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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Kolkhoze ou sovkhoze parisien « Anne Hidalgo » : qu'en pensent Mme Géraldine Woessner et M. Gil Rivière-Wekstein ?

10 Novembre 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Politique

Kolkhoze ou sovkhoze parisien « Anne Hidalgo » : qu'en pensent Mme Géraldine Woessner et M. Gil Rivière-Wekstein ?

 

Glané sur la toile 435

 

 

– Stop ! Nous sommes au bord du précipice !!

– Moi, je pense que je peux encore avancer de quelques pas !!

 

 

Les grandes manœuvres électorales – lire : les petites bassesses électoralistes – pour les prochaines municipales ont commencé. Selon le positionnement politique, les candidats déclarés ou potentiels donnent quelques coups de barre à droite – histoire de ramener des voix qui pourraient aller vers la droite bien à droite – ou à... non, pas à gauche – la vraie gauche est atomisée et contaminée – mais vers le « vert ».

 

 

Paris, capitale agricole...

 

Mme Anne Hidalgo, maire sortante de Paris et peu désireuse de sortir, a fait particulièrement fort de sa propre initiative ou par soutiens (lire : faux-nez) interposés.

 

Le 28 octobre 2019 (date sur la toile), un « collectif » constitué d'un trio publiait une tribune dans le Monde, « "Nous pouvons faire de Paris une capitale agricole" ». Rien que ça ! En chapô :

 

« Dans une tribune au "Monde", Célia Blauel et Pénélope Komitès, adjointes à la Mairie de Paris, et le voyagiste Jean-François Rial, membres de la plate-forme citoyenne Paris en commun, qui soutient Anne Hidalgo, proposent de créer AgriParis, une coopérative pour permettre à Paris de produire directement ses denrées alimentaires. »

 

En bref :

 

« ...la plate-forme citoyenne Paris en commun, qui s’est engagée aux côtés d’Anne Hidalgo, propose de créer la coopérative agricole AgriParis afin de gérer l’approvisionnement en alimentation biologique, locale, éthique, sociale, bref, écologique de la capitale. »

 

De là, on embraye sur la méthode Coué avec un raisonnement des plus bancals :

 

« Dans une ville comme Paris, relocaliser l’alimentation est vital. Et la bonne nouvelle, c’est que c’est possible : les services publics parisiens produisent plus de trente millions de repas par an, que ce soit pour les crèches, les écoles, les agents de la ville ou les personnes âgées, pour près de 55 millions d’euros d’achat de denrées alimentaires. La puissance publique municipale peut donc avoir une vraie capacité d’entraînement. »

 

 

« Contourner » le code des marchés publics

 

Dans « Quand Anne Hidalgo réinvente le sovkhoze », dans le Point, Mme Géraldine Woessner rappelle implicitement que cette Schnapsidee, cette idée saugrenue, est aussi le fruit de l'imbécillité législative :

 

« ...la proposition [...] part pourtant d'une bonne intention : pour se conformer à la loi Egalim, les collectivités devront, dès 2022, inclure dans leurs repas au moins 50 % de produits locaux ou répondant à un critère de qualité, dont 20 % de produits bio.

 

[…] explique le premier adjoint Emmanuel Grégoire. "[…] Aujourd'hui, le code des marchés publics nous empêche d'imposer un critère de distance dans les contrats que nous passons. Nous devons trouver un outil juridique pour sécuriser l'approvisionnement local." Son idée : créer une coopérative, baptisée Du champ à l'assiette, pour racheter des terres agricoles, prendre des participations dans des exploitations existantes ou en créer sur les réserves foncières de la ville. "Nous espérons, dans un premier temps, exploiter 250 hectares."

 

Cette manœuvre – en clair : ce passage dans une forme d'illégalité – est rappelée plus loin :

 

« "Cela reste très positif, car il y a urgence", constate Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) et président de la commission restauration scolaire de l'Association des maires de France (AMF). "Si on veut avancer en restauration collective en approvisionnement local et bio, il faut absolument trouver des moyens de contourner le code des marchés publics.»

 

 

Ne nous fâchons pas...

 

Mme Géraldine Woessner interroge quelques acteurs de la vie économique au fait des réalités agricoles et alimentaires.

 

Certains s'esclaffent à juste titre. Curieusement (ou peut-être pas... il faut savoir rester bien avec tout le monde), le président de la Chambre d'Agriculture de l'Île-de-France tient un discours ambivalent :

 

« Ils veulent des agriculteurs fonctionnaires, comme au bon temps de l'URSS ? […] Ça ne tient pas la route ! Les coopératives existent, l'État n'a pas à se substituer aux professionnels. »

 

Et plus loin, notamment :

 

« "Ils auraient dû m'appeler avant de faire leur annonce", regrette Christophe Hillairet, convaincu au contraire que l'idée, loin d'être idiote, est riche de promesses si elle est "correctement travaillée". »

 

Lisez la suite sur le Point. On y distille le chaud et le froid.

 

Voici un autre propos de M. Christophe Hillairet que l'on devrait méditer :

 

« Le bio et le local, c'est plus cher à produire : le blé bio s'achète 530 euros la tonne au moulin, contre 180 euros pour le blé conventionnel. Avant de promettre de faire du 100 % bio, il faut réfléchir au prix qu'on est prêt à payer. »

 

« On », dans cette citation, c'est le citoyen-contribuable...

 

 

Ni possible, ni souhaitable...

 

Atlantico a interrogé M. Gil Rivière-Wekstein et produit un article dont le titre donne déjà la conclusion : « Faire de Paris une capitale agricole auto-suffisante : une idée de l’équipe Hidalgo qui n’est ni possible, ni souhaitable ».

