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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate : que les politiciens arrêtent le délire !

19 Juin 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup), #Union européenne, #Politique

Glyphosate : que les politiciens arrêtent le délire !

 

 

 

Or donc, le 6 juin 2016, pour la troisième fois, les États membres de l'Union européenne n'ont pas trouvé une majorité pour accepter – ou repousser – la dernière proposition de la Commission qui consistait à renouveler l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate pour une durée de 18 mois (sauf erreur), le temps que l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) produise son rapport final à la suite de la mise en consultation de sa proposition de classement et d'étiquetage harmonisés. Demain (20 juin 2016) sera peut-être le dernier jour pour les gouvernements des États membres pour répondre avec honneur à leurs devoirs.

 

Nous sommes à quelques heures du verdict. Espérons que la Commission n'aura pas à fabriquer en dix jours une dernière solution de repli, c'est-à-dire que les gouvernements des États membres auront saisi les vrais enjeux et pris la mesure de leurs responsabilités.

 

Les jeux sont sans nul doute faits dans les capitales. Il ne sert donc plus à rien de tenter, avec des billets de la onzième heure, de convaincre le gouvernement français qu'une bonne entente – illusoire... – avec la mouvance verte ne vaut pas son vrai prix économique et politique. Aussi, nous ratisserons plus large.

 

 

Vous avez droit à vos opinions, pas à vos « faits »...

 

Résumons : toutes les évaluations ont récemment conclu que cette substance ne présente pas de risque particulier lorsqu'elle est utilisée selon les bonnes pratiques.

 

C'est l'avis du BfR allemand – qui a fait le travail de défrichage pour le compte de l'Europe et qui vient de remettre une couche le 19 mai 2016 –, de l'ANSES française, de l'EFSA européenne (avec le concours d'experts nationaux unanimes, Suède exceptée), de l'ECHA européenne, de l'ARLA de Santé Canada, et de l'EPA états-unienne, ainsi que de la réunion commune de l'OMS et de la FAO chargée de faire des recommandations sur les résidus de pesticides dans les aliments.

 

Le jour où la chienlit – chienlit parce que des États membres ont adopté des postures politiciennes sur un sujet de nature éminemment technique – a de nouveau prévalu à Bruxelles, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) suisse a mis à jour sa fiche sur le glyphosate :

 

« Comme d’autres comités d’experts reconnus internationalement, l’OSAV juge peu probable que le glyphosate présente un risque cancérogène pour l’homme via l’alimentation. Du point de vue sanitaire, il ne voit donc pas l’utilité de modifier les valeurs maximales en vigueur ou de prendre d’autres mesures visant à réduire l’exposition. »

 

La seule exception est le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une organisation dépendant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) mais jouissant d'une certaine indépendance. Au terme d'une procédure très contestable, sur laquelle pèsent des soupçons de fraude ainsi que nous l'avons abondamment relaté sur ce site, il a classé le glyphosate en « cancérigène probable ». Comme, par exemple, la viande rouge (la charcuterie étant « cancérigène certain »), ou l'activité de coiffeur. (L'article du Lancet qui résume les conclusions de la monographie du CIRC a été traduit en français par le Centre Léon Bérard.)

 

L'exception – à supposer que le classement du CIRC soit fondé sur une évaluation rationnelle et honnête (ce qui est contesté poliment par nombre des agences susmentionnées) – est apparente : le CIRC évalue des dangers, indépendamment de l'exposition, et les agences d'évaluation précitées, l'ECHA exclue, évaluent des risques, tenant notamment compte de l'exposition.

 

Les lecteurs qui comprennent vite seront priés d'excuser l'insistance : l'ECHA travaille sur la base du même principe que le CIRC – à savoir l'évaluation des dangers. Elle a aussi infirmé, en pratique, l'évaluation du CIRC au terme d'une longue analyse. Elle a conclu, en bref, qu'il n'y avait pas lieu de classer le glyphosate comme substance dangereuse du point de vue de la cancérogénicité et d'autres aspects de santé. La différence d'opinion réside essentiellement dans le fait suivant : le CIRC a décidé de se fonder sur une petite poignée d'études allant dans le sens de la cancérogénicité qu'il a jugées crédibles ; l'ECHA a pris en compte toutes les études crédibles et appliqué le principe de la prépondérance des preuves (weight of evidence approach).

 

 

Vous n'avez pas le droit de repousser constamment la cible

 

 

 

Il arrive un moment où il faut se rendre à l'évidence.

