Glyphosate : ce qu'en dit l'Environmental Protection Agency des États-Unis d'Amérique
Le mardi 30 avril 2019, l'Environmental Protection Agency (EPA – agence de protection de l'environnement) des États-Unis d'Amérique a publié un avis au titre explicite, « EPA Takes Next Step in Review Process for Herbicide Glyphosate, Reaffirms No Risk to Public Health » (l'EPA passe à l'étape suivante de sa procédure de réexamen de l'herbicide glyphosate, réaffirme l'absence de risques pour la santé publique).
C'est l'occasion de traduire et diffuser la fiche de l'EPA sur le glyphosate.
° o O o °
Glyphosate
Le glyphosate est un herbicide largement utilisé qui supprime les mauvaises herbes à feuilles larges et les graminées. Il est homologué aux États-Unis comme pesticide depuis 1974. Depuis le premier enregistrement du glyphosate, l’EPA a réexaminé et réévalué sa sécurité et ses utilisations, y compris en menant un réexamen de l'enregistrement, un programme qui réévalue chaque pesticide enregistré tous les 15 ans.
En avril 2019, l'EPA a publié la décision provisoire proposée pour le glyphosate à l'intention du public pour recueillir des observations. Dans le cadre de cette action, l'EPA continue de constater qu'il n'y a aucun risque pour la santé publique lorsque le glyphosate est utilisé conformément à son étiquette actuelle et que le glyphosate n'est pas un cancérigène. L’EPA propose des mesures de gestion pour aider les agriculteurs à cibler les pulvérisations de pesticides sur les parasites visés, à protéger les pollinisateurs et à réduire le problème de la résistance des mauvaises herbes au glyphosate.
[...]
Informations de base sur les utilisations
Le glyphosate cible un large éventail de mauvaises herbes et joue un rôle important dans la production de fruits, de légumes, de noix et de cultures de plein champ résistantes au glyphosate telles que le maïs et le soja. Il est efficace dans la gestion des mauvaises herbes invasives et nuisibles. En outre, le glyphosate se décompose dans l'environnement, peut être utilisé pour l'agriculture sans labour et à travail du sol réduit, ce qui peut réduire l'érosion du sol, et est utile pour la lutte intégrée contre les ravageurs.
Les produits contenant du glyphosate sont vendus sous diverses formulations, notamment sous forme de concentré liquide, de solide et de liquide prêt à l'emploi. Le glyphosate est utilisé dans des produits tels que Roundup® pour lutter contre les mauvaises herbes dans les environnements agricoles et non agricoles. Le glyphosate peut être appliqué dans les environnements agricoles, résidentiels et commerciaux en utilisant un large éventail de méthodes d'application, notamment les pulvérisations aériennes, les pulvérisateurs terrestres de divers types, les pulvérisateurs avec écrans protecteurs, les humecteurs à mèches, les barres avec éponges, les systèmes d'injection et les applicateurs de gouttelettes contrôlées.
Les utilisations agricoles comprennent le maïs, le cotonnier, le canola, le soja, la betterave à sucre, la luzerne, les baies, les légumes de la famille du chou, les légumes à bulbe, les légumes-fruits, les légumes à feuilles, les légumes de la famille des légumineuses, les légumes de la famille des cucurbitacées, les légumes à tubercules, les céréales, le sorgho-grain, les agrumes, les jachères, les herbes et épices, les vergers, les fruits tropicaux et subtropicaux, les fruits à noyaux, les fruits à pépins, les noix, la vigne, les oléagineux et la canne à sucre.
Les utilisations non agricoles comprennent la conservation des terres, les pâturages, les parcours, les zones aquatiques, les forêts, les pelouses, les zones résidentielles, les arbres non alimentaires (pins, peupliers, sapins de Noël), les droits de passage, les zones commerciales, les zones pavées, les traitements localisés, les plantes ornementales, les parcs et les zones de gestion de la faune.
Santé humaine
Les scientifiques de l'EPA ont effectué une évaluation indépendante des données disponibles sur le glyphosate et ont constaté ce qui suit :
-
Aucun risque pour la santé humaine lié aux utilisations actuelles du glyphosate. Les produits à base de glyphosate peuvent être utilisés en toute sécurité en suivant les instructions sur l'étiquette. Il n'y a aucun risque pour les enfants ou les adultes découlant des utilisations actuellement enregistrées.
