rapprochement grotesque avec l'amiante, lors de sa visite houleuse au Salon International de l'Agriculture, puis avec le chlordécone.
En fait, c'est un reportage sur des agriculteurs argentins qui cultivent différemment. Voici la présentation du producteur :
« Quel avenir pour l’agriculture argentine ? Après deux décennies d’OGM et de pesticides, une poignée d’agriculteurs et de municipalités font marche arrière.
Peut-on se passer de glyphosate ? L’Union européenne a décidé en novembre dernier de renouveler sa licence pour cinq ans sur le sol européen. La France veut l’interdire d’ici trois ans. Mais comment continuer à cultiver sans cet herbicide ?
ARTE Reportage s’est rendu en Argentine, l’un des principaux consommateurs mondiaux de glyphosate. Les cultures OGM occupent la plus grande partie des terres agricoles. Depuis quelques années, des médecins, experts, scientifiques constatent l’explosion du nombre de cancers, de malformations congénitales, de troubles de la thyroïde dans les régions agricoles. En réaction, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à renoncer aux pesticides.
Eduardo Cerda y travaille depuis une trentaine d’années déjà. Cet ingénieur agronome a commencé par convertir une exploitation de plus de 650 hectares à l’agroécologie. Depuis, plus d’une centaine de producteurs ont suivi sa voie, ainsi qu’une dizaine de municipalités.
Argentine : les pionniers de l’après glyphosate, documentaire de Nathalie Georges, Éric Bergeron, Juliette Igier, Anselmo Estrada, Nico Muñoz, Fred Grimm - ARTE GEIE - France 2018 »
Les documentaristes sont évidemment allés voir ce qu'il voulaient voir et ce qu'ils voulaient montrer. Mais cela se laisse regarder et les connaisseurs de la chose agricole y trouveront quelques éléments intéressants. On est loin, en effet, des « documentaires » qui relèvent de la propagande éhontée, avec images de personnes gravement atteintes dans leur santé et commentaires aussi alarmistes que péremptoires (il y a cependant une référence à une famille comportant deux greffés du foie).
Cela reste tout de même un peu manichéen et binaire – du style qui sied si bien à Arte. Les « agrotoxiques » sont toxiques ; les méchants – surtout Monsanto qui aurait tendu un piège aux agriculteurs – sont méchants ; les gentils – surtout les agriculteurs qui sont tourné vers... – sont gentils. On trouve même un maire qui ne met pas les nuisances sur le dos des OGM et des pesticides mais sur la présence fâcheuse des silos à grains au centre de sa ville et le trafic induit.
Vers quoi se sont-ils tournés, ces agriculteurs. C'est un peu flou : on navigue entre « bio » et « agro-écologie ». Et cette « agro-écologie », c'est en définitive ce qu'on appelait jadis « agronomie ».
Ce reportage peut faire croire qu'il y a une révolution agricole en gestation en Argentine. La présentation du documentaire hésite entre « une poignée d’agriculteurs et de municipalités [qui] font marche arrière » et « plus d’une centaine de producteurs [qui] ont suivi sa voie ». Il ne faut pas se leurrer : cela reste anecdotique ; et cela le restera probablement, à moins que l'hystérie anti-OGM et anti-pesticides de l'Europe n'ouvre un marché d'exportation valorisant un itinéraire cultural plus contraignant, plus risqué et sans doute moins productif.
Mais il est bon que des pionniers fassent, non pas « marche arrière », mais marche avant en explorant les démarches agronomiques qui sortent de l'ordinaire. Des solutions qui peuvent très bien se combiner avec ce qu'on appelle péjorativement l'agriculture industrielle ou productiviste.
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