 

Le glyphosate est un produit qui est dans le commerce depuis 40 ans. On en utilise, dans le monde entier, dans les 700.000 tonnes par an. En France, c'est dans les 10.000 tonnes, dont 2000 par les particuliers qui peuvent (encore) l'acheter, concentré ou prêt à l'emploi, dans les jardineries et autres supermarchés. Il a un des meilleurs profils toxicologiques et écotoxicologiques parmi les herbicides. Du point de vue de sa toxicité aiguë, il est moins dangereux que le sel ou le vinaigre.

 

Mais il est devenu l'ennemi public No 1 pour la mouvance anti-pesticides et anti-OGM du fait de son association avec des plantes transgéniques, modifiées pour le tolérer. La manœuvre des activistes est transparente. Faire interdire le glyphosate, c'est fermer la porte à un pan entier des applications de la transgénèse.

 

Tous les moyens sont donc bons pour l'opposition obstinée. Mais il n'est pas bon pour notre démocratie que des gouvernants sortent une nouvelle objection du chapeau – en fait de nulle part – quand l'objection précédente a perdu toute crédibilité.

 

 

Le gouvernement français s'est ainsi ridiculisé quand Mme Marisol Touraine a avancé l'argument de la perturbation endocrinienne le 18 mai 2016. Nous considérons qu'il s'agit là d'un mensonge d'État. C'est aussi perturbant parce que la crédibilité de l'ANSES est sapée, elle qui a jugé en février 2016, sur la base d'une analyse scientifique :

 

« ...peu probable que le glyphosate ait un effet potentiel sur la perturbation endocrinienne des voies dépendantes de la régulation œstrogénique. »

 

 

Il vous appartient de faire un état des lieux de la contestation...

 

 

Pendant longtemps, l'activisme s'est fondé sur des « études » de chercheurs dont le militantisme est patent, voire ouvertement affiché. Chaque nouvelle « étude » provoquait une extase chez les activistes, et un prurit dans la médiasphère.

 

 

Le comble a sans nul doute été atteint avec cette fameuse « étude » sur les rats, publiée puis dépubliée par Food & Chemical Toxicology et republiée dans la revue de série Z, spécialisée dans les pseudosciences, Environmental Sciences Europe. Que reste-t-il – de sérieux – de l'extraordinaire tapage médiatique initié en septembre 2012 ? Rien !

 

L'équipe autour de M. Gilles-Éric Séralini a continué à produire des « études », adossées à des plans com' (à moins que ce ne soit l'inverse). Elles se sont heurtées au fil du temps à une indifférence ambiante qui n'est pas seulement un symptôme de lassitude, mais aussi le signe d'une prise de conscience.

 

 

Ainsi, « Cardiotoxic Electrophysiological Effects of the Herbicide Roundup® in Rat and Rabbit Ventricular Myocardium In Vitro », d'octobre 2015, a été « vendu » avec une anecdote :

 

« Les résultats de cette nouvelle étude pourraient expliquer des anecdotes de chasseurs signalant des cas de mort subite de lapins après avoir traversé un champ fraîchement traité au Roundup, ou encore les cas de propriétaires d'animaux de compagnies, comme les chiens, décédant après des épandages domestiques de Roundup – ainsi que les cas documentés de personnes souffrant de troubles cardiaques après un empoisonnement au Roundup. »

 

Écho médiatique nul. Mais écho scientifique également nul. L'article n'a pas été pris au sérieux ; l'anecdote encore moins.

 

 

Quand il y a un écho médiatique, et un besoin de répondre par de la science, l'EFSA, sur demande de la Commission européenne, produit une réfutation, certes polie, mais ravageuse. C'est par exemple le cas de « Laboratory Rodent Diets Contain Toxic Levels of Environmental Contaminants: Implications for Regulatory Tests ». Avec cet article de juillet 2015, on a tenté, avec des erreurs d'interprétations monumentales et incompréhensibles, de « démontrer » que les évaluations toxicologiques de pesticides et d'OGM étaient faussées. Quelle suite ? Aucune.

 

Plus près de nous, le 11 avril 2016, M. Christian Vélot a publié « Multiple effects of a commercial Roundup® formulation on the soil filamentous fungus Aspergillus nidulans at low doses: evidence of an unexpected impact on energetic metabolism ». C'est derrière un péage mais, curieusement, on peut en demander une copie dans la cadre du PICRI (ça doit être l'application de la coconstruction de la connaissance dans le cadre des sciences participatives financées par des fonds publics...). Souvent, ce genre d'article fait l'objet d'une publication parallèle référencée par Google Scholar. Ici, rien.