-
Rien n'indique que les enfants sont plus sensibles au glyphosate. Après avoir évalué de nombreuses études portant sur diverses sources, l’Agence n’a trouvé aucune indication selon laquelle les enfants seraient plus sensibles au glyphosate lors d’une exposition in utero ou postnatale. Dans le cadre de l’évaluation des risques pour la santé humaine, l’Agence a évalué toutes les populations, y compris les nourrissons, les enfants et les femmes en âge de procréer, et n’a constaté aucun risque lié à l’ingestion d’aliments contenant des résidus de glyphosate. L'EPA n'a également constaté aucun risque suscitant l'inquiétude pour les enfants qui entrent dans des zones résidentielles traitées au glyphosate ou y jouent.
-
Aucune preuve que le glyphosate provoque le cancer. L'Agence a conclu que le glyphosate n'est probablement pas cancérogène pour l'homme [« is not likely to be carcinogenic to humans »]. L’EPA a examiné un ensemble de données beaucoup plus complet et pertinent que l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (CIRC). La base de données de l’EPA comprend les études soumises à l'appui l’enregistrement du glyphosate et les études que l’EPA a identifiées dans la littérature ouverte [scientifique].
La classification au regard du cancer de l'EPA correspond à celle d'autres groupes d'experts et organismes de réglementation internationaux, y compris l'Agence de Réglementation de la Lutte Antiparasitaire du Canada, l'Autorité des Pesticides et des Médicaments Vétérinaires de l'Australie, l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, l'Agence Européenne des Produits Chimiques, l'Institut Fédéral de la Sécurité et de la Santé au Travail de l'Allemagne, l'Agence de Protection de l'Environnement de la Nouvelle-Zélande, et la Commission de la Sécurité Alimentaire du Japon.
Pour plus d'informations, consultez le document de synthèse révisé sur le glyphosate : évaluation du potentiel cancérogène.
-
Aucune indication que le glyphosate est un perturbateur endocrinien. Le glyphosate a fait l’objet d’un dépistage de niveau I dans le cadre du programme de dépistage des perturbateurs du système endocrinien de l’EPA. Sur la base de toutes les informations disponibles, l’EPA a conclu, en utilisant une approche fondée sur le poids de la preuve, que les données existantes n’indiquent pas que le glyphosate peut interagir avec les voies de signalisation œstrogènes, androgènes ou thyroïdiennes. Le programme de dépistage n'a pas indiqué la nécessité de tests supplémentaires pour le glyphosate.
Sécurité alimentaire
Les résidus de glyphosate sur les aliments ou les aliments pour animaux sont sans danger pour les consommateurs s'ils respectent les tolérances établies. Avant de permettre l'utilisation d'un pesticide sur les cultures vivrières, l'EPA définit une tolérance ou une limite quant à la quantité de résidus de pesticide pouvant rester légalement sur les produits destinés à l'alimentation humaine et animale, ou sur les denrées alimentaires de base. La liste complète des tolérances pour le glyphosate peut être trouvée dans 40 CFR § 180.364. Si des résidus sont trouvés au-dessus du seuil de tolérance établi, le produit pourra être saisi par le gouvernement. La présence d'un résidu de pesticide détectable ne signifie pas que le résidu est à un niveau dangereux.
En raison de son utilisation répandue, des résidus de glyphosate peuvent se trouver à l'état de traces dans divers fruits, légumes, céréales et autres produits alimentaires. Cependant, ces traces ne sont pas préoccupantes pour le consommateur.
L’EPA a mené une évaluation très prudente des risques alimentaires liés au glyphosate, qui portait sur toutes les populations, y compris les nourrissons, les enfants et les femmes en âge de procréer. L’EPA a supposé que 100 % de toutes les cultures enregistrées étaient traitées au glyphosate, que les résidus étaient au seuil de tolérance pour chaque culture et que les résidus dans l’eau de boisson provenaient de l’application directe de glyphosate à l’eau. Ces hypothèses conduisent à des niveaux d'exposition estimés beaucoup plus élevés que ceux auxquels on pourrait s'attendre pour une utilisation réelle. Les estimations conservatrices de l'exposition alimentaire qui en résultaient n'étaient pas préoccupantes.
Santé écologique
Le projet d’évaluation des risques écologiques de l’EPA a montré ce qui suit :
-
des risques potentiels pour les plantes (aquatiques et terrestres) ;
-
des risques potentiels pour les oiseaux résultant d'une exposition aiguë ou à court terme et pour les mammifères d'une exposition chronique ou à long terme ;
-
le glyphosate ne devrait pas nuire [« is not expected to adversely impact »] aux animaux aquatiques, mais a un effet sur les plantes aquatiques ; et
-
le glyphosate est peu toxique pour les abeilles.
