Glyphosate : un festival de bêtises indécentes, ils ont tous un avis cinglant sur un rapport qu'ils n'ont pas lu !
C'est la Dépêche qui a allumé la mèche le 12 mai 2019, au matin, avec « Glyphosate : l'enquête parlementaire explosive ».
En voici le début :
« Le glyphosate est-il dangereux pour la santé ? L'utilisation de cet herbicide, principe actif du Roundup fabriqué par Monsanto, fait polémique. De nombreuses études scientifiques menées à travers le monde, ont donné ces dernières années des résultats divergents. "Dangereux" pour les uns, le glyphosate est jugé "sans effets" par d'autres chercheurs. De quoi alimenter un peu plus la controverse entre les écologistes et le fabricant, racheté en 2018 par la firme allemande Bayer.
Et pour nourrir un peu plus le débat, les parlementaires français s'apprêtent à rendre ce jeudi, au Sénat, un rapport d'information sur le sujet. Leur conclusion est sans appel : "Aucune étude scientifique ne prouve formellement sa cancerogénicité, ni en France, ni en Europe ni dans le monde, assure Pierre Médevielle. Le glyphosate est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites". Le sénateur centriste de Haute-Garonne s'explique dans un entretien à La Dépêche du Midi (voir ci-contre). Cet élu a travaillé sur le glyphosate dans le cadre l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques présidé par Gérard Longuet, qui réunit une trentaine de députés et sénateurs français de toutes tendances politiques. »
Cet article est donc une interview du sénateur Pierre Médevielle, du groupe Union Centriste, Vice-président de l'Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) et pharmacien de son état ; et il évoque un rapport – L'expertise des risques sanitaires et environnementaux en France et en Europe – commandité en novembre 2017 par les présidents de la Commission des Affaires Économiques, M. Roland Lescure, et de la Commission des Affaires Européennes, Mme Sabine Thillaye, de l'Assemblée Nationale.
Selon la presse, le rapport devra être publié le jeudi 16 mai 2019.
Créé par la loi, l’Office est un organe d’information commun à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Composé de 18 députés et 18 sénateurs, il a pour mission, aux termes de la loi, « d’informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin, notamment, d’éclairer ses décisions ». Il permet ainsi au Parlement de disposer d’une expertise pour éclairer des choix politiques de long terme.
Cela n'implique évidemment pas que le Parlement tiendra compte des avis de l'OPECST. Dans le cas du glyphosate, et des pesticides en général, c'est malheureusement une triste réalité... priorité à la démagogie et l'électoralisme.
S'agissant du rapport et de l'article de la dépêche, il y a une ambiguïté. Contentons nous ici du titre d'un article de FranceTVInfo : « "Cela n'a jamais été dans le rapport" : Cédric Villani tacle le sénateur qui assure que le glyphosate est "moins cancérogène que la charcuterie" ». Cela ajout du piment aux joyeux délires de certains politiques.
La Dépêche a interrogé M. José Bové, ci-devant député européen dans le groupe Les Verts | Alliance Libre Européenne :
« [...] le député européen José Bové s'emporte contre les conclusions et évoque un "révisionnisme environnemental" venu des Etats-Unis : "Quand certaines personnes affirment que le glyphosate n'est pas dangereux, c'est comme celles qui prétendent que le réchauffement climatique est un fantasme. Ce discours ne tient pas la route." »
(Source)
Il va sans dire que M. José Bové n'a pas encore vu la première lettre des conclusions de l'OPECST... D'ailleurs, la verra-t-il ? Vitupérer sans savoir de quoi il s'agit réellement est quand même plus confortable que de le faire en connaissance de cause – bien entendu dans la mesure où la critique serait fondée.
La mèche suivante a été allumée par Ouest-France avec « Le "glyphosate moins cancérogène que la charcuterie" : le rapport sénatorial qui fait hurler les écologistes ». Ce journal nous paraît de plus en plus être le leader du lèche-bottisme « écolo » Macron-compatible (serait-ce le retour d'ascenseur pour les copieuses subventions ?).