 

Il y eut évidemment un communiqué de presse fort anxiogène avec Générations Futures, expert en communication, à la manœuvre : « [Nouvelle étude ] Le Roundup : toxique à des doses très inférieures à la dilution agricole ! » L'introduction ratisse large :

 

« Une nouvelle étude scientifique publiée récemment dans la revue internationale Environmental Science and Pollution Research vient renforcer les craintes formulées par de nombreux scientifiques et par la société civile vis-à-vis de certains herbicides et OGM. »

 

Écho ? Nul ou presque ! C'est pourtant un article sur un sujet peu évoqué : les micro-organismes du sol. Ça n'a même pas inspiré ce couple très médiatique qui proclame urbi et orbi que les sols sont morts...

 

Ce ne sont là que des exemples d'un schéma maintes fois répété : il s'agit pour partie de science et pour partie de « science » dont l'objectif principal est d'en appeler, non pas à la raison, mais à l'émotion.

 

 

...ou plus simplement, de vous référer à toute la monographie du CIRC sur le glyphosate

 

On peut aussi faire un tour du côté des « trois S » états-uniens : Anthony Samsel, Stephanie Seneff et Nancy Swanson. Ils illustrent un acharnement contre le glyphosate qui a largement alimenté les campagnes de dénigrement.

 

Même l'insomnie !

 

Prenons cette dernière qui a publié un article avec André Leu, président de l'IFOAM, la fédération internationale des mouvements de l'agriculture biologique (c'est là une illustration des liens d'intérêts entre contestation des pesticides et promotion de l'agriculture biologique). Elle a trouvé des corrélations hautement significatives – mais manifestement grotesques – entre l'emploi du glyphosate et : l'hypertension, les accidents vasculaires cérébraux, la prévalence du diabète, l'incidence du diabète, l'obésité, les troubles du métabolisme des lipoprotéines, la maladie d'Alzheimer, la démence sénile, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, l'autisme, la maladie inflammatoire de l'intestin, les infections intestinales, une maladie rénale au stade terminal, l'insuffisance rénale aiguë, les cancers de la thyroïde, du foie, de la vessie, du pancréas, des reins et la leucémie myéloïde.

 

 

Qu'en a fait le CIRC ? Ignoré ! Or, si on a de bonnes raisons de contester le classement final du glyphosate en « cancérogène probable » sur la base d'une surinterprétation d'un nombre très limité d'études, on ne peut pas lui reprocher d'avoir écarté les études qu'il a jugées non pertinentes.

 

La fameuse « étude » sur les rats, le maïs NK 603 et le glyphosate avait permis à l'Obs de titrer le 18 septembre 2012 : « EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons ! ». Sur le journal papier, c'était précédé par « Les révélations d'une étude de scientifiques français ». Qu'en a fait le CIRC ?

 

« Le Groupe de travail a conclu que cette étude menée sur une formulation à base de glyphosate ne se prêtait pas à une évaluation parce que le nombre d'animaux par groupe était petit, que la description histopathologique des tumeurs était pauvre, et que l'incidence des tumeurs n'a pas été fournie pour les animaux individuels. »

 

On peut poursuivre ad nauseam. Et on peut faire le même exercice avec les évaluations des autres agences : toutes ces « études » prétendument dévastatrices pour le glyphosate ou le Roundup sont écartés d'un trait de plume.

 

 

 

Il s'agit du seul glyphosate...

 

Sur le Huffington Post, le député européen Gilles Pargneaux livre un florilège de très mauvaises raisons de s'opposer à la réhomologation du glyphosate sous le titre : « Le difficile combat contre le glyphosate et les OGM pour une Europe de la protection ».

 

Entrée en matière :

 

« Depuis début 2016, le Parlement européen mène un combat difficile contre Monsanto et son herbicide glyphosate, plus connu sous le nom de Round up. »

 

Non, il ne s'agit pas de combattre Monsanto dans cette affaire, mais de se prononcer sur la possibilité de continuer à utiliser un herbicide. Que Monsanto soit accusé de tous les maux de la terre ou presque doit être sans incidence sur la décision réglementaire. Du reste, le glyphosate est tombé dans le domaine public il y a fort longtemps, et les principaux producteurs sont maintenant chinois.

 

Ce manifeste politique est d'une insanité accablante. Malheureusement, il reflète des opinions fort répandues dans la classe politique, à des degrés divers dans l'ensemble de l'éventail des partis.

 

Non, ce n'est pas l'OMS qui a classé le glyphosate en « cancérogène probable », mais le CIRC. Non, il n'y a pas de « preuves accablantes » de la nocivité du produit.

 

Non, il ne s'agit pas de glyphosate, mais d'un produit de déboucchage bien connu...