Les risques potentiels pour les oiseaux, les mammifères et les plantes terrestres et aquatiques non ciblés sont liés à l'exposition à la dérive de pulvérisation. Sur la base de sa réévaluation du glyphosate, l’EPA propose d’exiger un étiquetage sur la gestion de la dérive de pulvérisation afin de réduire la dérive de pulvérisation hors cible et de protéger les plantes et la faune non ciblées. Pour en savoir plus sur les restrictions proposées voir la décision provisoire proposée pour le glyphosate.
L’EPA s’est engagée à protéger les pollinisateurs, y compris le papillon monarque, de l’exposition aux pesticides. Comme pour tous les autres herbicides, l’EPA a mis à jour le libellé de l’étiquette de ces pesticides afin de sensibiliser les utilisateurs à leurs effets potentiels sur l’habitat des pollinisateurs et orienter les utilisateurs vers des instructions sur la réduction de la dérive de pulvérisation. La stratégie de l’EPA visant à protéger le papillon monarque consiste également à collaborer avec les autorités fédérales, nationales et autres sur les efforts de conservation et à promouvoir les meilleures pratiques de gestion et de lutte intégrée contre les ravageurs afin de réduire les dérives de pulvérisation et préserver l’habitat des pollinisateurs. En savoir plus sur ce que fait l'EPA pour protéger le papillon monarque.
Actions de l'EPA et historique réglementaire
Le glyphosate a été enregistré pour la première fois en 1974.
L’EPA a lancé un réexamen de l’enregistrement du glyphosate en 2009. En 2010, l’Agence a demandé aux pétitionnaires de procéder à des études supplémentaires à l'appui d'évaluations actualisées des risques pour la santé humaine et l’environnement. L’EPA a collaboré avec l’Agence de Réglementation de la Lutte Antiparasitaire du Canada pour partager l’information nécessaire à l’évaluation des risques.
L’EPA a demandé qu’une quantité importante de données soit collectée et soumise pour l’enregistrement et le réexamen de l'enregistrement, y compris des études portant sur la chimie du produit, son efficacité, les dangers pour l’homme et les animaux domestiques, les dangers pour les plantes et la faune non ciblées, l’exposition post-application, l'exposition des applicateurs, les dérives de pulvérisation, le devenir dans l’environnement et la chimie des résidus. Les études soumises par les producteurs de pesticides étaient tenues de suivre des directives rigoureuses. L’EPA a également examiné de nombreuses études sur le glyphosate publiées dans la littérature ouverte [scientifique].
En 2015, l'EPA a réexaminé le potentiel cancérogène du glyphosate. L'Agence a effectué un examen approfondi de la base de données sur le cancer et le glyphosate, y compris des données provenant d'études épidémiologiques, de cancérogénicité chez l'animal et de génotoxicité. En décembre 2016, dans le cadre du réexamen de l'enregistrement, l'EPA avait consulté le groupe consultatif scientifique (SAP) de la loi fédérale sur les insecticides, les fongicides et les rodenticides (FIFRA).
En décembre 2017, l'EPA a publié le projet d'évaluations des risques pour la santé humaine et l'environnement liés au glyphosate en vue de recueillir des observations du public.
En avril 2019, après avoir examiné les observations du public sur les évaluations de risque, l'EPA a publié la décision provisoire proposée pour le glyphosate pour recueillir les observations du public. Dans cette décision, l’EPA propose des mesures de gestion concernant la hauteur du jet de pesticide, la vitesse du vent et la taille des gouttelettes afin de lutter contre les dérives de pulvérisation de pesticide. L’EPA propose également des mesures visant à prévenir ou à réduire la résistance des mauvaises herbes, notamment en fournissant aux agriculteurs de meilleures informations sur le mode d’action, la nécessité de dépister les résistances et la manière de signaler les problèmes potentiels de résistance des mauvaises herbes, afin de maintenir le glyphosate en tant qu’outil pour les producteurs.
Après avoir examiné les observations du public, l’EPA publiera une décision à la fin de 2019 avec des restrictions exécutoires. Lorsque l’EPA aura achevé l’évaluation du glyphosate au regard des espèces en voie de disparition, d’ici 2020, elle publiera une décision finale quant à l'enregistrement.
Informations additionnelles
Recherche de produits chimiques (évaluations des risques de l'EPA, décisions et autres documents)
Feuille d'information sur le NPIC relatif au glyphosate
Dossier de réexament de l'enregistrement du glyphosate # EPA-HQ-OPP-2009-0361
_______________
Source : https://www.epa.gov/ingredients-used-pesticide-products/glyphosate