Kolkhoze ou sovkhoze parisien « Anne Hidalgo » : qu'en pensent Mme Géraldine Woessner et M. Gil Rivière-Wekstein ?
Glané sur la toile 435
– Stop ! Nous sommes au bord du précipice !!
– Moi, je pense que je peux encore avancer de quelques pas !!
Les grandes manœuvres électorales – lire : les petites bassesses électoralistes – pour les prochaines municipales ont commencé. Selon le positionnement politique, les candidats déclarés ou potentiels donnent quelques coups de barre à droite – histoire de ramener des voix qui pourraient aller vers la droite bien à droite – ou à... non, pas à gauche – la vraie gauche est atomisée et contaminée – mais vers le « vert ».
Mme Anne Hidalgo, maire sortante de Paris et peu désireuse de sortir, a fait particulièrement fort de sa propre initiative ou par soutiens (lire : faux-nez) interposés.
Le 28 octobre 2019 (date sur la toile), un « collectif » constitué d'un trio publiait une tribune dans le Monde, « "Nous pouvons faire de Paris une capitale agricole" ». Rien que ça ! En chapô :
« Dans une tribune au "Monde", Célia Blauel et Pénélope Komitès, adjointes à la Mairie de Paris, et le voyagiste Jean-François Rial, membres de la plate-forme citoyenne Paris en commun, qui soutient Anne Hidalgo, proposent de créer AgriParis, une coopérative pour permettre à Paris de produire directement ses denrées alimentaires. »
En bref :
« ...la plate-forme citoyenne Paris en commun, qui s’est engagée aux côtés d’Anne Hidalgo, propose de créer la coopérative agricole AgriParis afin de gérer l’approvisionnement en alimentation biologique, locale, éthique, sociale, bref, écologique de la capitale. »
De là, on embraye sur la méthode Coué avec un raisonnement des plus bancals :
« Dans une ville comme Paris, relocaliser l’alimentation est vital. Et la bonne nouvelle, c’est que c’est possible : les services publics parisiens produisent plus de trente millions de repas par an, que ce soit pour les crèches, les écoles, les agents de la ville ou les personnes âgées, pour près de 55 millions d’euros d’achat de denrées alimentaires. La puissance publique municipale peut donc avoir une vraie capacité d’entraînement. »
Dans « Quand Anne Hidalgo réinvente le sovkhoze », dans le Point, Mme Géraldine Woessner rappelle implicitement que cette Schnapsidee, cette idée saugrenue, est aussi le fruit de l'imbécillité législative :
« ...la proposition [...] part pourtant d'une bonne intention : pour se conformer à la loi Egalim, les collectivités devront, dès 2022, inclure dans leurs repas au moins 50 % de produits locaux ou répondant à un critère de qualité, dont 20 % de produits bio.
[…] explique le premier adjoint Emmanuel Grégoire. "[…] Aujourd'hui, le code des marchés publics nous empêche d'imposer un critère de distance dans les contrats que nous passons. Nous devons trouver un outil juridique pour sécuriser l'approvisionnement local." Son idée : créer une coopérative, baptisée Du champ à l'assiette, pour racheter des terres agricoles, prendre des participations dans des exploitations existantes ou en créer sur les réserves foncières de la ville. "Nous espérons, dans un premier temps, exploiter 250 hectares."
Cette manœuvre – en clair : ce passage dans une forme d'illégalité – est rappelée plus loin :
« "Cela reste très positif, car il y a urgence", constate Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) et président de la commission restauration scolaire de l'Association des maires de France (AMF). "Si on veut avancer en restauration collective en approvisionnement local et bio, il faut absolument trouver des moyens de contourner le code des marchés publics." »
Mme Géraldine Woessner interroge quelques acteurs de la vie économique au fait des réalités agricoles et alimentaires.
Certains s'esclaffent à juste titre. Curieusement (ou peut-être pas... il faut savoir rester bien avec tout le monde), le président de la Chambre d'Agriculture de l'Île-de-France tient un discours ambivalent :
« Ils veulent des agriculteurs fonctionnaires, comme au bon temps de l'URSS ? […] Ça ne tient pas la route ! Les coopératives existent, l'État n'a pas à se substituer aux professionnels. »
Et plus loin, notamment :
« "Ils auraient dû m'appeler avant de faire leur annonce", regrette Christophe Hillairet, convaincu au contraire que l'idée, loin d'être idiote, est riche de promesses si elle est "correctement travaillée". »
Lisez la suite sur le Point. On y distille le chaud et le froid.
Voici un autre propos de M. Christophe Hillairet que l'on devrait méditer :
« Le bio et le local, c'est plus cher à produire : le blé bio s'achète 530 euros la tonne au moulin, contre 180 euros pour le blé conventionnel. Avant de promettre de faire du 100 % bio, il faut réfléchir au prix qu'on est prêt à payer. »
« On », dans cette citation, c'est le citoyen-contribuable...
Atlantico a interrogé M. Gil Rivière-Wekstein et produit un article dont le titre donne déjà la conclusion : « Faire de Paris une capitale agricole auto-suffisante : une idée de l’équipe Hidalgo qui n’est ni possible, ni souhaitable ».
Notons que M. Gil Rivière-Wekstein est rédacteur pour la revue Agriculture et Environnement. Il n'a aucun intérêt « régionaliste » ou clientéliste à défendre.
Sur la question du possible, par exemple :
« Pour fournir les 30 millions de repas simplement en carottes, en choux-fleurs et en salades, on aurait besoin d’au moins 600 ha. Pour le reste, si la Mairie compte s’approvisionner auprès des exploitations maraîchères existantes, elle va très vite être confrontée à la faible diversité des fruits disponibles en région parisienne, puisqu'il y a principalement des producteurs de pommes, de poires et de cerises. Cela ne donnera pas une grande variété de fruits pour nos enfants ! Tout cela ne semble donc pas très sérieux. »
Notons que le tir est un peu court ! Car ce constat n'est pas que une sentence de condamnation de la seule Ville de Paris, mais de la loi « Egalim » et, au-delà, de l'incurie gouvernementale et législative.
Sur la question du souhaitable :
« D’une part, ce serait un gouffre financier au regard du coût totalement prohibitif des terres agricoles de la région parisienne, et d’autre part, on fait déjà face à un manque de main-d’œuvre agricole disponible dans la région. Celle-ci y est en concurrence directe avec des métiers non qualifiés bien moins contraignants. »
Cela pourrait être une conclusion :
« Tout cela relève d’annonces électoralistes pour attirer les voix des Parisiens bobo-écolos qui fantasment sur des jardins potagers. Nous avons connu la mode du « bio », maintenant nous subissons le fantasme du « local ». Ce qui, pour une grande région comme Paris, reste totalement utopique. »
Quoique... en matière de persévérance dans la connerie…