 

Et la « pression des grandes entreprises du secteur est forte » est une vue de l'esprit de politiciens dont le marketing politique consiste à se présenter comme les défenseurs assiégés de l'intérêt public. Il suffit d'ouvrir les yeux : les entreprises ont plutôt fait profil bas, même devant les campagnes éhontées de l'activisme antipesticides, anti-OGM et anticapitalistes.

 

 

...de ses utilisateurs... et de l'environnement...

 

En fait, l'élimination du glyphosate – efficace, pas cher et peu rentable pour les producteurs des pays développés – du paysage agricole, du domaine public (avec quoi les entreprises du rail contrôlent-elles leurs installations?) et des jardins privés représente une véritable aubaine pour les « grandes entreprises » et – nous l'oserons – les petits arnaqueurs.

 

Une petite visite dans une jardinerie ou sur les sites de vente par Internet suffit : selon un mien bref calcul, un produit de substitution – prétendument « écologique » – revient, à surface traitée égale, près de 15 (quinze) fois plus cher que le glyphosate de la même marque. Si on considère que le produit est bien moins efficace, et qu'il faut traiter deux fois plus, ce n'est plus 15, mais 30.

 

Comme souvent, les milieux intéressés ont fait un mauvais calcul : profil bas pour ne pas donner plus de tonus aux polémiques et des munitions aux activistes, si prompts à traiter de lobbyisme la représentation et la défense d'intérêts légitimes mais contraires à leur idéologie. C'est un pan entier de la problématique agricole et environnementale qui est longtemps resté à l'arrière-plan.

 

Nous serons brefs car, pour nombre de politiciens, les contingences matérielles ne sont qu'un fardeau quand elles ne peuvent pas être converties en discours politiques, de préférence démagogiques : l'élimination du glyphosate de la caisse à outils des acteurs économiques confrontés aux problèmes de mauvaises herbes aura des conséquences graves, et sur l'activité économique, et sur l'environnement.

 

Le glyphosate – c'est contre-intuitif – est un élément important, parfois essentiel, des stratégies de production agricoles économes et « agro-écologiques », quel que soit l'intitulé de la stratégie (sans labour, techniques culturales simplifiées, agriculture de conservation...).

 

Source

 

Vous n'aimez peut-être pas la tribune de M. Gérard Kafadaroff, « Roundup® : vers une interdiction au mépris de la science ? » parce que c'est un ancien dirigeant de Monsanto (France) ? La terre est trop basse pour la hauteur de vos vues ? Vous pouvez vous contenter de lire l'appel de Coop de France :

 

« Elle rappelle que le glyphosate "est reconnu comme un désherbant qui entre dans les stratégies de production durable comme le non-labour et l’agriculture de conservation" et souligne que "son interdiction remettrait en cause des pratiques en plein développement faisant partie intégrante de l’agroécologie". »

 

Le communiqué (accessible à partir d'ici) ajoute :

 

« Pour Christian Pèes, Président de Coop de France Métiers du grain, "La France qui s’apprête à fêter la nuit de l’agroécologie le 23 juin, ne peut, le même jour, donner un tel signe négatif à Bruxelles, en ne soutenant pas le prolongement, limité à 18 mois, d’un des outils de sa mise en œuvre.»

 

 

...mais aussi de la confiance dans les institutions

 

Les États membres ont mis en place des procédures qui leur attribuent prioritairement le siège du conducteur pour les décisions d'exécution telles que celle qui nous préoccupe. C'est pour les gouvernements faire preuve de civisme que d'exercer cette prérogative en fonction des vrais enjeux économiques, politiques et sociaux (dans l'ordre alphabétique) et non de calculs politiciens et électoralistes. Au-delà de la question de la réhomologation du glyphosate, l'Union européenne n'a vraiment pas besoin de nouvelles accusations portées contre la Commission.

 

Quant aux parlementaires et autres politiciens des obédiences « raisonnables », il est temps de reconsidérer les lignes et attitudes politiques.

 

À lire M. Gilles Pargneaux – mais ce n'est qu'un exemple – la Commission agirait sous la pression des « lobbies » (entendez de l'industrie, pas des entités qui font du « plaidoyer » pour faire prospérer leur fond de commerce, ou comme faux-nez pour d'autres intérêts économiques). « L'Union européenne ne doit pas céder aux pressions politiques et économiques de Monsanto! » écrit-il avec lyrisme.

