Les agriculteurs nigérians accueillent les nouvelles variétés de manioc : « Ma joie ne connaît pas de limites »

Les agriculteurs nigérians accueillent les nouvelles variétés de manioc : « Ma joie ne connaît pas de limites »

Nkechi Isaac*

Image : des agriculteurs nigérians nettoient du manioc. Shutterstock/Agbebiyi Adekunle Sunday

Les agriculteurs nigérians sont enthousiasmés par l'approbation par le gouvernement de cinq nouvelles variétés de manioc NextGen qui promettent de doubler les rendements et d'offrir d'autres avantages.

« Ma joie ne connaît pas de limites », a déclaré M. Adesina Adeagbo, directeur général de Greenland Farm. « L'approbation des nouvelles variétés signifie que nous pouvons avoir de meilleures semences résistantes aux conditions météorologiques pour les mettre en terre l'année prochaine. »

M. Adeagbo a noté que 2020 a été l'une des pires saisons de plantation que les producteurs de manioc du Nigeria aient jamais connue, car les retards de pluie ont entravé la croissance des racines de la plante et les agriculteurs qui ne pouvaient pas se permettre d'acheter des herbicides et des pesticides ont perdu une énorme partie de leur production à cause des mauvaises herbes et des insectes nuisibles.

Mme Angela Opara, fondatrice de Chinonye Local Food Processor, est d'accord pour dire que la prochaine saison de plantation est prometteuse grâce à l'introduction des nouvelles variétés. La longue durée de conservation des variétés NextGen permet d'éviter que le manioc ne fermente avant d'arriver sur le marché, a déclaré Mme Opara.

Mme Opara – qui a participé avec d'autres agriculteurs aux essais sur le terrain des nouvelles variétés – a noté l'augmentation du rendement des nouvelles variétés comme un autre point fort à prévoir pour la saison à venir. Elles sont également résistantes, notamment, à la mosaïque du manioc, à labactériose vasculaire et à des insectes nuisibles comme le tétranyque vert du manioc.

Les variétés de manioc dont l'homologation a été approuvée – Game-Changer, Hope, Obasanjo-2, Baba-70 et Poundable – ont été développées par le National Root Crops Research Institute (NRCRI) et l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA), avec le soutien de NextGen Cassava, un projet basé au Département du Développement Mondial de l'Université Cornell.

Les cinq nouvelles variétés sont destinées à servir trois segments de marché différents : les produits granulés et en pâte (garri/fufu), l'industrie (amidon) et le marché du frais, a déclaré M. Chiedozie Egesi, chef de projet pour NextGen.

« Ce n'est plus une nouvelle que le Nigeria est le plus grand ou le plus important producteur de manioc au monde. Ce qui est important, c'est de savoir ce que le Nigeria fait de cette production. Le Nigeria exploite-t-il au maximum son potentiel de production de manioc ? », a déclaré M. Egesi, qui pense que les nouvelles variétés peuvent contribuer à relancer le secteur agricole du pays.

« Le manioc est un aliment de base important au Nigeria, mais nous n'avons pas vraiment harmonisé les différentes utilisations du manioc. Nous sommes le plus grand producteur de manioc, mais nous ne produisons encore qu'un quart de ce que nous devrions produire et c'est là que réside l'intérêt du projet », a-t-il ajouté.

Sélection génomique

Les cinq nouvelles variétés ont été développées à l'aide d'un outil appelé sélection génomique, qui utilise la modélisation mathématique combinée aux informations des données ADN pour sélectionner les meilleures variétés à tester sur le terrain. « Parmi plus de 5.000 variétés potentielles qui ont été développées, nous en avons retenu cinq qui, selon nous, feront progresser l'industrie du manioc », a expliqué M. Egesi.

Avant leur diffusion, elles ont été testées par plus de 100 agriculteurs dans 13 États nigérians représentant 10 zones agroécologiques.

Les nouvelles variétés, qui sont sélectionnées de manière conventionnelle, ont un rendement élevé et peuvent résister à certains des pires parasites et maladies du manioc. Certaines variétés présentent d'autres caractéristiques uniques qui les distinguent sur le marché, notamment la tolérance à la sécheresse et une teneur en matière sèche constamment élevée.

« Vous savez, lorsque nous parlons de rendement, nous parlons de rendement par unité de surface et de temps », a déclaré M. Egesi. « Donc, par unité de surface, si j'obtenais couramment huit tonnes par hectare, ce qui était le rendement moyen des agriculteurs dans le passé, nous serons en mesure de le doubler et c'est ce que les nouvelles variétés ont montré. Ainsi, vous avez doublé votre rendement sur la même surface et dans le même laps de temps, ce qui représente un véritable bond en avant pour vos revenus. »

Certaines des nouvelles variétés offrent également un niveau constant de teneur en matière sèche, quel que soit le moment où les agriculteurs récoltent.

« Dans l'ancienne variété, lorsqu'il y a trop de pluie, la teneur en matière sèche diminue », a déclaré M. Egesi. « L'industrie n'aime pas acheter ce type de variétés et lorsqu'elle le fait, elle paie moins les agriculteurs et ceux-ci perdent de l'argent. Mais ces nouvelles variétés offrent une meilleure valeur aux agriculteurs. C'est très important pour nous et c'est ce que nous voulons réaliser. »

M. Egesi a maintenu que pour que le Nigeria réussisse à faire passer son économie du pétrole brut à la production agricole, il doit fournir aux agriculteurs les bonnes semences.

« Donc, nous devons avoir mis tout cela au point », a-t-il opiné. « Nous n'avons pas investi dans l'industrie des semences pour le manioc. Nous ne faisons que commencer maintenant. Nous avons beaucoup de choses en cours, mais la base est la variété et c'est ce que le manioc NextGen essaie d'améliorer. »

Les agriculteurs pourront acheter des semences pour les cinq nouvelles variétés d'ici la prochaine saison de plantation auprès des entreprises de semences de première génération, IITA GoSeed et Umudike Seeds. Les deux entreprises privées certifiées par le Conseil National des Semences Agricoles (NASC) ont pu multiplier rapidement les semences en utilisant une nouvelle technologie appelée système hydroponique semi-autotrophe (Semi-Autotrophic Hydroponic – SAH).

Le conseil des semences réglemente le système pour s'assurer que les gens achètent des semences authentiques et de qualité, a-t-il ajouté.

La seule partie production de la chaîne de valeur du manioc pourrait fournir au Nigeria 16 millions d'emplois, et ce, dans l'agriculture, la distribution et la vente d'intrants agricoles, la transformation, la commercialisation, etc. M. Egesi a souligné que l'agriculture doit être traitée comme une entreprise afin d'encourager l'intérêt des jeunes.

« Nous ne maximisons pas la production de manioc parce que nous n'avons pas une chaîne de valeur bien définie, et vous ne pouvez pas maximiser la production sans les bonnes variétés », a-t-il déclaré. « Nous avons donc préconisé le renforcement de la chaîne de valeur des semences en encourageant le système des agropreneurs. C'est une opportunité que les jeunes devraient être encouragés à saisir. Donner ces semences serait donc dissuasif pour ce que nous préconisons. L'époque où l'on donnait des semences gratuitement est révolue. Nous devrions encourager l'agrobusiness à dynamiser l'agriculture et à en tirer le maximum de bénéfices. »

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* Source : Nigerian farmers welcome new cassava varieties: 'My joy knows no bounds' - Alliance for Science (cornell.edu)