 

Notons que M. Gil Rivière-Wekstein est rédacteur pour la revue Agriculture et Environnement. Il n'a aucun intérêt « régionaliste » ou clientéliste à défendre.

 

Sur la question du possible, par exemple :

 

« Pour fournir les 30 millions de repas simplement en carottes, en choux-fleurs et en salades, on aurait besoin d’au moins 600 ha. Pour le reste, si la Mairie compte s’approvisionner auprès des exploitations maraîchères existantes, elle va très vite être confrontée à la faible diversité des fruits disponibles en région parisienne, puisqu'il y a principalement des producteurs de pommes, de poires et de cerises. Cela ne donnera pas une grande variété de fruits pour nos enfants ! Tout cela ne semble donc pas très sérieux. »

 

Notons que le tir est un peu court ! Car ce constat n'est pas que une sentence de condamnation de la seule Ville de Paris, mais de la loi « Egalim » et, au-delà, de l'incurie gouvernementale et législative.

 

Sur la question du souhaitable :

 

« D’une part, ce serait un gouffre financier au regard du coût totalement prohibitif des terres agricoles de la région parisienne, et d’autre part, on fait déjà face à un manque de main-d’œuvre agricole disponible dans la région. Celle-ci y est en concurrence directe avec des métiers non qualifiés bien moins contraignants. »

 

Cela pourrait être une conclusion :

 

« Tout cela relève d’annonces électoralistes pour attirer les voix des Parisiens bobo-écolos qui fantasment sur des jardins potagers. Nous avons connu la mode du « bio », maintenant nous subissons le fantasme du « local ». Ce qui, pour une grande région comme Paris, reste totalement utopique. »

 

Quoique... en matière de persévérance dans la connerie…

 

 

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J
Il y a de ça quelques mois roumain me racontait comment Ceaușescu débarquait dans les campagnes et donnait des directives aux chefs de cultures des fermes d'état. J'ai l'impression d'en voir le copié/collé dans les déclarations des édiles parisiens. Ça fait froid dans le dos quand on sait comment les gens vivaient dans "le paradis socialiste".
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Soyez optimiste ! Il y aura la solution du recours à d'autres producteurs et des importations...
M
Bonjour, car bien sur, ils vont produire du bio, avec quels rendements ? quel personnel ? quelle sécurité sanitaire ? c'est Pole Emploi qui va leur fournir la main d'œuvre ou les immigrés clandestins ? Il faudra livrer sur place , dans les écoles mais aussi chez les BoBos particuliers mais alors avec des véhicules électriques ou par drones ? Ces gens sont complètement en dehors de la réalité; ils ne pensent qu`à leur propre intérêt financier et électoraliste (qui est souvent le même).
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Voyons, voyons ! Une municipalité de "gôche" ne peut qu'employer des fonctionnaires.<br /> <br /> N'est-il pas prévu de "gérer l’approvisionnement en alimentation biologique, locale, éthique, sociale, bref, écologique de la capitale" ?<br /> <br /> Cette alimentation ne saurait être éthique et sociale avec des gens envoyés par Pôle Emploi. Il faudra du personnel sous statut, et un statut avantageux l'incitant à se mettre au service de la Ville et à trouver radieuse la vie difficile du ramasseur de courgettes (j'ai de l'expérience dans ce domaine…).<br /> <br /> Enfin, il y a peut-être un vivier… ces diplômés qui sont partis trimer en Hongrie (cf. Le Monde).
J
En lisant hier votre article sur la fin du mur de berlin et les histoires des commentaires je me disait que le Mal n'avait pas disparu et que nos écolos bobos étaient aujourd'hui des champions des fausses informations et qu'avec le Bio ils nouriraient plus de Monde.pour truquer les chiffres ils sont bons<br /> Votre présentation des études si les anglais passaient tout en Bio m'ont rappelé l'inquiétude que les émeutes de la Fin avait provoquée chez les Anglais.c'est Michel Dantin qui le disait.Avant les Anglais pensaient avoir toujours de quoi se nourir en achetant pas cher.La crise vers 2007 si je me trompe pas leurs avaient ouvert les yeux.Pour moi il y a certainement une relation avec leurs études pour savoir de combien le Bio diminuerait l'Offre de nourriture.En lisant le livre mémoire de Louis Mermaz il est né en 1931 j'ai été surpris par le nombre de fois où il disait qu'il avait connu les tickets de rationnement et que celà l'avait marqué.Malheureusement aujourd'hui d'avoir trop Bon à manger provoque cette crise d'enfants trop gâtés.bon dimanche.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Les émeutes de la faim de 2007-2008, c'était surtout dans certains pays en développement.<br /> <br /> Je n'ai pas le souvenir d'Anglais préoccupés (outre mesure) par leur approvisionnement alimentaire, mais il y a eu (quand ?) un épisode de pénurie de salades dû à des intempéries en Espagne.<br /> <br /> Dans "le bon vieux temps", la France nourrissait bien sa population… dix mois sur douze. Je crois que c'est de Jean Boulaine, mais j'ai du mal à retrouver la source dans mon capharnaüm.<br /> <br /> Oui, oui, les écolos bobos sont des champions des fausses informations, style "l'agriculture biologique POURRAIT nourrir le monde".<br /> <br />
U
Cela me rappelle qu'il y a quelques années, la mairie de Paris avait décidé d'implanter quelques petites éoliennes sur des toits de Paris. On a fini par constater qu'elles ne produisaient strictement rien.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Je ne savais pas...