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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L'EPA états-unienne confirme pour le glyphosate : «  aucun ... risque significatif pour la santé humaine »

22 Décembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup)

L'EPA états-unienne confirme pour le glyphosate : «  aucun ... risque significatif pour la santé humaine »

 

 

 

L'action de l'Agence pour la Protection de l'Environnement des États-Unis d'Amérique (EPA) sur la réévaluation du glyphosate s'est fait attendre, au point de susciter quelques interrogations, y compris au sein du Congrès. Mais voici son dernier communiqué de presse :

 

 

« L'EPA publie un projet d'évaluation des risques pour le glyphosate

 

 

Pour publication: 18 décembre 2017

 

L'Agence pour la Protection de l'Environnement des États-Unis d'Amérique (EPA) publie aux fins d'une consultation publique le projet des évaluations des risques pour la santé humaine et l'environnement du glyphosate, l'un des pesticides agricoles les plus utilisés aux États-Unis.

 

Le projet d'évaluation des risques pour la santé humaine conclut qu'il est improbable que le glyphosate soit cancérogène pour l'homme [glyphosate is not likely to be carcinogenic to humans]. L'évaluation de l'Agence n'a trouvé aucun autre risque significatif pour la santé humaine lorsque le produit est utilisé selon l'étiquette du pesticide. Les résultats scientifiques de l'Agence sont conformes aux conclusions des examens scientifiques d'un certain nombre d'autres pays ainsi qu'à l'Enquête sur la Santé en Milieu Agricole menée par l'Institut National de la Santé en 2017 [ma note : voir, sur ce site, notamment ici].

 

L'examen mené par l'EPA sur la santé humaine a évalué les expositions alimentaires, résidentielles/non professionnelles, agrégées et professionnelles. En outre, l'Agence a procédé à un examen approfondi de la base de données sur le cancer pour le glyphosate, y compris des données provenant d'études épidémiologiques, de cancérogénicité chez l'animal et de génotoxicité.

 

L'évaluation des risques écologiques indique qu'il existe un potentiel d'effets sur les oiseaux, les mammifères et les plantes terrestres et aquatiques. L'EPA a utilisé les méthodes d'évaluation des risques les plus récentes, y compris une évaluation des effets potentiels de l'exposition au glyphosate sur les animaux et les plantes. Des détails complets sur ces effets potentiels ainsi que sur les méthodes d'estimation de l'EPA peuvent être trouvés dans l'évaluation des risques écologiques.

 

Pour lire les projets d'évaluation des risques et les documents à l'appui, allez à www.epa.gov/ingredients-used-pesticide-products/draft-human-health-and-ecological-risk-assessments-glyphosate. Les projets d'évaluation des risques et les documents à l'appui seront disponibles dans le dossier d'examen de l'enregistrement du glyphosate EPA-HQ-OPP-2009-0361 sur www.regulations.gov au début de 2018. L'EPA ouvrira une période de consultation publique de 60 jours pour les projets d'évaluation des risques, évaluera les commentaires reçus et considérera toutes les options de gestion des risques potentiels pour cet herbicide.

 

L'EPA devrait publier la décision provisoire quant à l'examen de l'homologation du glyphosate en 2019. La décision provisoire quant à l'examen de l'homologation indiquera les mesures d'atténuation proposées pour réduire les risques, le cas échéant.

 

Contactez-nous pour poser une question, fournir des commentaires ou signaler un problème. »

 

Ce communiqué sonne de manière un peu inquiétante s'agissant du « potentiel d'effets sur les oiseaux, les mammifères et les plantes terrestres et aquatiques ». Voici les points résumés du document correspondant :

 

  • On ne s'attend pas à ce que l'exposition aux résidus de glyphosate dans l'eau résultant des dérives de pulvérisation ait un impact sur la survie, la croissance ou la reproduction des invertébrés aquatiques, des poissons, des plantes aquatiques non vasculaires, ou des plantes vasculaires submergées dans les eaux de surface adjacentes aux champs traités.

 

  • On ne s'attend pas à ce que l'exposition aux résidus de glyphosate résultant de son application aux environnements aquatiques ait un impact sur la survie, la croissance ou la reproduction des invertébrés aquatiques ou des poissons dans les eaux de surface traitées.

