« L’agriculture est, comme d’autres secteurs, tout à fait délocalisable… » dans le Monde

« L’agriculture est, comme d’autres secteurs, tout à fait délocalisable… » dans le Monde

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Il arrive que le Monde – ici rubrique Idées, pas Planète, ceci expliquant peut-être cela – publie des articles fort opportuns dans le domaine que nous chérissons sur ce blog.

« L’agriculture est, comme d’autres secteurs, tout à fait délocalisable… » est une tribune de Mme Karine Daniel, présentée en introduction comme économiste, directrice de recherches à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, et en conclusion comme députée (PS) de Loire-Atlantique d’avril 2016 à juin 2017.

Le titre est explicite. Le chapô – qui n'est probablement pas de sa plume – nous laisse un peu sur notre faim :

« Sortie du glyphosate, défense des prix agricoles… Les initiatives françaises semblent de bon sens, mais oublient qu’une politique agricole ne peut être qu’européenne, rappelle l’économiste Karine Daniel dans une tribune au "Monde". »

Car le risque de délocalisation ne se limite pas à un transfert de la production – rappelons-le avec force : de notre alimentation – de la France vers d'autres pays européens ; la tribune est du reste explicite sur l'insertion de notre économie dans un réseau mondialisé.

Et il n'est pas sûr du tout que « [s]ortie du glyphosate […] semble[...] de bon sens » reflète la pensée de l'auteure. N'écrit-elle pas :

« Par ailleurs, l’application de normes différenciées selon les pays (utilisation possible ou pas du glyphosate par exemple) induit aussi de nouvelles distorsions de concurrence entre agriculteurs, sans garantie de visibilité des normes pour les consommateurs. En effet, même si les industries de transformation sont localisées en France, elles s’approvisionnent sur un marché ouvert. » ?

La tribune est surtout axée sur la réforme de la PAC, mais sans omettre la nécessaire référence au glyphosate, qui n'est dans ce contexte que le dernier exemple d'un mal bien français ; un mal qui n'a visiblement pas été curé par le changement de majorité politique : celui de vouloir être le meilleur de la classe « écologique », fût-ce au détriment de notre économie.

La conclusion de Mme Daniel :

« Les discussions sur la future réforme de la PAC, le positionnement singulier de la France dans la discussion européenne sur le glyphosate et les conclusions intermédiaires des Etats généraux de l’alimentation fragilisent en réalité l’affirmation d’une politique européenne. Cette politique doit certes évoluer en termes d’objectifs et d’instruments, mais c’est bien à l’échelle européenne que doit se construire un espace de production agricole et alimentaire à forte valeur ajoutée et respectueux de l’environnement. »

Nous ajouterons, et mettrons même en premier : un espace de production agricole et alimentaire qui nourrit autant que possible sa population et lui assure une souveraineté alimentaire.

« L’agriculture est, comme d’autres secteurs, tout à fait délocalisable… » ? C'est ce que montre le déclin de notre compétitibité.

C'est à lire aussi, de M. Gil Rivière-Wekstein : « En marche vers la délocalisation de notre agriculture »