 

L'EFSA est vilipendée de manière grossière, imbécile et insultante :

 

« Affirmons-le : les principes d'indépendance et de transparence ont été complètement bafoués par l'EFSA. Son avis est entièrement fondé sur des études sponsorisées, voire rédigées, par l'industrie agrochimique. L'identité des 73 experts nationaux ayant participé à cette évaluation reste inconnue. Comment écarter leur éventuel lien avec l'industrie dans de telles conditions ? Comment ne pas voir l'action du lobby agrochimique lorsque l'on sait que le Round Up représente pour Monsanto 40% de son chiffre d'affaires annuel ? »

 

Prenons juste un point : l'avis de l'EFSA n'est pas « entièrement fondé... ». Il est peut-être difficile de s'informer en détail pour un politicien devant sautiller d'un sujet à l'autre, mais l'EFSA a publié une foire aux questions dans laquelle on peut lire ceci :

 

« Quelles données ont été utilisées dans l’évaluation de l’UE?

 

L'examen mené par l'EFSA a pris en compte une vaste quantité d'éléments, parmi lesquels le rapport établi par le CIRC. Outre les études originales présentées par les demandeurs conformément aux exigences légales, toutes les études disponibles et publiées à ce jour ont été prises en compte.

 

Bien que le CIRC ait inclus dans sa monographie un certain nombre d'études épidémiologiques initialement absentes du projet d’évaluation de l'UE, ces études ont ensuite été ajoutées au dossier de l'UE.

 

Au total, l’EFSA a évalué plus d'éléments, y compris certaines études supplémentaires n'ayant pas été considérées par le CIRC. »

 

Par ailleurs, depuis le temps que les évaluations de produits sont polémiques, les contributeurs à la législation européenne devraient savoir que la procédure exige que les demandeurs soumettent les études auxquelles ils ont procédé eux-mêmes ou qu'ils ont déléguées à des laboratoires soumis à des normes internationales.

 

Affirmons le : les propos de M. Pargneaux – et de bien d'autres – ressortissent à une gesticulation indigente et indigne. Se faire bateleur d'estrade peut apporter des voix à court terme ; à long terme, cela profite aux partis et groupes qui, à l'extrême droite et, peut-être, à l'extrême gauche, fondent leur stratégie électorale sur la contestation des institutions. Le Front National est plutôt discret : M. Pargneaux et ses coreligionnaires font le travail pour lui...

 

« ...C'est seulement ainsi que nous restaurerons la confiance des européens et des européennes dans les institutions européennes. »

 

Le pyromane a beau se faire pompier, enfin donner des leçons de lutte contre les incendies. Il devrait savoir que, quelle que soit la rapidité et l'efficacité de l'intervention des soldats du feu, l'incendie détruit.

 

 

N'abusez pas du « principe de précaution »

 

Toujours dans les mâles propos de M. Pargneaux :

 

« Le principe de précaution doit systématiquement prévaloir! »

 

 

C'est un peu plus élaboré, et plus focalisé, pour la sénatrice Aline Archimbaud sur Public Sénat :

 

« La France pourrait interdire de manière unilatérale la vente du glyphosate. Elle peut en vertu d’un règlement européen de 2009, même si la décision au plan européen était positive c’est-à-dire si on autorisait de nouveau la vente libre du glyphosate, au nom du principe de précaution, parce qu’il y a un risque sanitaire, un doute, prendre une position plus dure et interdire le glyphosate ».

 

Suivons la ligne politique de M. Pargneaux et de Mme Archimbaud : interdisons toutes les substances, tous les agents, toutes les activités que le CIRC a classés en 2A (cancérogène probable) comme le glyphosate ou, a fortiori, 1 (cancérogène certain).

 

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A
Il n'y a pas que les politiciens et les ministres, il y a aussi l'Anses qui fait le service après vente avec le retrait de 132 autorisations des produits associant la substance active glyphosate au co-formulant POE-Tallowamine suite au réexamen des autorisations de mise sur le marché de ces produits. <br /> Il n'y a ni hasard, ni science dans cette affaire mais de l'idéologie ! N'a-t-on pas vu l'ancien directeur général de l'Anses passer à la direction de l'évaluation des risques au sein du ministère de l'environnement, et depuis, la ministre se déchaîne ...
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Mais... « suite au réexamen des autorisations de mise sur le marché de ces produits » ? Où est ce réexamen ?<br /> <br /> M'est avis que l'ANSES, le doigt sur la couture...<br /> <br /> Le Science & Vie de juillet comporte un article sur le glyphosate. Pensée forte de Gérard Lasfargues, le nouveau DG de l'ANSES :<br /> <br /> « pour l'EFSA, c'est circulez, il n'y a rien à voir ».<br /> <br /> Ça promet...