 

  • L'exposition aux résidus dans les eaux résultant des dérives de pulvérisation ou des applications à des environnements aquatiques peut impacter la survie et/ou la biomasse de plantes vasculaires et non vasculaires émergentes (applications à des environnements aquatiques seulement) dans les eaux de surface adjacentes aux champs traités ou dans le milieu aquatique traité.

 

  • Si l'on dispose de données de toxicité aiguë par contact et oral pour les adultes et des données de toxicité en semi-champ qui suggèrent que la toxicité de l'exposition au glyphosate est faible, les concentrations environnementales estimées sont supérieures aux concentrations les plus élevées testées dans des essais de toxicité sur abeilles. En raison d'un manque de données de toxicité obtenues à des concentrations de test supérieures, il n'est pas clair si l'exposition aux résidus de glyphosate sur le feuillage résultant d'une application directe ou d'une dérive d'application à des taux d'application supérieurs ou égaux à 2,15 kg m.a./ha pourrait avoir un impact sur la survie, la croissance et/ou la reproduction des larves d'abeilles. Également en raison d'un manque de données de toxicité obtenues à des concentrations de test supérieures, il est incertain s'il pourrait y avoir des effets aigus potentiels sur les abeilles adultes à des doses d'application supérieures à 6,4 kg m.a./ha. D'autres études de toxicité avec d'autres types d'invertébrés terrestres (acariens prédateurs, vers de terre, guêpes parasites) sont également disponibles, avec généralement aucun effet rapporté jusqu'à la dose maximale testée. Dans une étude sur un acarien prédateur, la DL50 7-d a été annoncée à 1.200 g m.a./ha (1,1 lb/A) (MRID 45767105).

 

 

 

 

  • L'exposition aux résidus de glyphosate sur le feuillage résultant d'une application directe ou d'une dérive de pulvérisation peut avoir un impact [may impact] sur la croissance des oiseaux (substituts pour des amphibiens à phase terrestre), mais peut ne pas avoir un impact sur les paramètres de reproduction.

 

  • L'exposition aux résidus de glyphosate sur le feuillage résultant d'une application directe ou d'une dérive de pulvérisation peut avoir un impact [may impact] sur la croissance et la reproduction des mammifères terrestres pour des applications aériennes sur la canne à sucre ainsi que pour la plupart des usages généralement appliqués par des applications au sol jusqu'à la dose annuelle combinée maximale.

 

  • L'exposition aux résidus de glyphosate sur le feuillage résultant d'une dérive de pulvérisation peut avoir un impact [may impact] sur la survie et/ou la biomasse de plantes terrestres et de plantes ripuaires ou de zones humides dans les zones adjacentes au champ traité. »

 

L'inélégance, et les barbarismes, de la traduction est à la mesure du salmigondis original. Les traducteurs ont une expression pour cela, shit in, shit out. Mais au-delà de l'indigence rédactionnelle, le constat est simple : pas de quoi fouetter un chat...

 

...Mais de quoi fouetter l'activisme anti-pesticides.

 

C'est que « On ne s'attend pas... » (exposure […] is not anticipated to [...] »), donc on n'est pas sûr ! Et puis, « L'exposition […] peut impacter.... » On apprend ainsi avec stupeur et tremblements que l'application délibérée de glyphosate sur, par exemple, une mare va détruire les plantes aquatiques dont une partie émerge de l'eau. De même, les dérives s'obstinent à faire ce pour quoi le produit a été conçu (mais guère plus)... Rappelons que pour protéger les espaces aquatiques, il y a des obligations de distance (cinq mètres en France).

 

Comment résumer le très long paragraphe sur les abeilles ? On ne sait pas... En fait, il est incertain s'il pourrait... ce que l'on peut considérer comme une incertitude élevée au carré. Pour une grande partie, les incertitudes concernent des doses supérieures voire très supérieures (6,4 kg m.a./ha !) aux doses normalement appliquées. Et on a de bonnes indications pour d'autres invertébrés comme les acariens prédateurs, les vers de terre et les guêpes parasites.

 

Les manœuvres ont déjà commencé aux États-Unis d'Amérique, apparemment selon trois axes : la contestation de la conclusion sur la cancérogénicité (il y a de très gros enjeux militants et financiers...) ; la corruption alléguée de l'EPA, en cheville avec Monsanto (les complots, ça marche toujours...) ; les effets environnementaux, le papillon monarque étant appelé à la rescousse.

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