Il va sans dire qu'Ouest-France n'a pas vu ce rapport, qui n'est pas « sénatorial » mais inter-assemblées. Il va sans dire aussi qu'Ouest-France est aller chaluter quelques déclarations conformes à sa ligne éditoriale. Voici donc le chapô :
« Un groupe de sénateurs affirme, dans un rapport, que le glyphosate "est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge". Le député européen José Bové et le sénateur morbihannais Joël Labbé dénoncent un discours "qui ne tient pas la route", ainsi que "le fort lobby glyphosate". »
Petit persiflage pitoyable, à la limite de la diffamation, avant d'entrer dans le florilège de déclarations :
« Pierre Médevielle se trouve donc sur la même longueur d’onde que son collègue de la Manche, le sénateur LR Jean Bizet, qui s’est fortement énervé, jeudi soir sur France 2, à l’occasion d’un reportage consacré au fichage de 200 personnalités par Mosanto [sic]. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que le sénateur de la Manche faisait parler de lui et de ses "relations" avec Monsanto. En février 2008 déjà, Greenpeace lui avait remis un prix : le Monsanto d’or pour ses diverses déclarations et prises de position pro OGM.
Bravo, Monsieur le journaliste !
Place au sénateur écologiste du Morbihan Joël Labbé.
« [Il] tombe des nues, ignorant totalement la publication imminente de ce rapport sénatorial. " Je n’en ai eu aucun écho. Par hasard, il arrive juste après la révélation des personnes fichées par Monsanto. C’est grave. Cela montre combien le lobby glyphosate est encore très puissant au Parlement. Et nous savons pertinemment que des scientifiques roulent pour le lobby." »
Il va de soi que M. Joël Labbé ignore tout de ce qui se passe. Ne le dit-il pas lui-même ? Mais il a déjà un avis tranché sur non pas un, mais deux, voire trois complots...
En intertitre :
« Je réclame une commission d’enquête parlementaire »
Rassurez-vous, ce n'est pas une enquête sur les faits (allégués) ignorés par M. Joël Labbé, mais sur le « fichage opéré par Monsanto »... Toujours pas compris que, s'il y a eu « fichage », c'est par des entreprises travaillant pour la firme qu'il aime tant haïr.
Et maintenant, nous sortons dans la cour de récréation :
« Je souhaite également ne plus participer aux travaux du groupe de suivi sur la réforme de la politique agricole commune, présidé par le Normand Jean Bizet. »
M. Éric Andrieu, eurodéputé et candidat à la réélection, était évidemment un « client » incontournable...
« "[…] le sénateur Médevielle s’assoit sur un certain nombre d’études" prouvant la dangerosité du glyphosate "et sur santé des citoyens." »
Il va sans dire...
Cette réaction semble bien modeste, même si c'est aussi de l'ad hominem. Heureusement, il y a Twitter...
(Source)
Il y eut évidemment une litanie de critiques, maintes fois répétées mais ne touchant pas l'une, et encore moins faisant bouger l'autre... Im-per-tur-ba-ble-ment et vis-cé-ra-le-ment anti-glyphosate, anti-Monsanto et plus généralement anti-pesticides* (* de synthèse)...
Bref, c'est M. Éric Andrieu, égal à lui-même.
Mais que penser de Mme Nathalie Loiseau, dont Ouest-France a retenu cette forte pensée :
« Invitée ce dimanche matin du Grand jury sur RTL, la tête de liste LREM aux européennes, Nathalie Loiseau, estime pour sa part "qu’un sénateur n’est pas un scientifique". »
(Source)
Allons à la source, RTL, « Glyphosate : Nathalie Loiseau juge le dernier rapport "un petit peu léger" ». Un peu contextualisé :
« "On est déjà en train de s'emballer alors qu'un sénateur nous dit qu'il vaut mieux le glyphosate que le saucisson. Je trouve cela un petit peu léger", ajoute la tête de liste La République En Marche. »
Vous ne croyez pas si bien dire, Mme Nathalie Loiseau...
(Source)
La politique politicienne tombe bien bas, et ces gens ne se rendent pas compte à quel point ils sont cyniques et ridicules. Nous oserons ce commentaire à propos de M. Yannick Jadot, mais il est loin d'être le seul.
Alors qu'il pousse des cris d'orfraie à propos du « fichage », forcément « de Monsanto », il utilise ledit « fichage dans le gazouillis suivant pour s'en prendre à la liste LaREM par Jeremy Decerle interposé (la France Insoumise et M. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, ont fait de même...).
(Source)
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Sur le fond, M. Jadot combat l'« agrochimie », mais chut... ne lui dites pas que Bayer produit de la bouillie bordelaise pour ses amisdu bio...
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Et le rapport, qu'il n'a pas lu, est une manipulation...
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« ...négationnisme » ? Il faut en tirer les conséquences : criminalisons l'affirmation publique (et même privée) que le glyphosate, utilisé selon les préconisations d'emploi, n'est pas cancérigènes. Abolissons toutes les institutions qui ont osé affirmer cela...
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Elle fut ministre... Et elle se réfère à un rapport de 2019 1919...
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