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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Point de vue : « Silent Earth » n'est que de l'alarmisme d'un administrateur d'un mouvement anti-pesticides

28 Octobre 2021 Publié dans #Recension

Point de vue : « Silent Earth » n'est que de l'alarmisme d'un administrateur d'un mouvement anti-pesticides

 

Amanda Zaluckyj, AGDAILY*

 

 

 

 

Les agriculteurs connaissent bien les ravageurs. Ils se présentent sous diverses formes – insectes, mauvaises herbes, champignons, bactéries et virus. Si l'on n'y prend garde, ces nuisances peuvent décimer les plantes, les champs et des exploitations entières. Heureusement, nous vivons à une époque où la science et la technologie ont mis au point de nombreux moyens efficaces et sûrs de les combattre.

 

Mais tout le monde n'apprécie pas nos innovations en matière de solutions antiparasitaires, notamment les pesticides. Et ces voix ont eu quelque chose à fêter la semaine dernière : le livre de Dave Goulson, Silent Earth, est sorti.

 

Goulson y expose sa théorie selon laquelle la population mondiale d'insectes diminue de façon si dramatique que nous sommes confrontés à un armageddon. Pour Goulson, la vie moderne est à blâmer, et l'élimination des pesticides est la seule réponse logique.

 

L'apocalypse des insectes n'est pas une idée nouvelle. Elle existe depuis une vingtaine d'années, mais elle a suscité un intérêt accru au cours des trois ou quatre dernières années. Et Goulson est souvent cité pour parler de l'apocalypse imminente et des méfaits des pratiques agricoles conventionnelles.

 

Pour sa part, Goulson se présente comme un scientifique légitime et digne de confiance. Il est professeur de biologie à l'Université du Sussex, en Angleterre, et a écrit plusieurs livres sur les abeilles.

 

Mais vous ne serez pas surpris d'apprendre que Goulson n'est pas un chercheur impartial. Il est membre du conseil d'administration du Pesticide Action Network UK, une organisation militante qui s'efforce de réduire l'utilisation de produits de protection des plantes « dangereux » et « chimiques ». Pire encore, certains milieux considèrent Goulson comme un « scientifique à gages ». En d'autres termes, ses études obtiennent les résultats que ses clients souhaitent.

 

La bonne nouvelle est que Goulson a tort. Les enquêtes et études qu'il a menées et sur lesquelles il s'appuie sont pour le moins imparfaites et incomplètes. Heureusement, le scientifique Matthew Moran et son équipe triée sur le volet ont publié en 2020 une étude complète qui remet en question les conclusions de Goulson. L'approche de Moran a pris des données brutes couvrant des décennies pour divers insectes en Amérique du Nord. Devinez quoi ? Ils n'ont trouvé aucun changement significatif dans la population.

 

Malheureusement, « tout va bien ici » n'attire pas autant de clics que « c'est la fin du monde ».

 

 

 

 

Je suis peut-être trop dur avec Goulson. Après tout, il vient du Royaume-Uni, alors peut-être ne sait-il pas que l'utilisation des pesticides par les agriculteurs américains a considérablement changé depuis les années 1960. En fait, nous avons réduit la quantité appliquée par hectare de près de 60 %. Nous avons réduit la toxicité des pesticides de 98 %. Et nous avons réduit de moitié la persistance des pesticides dans l'environnement. L'utilisation des pesticides a atteint un pic en 1972 et a diminué la plupart des années suivantes jusqu'en 2008.

 

Et voici le plus important : nous avons de très, très bonnes raisons d'utiliser ces pesticides. Par exemple, la Weed Science Society of America a travaillé avec l'Université d'État du Kansas pour déterminer ce qui se passerait si les mauvaises herbes n'étaient pas contrôlées dans les champs de maïs et de soja d'Amérique du Nord. Ils ont déterminé que cela réduirait les rendements de 50 % et entraînerait des pertes économiques annuelles de 43 milliards de dollars. La sécurité alimentaire à l'échelle nationale serait dévastée.

 

Les pesticides contribuent également à promouvoir des pratiques de production respectueuses des sols. Le développement de cultures résistantes aux herbicides a permis à un plus grand nombre d'exploitations agricoles dans tout le pays d'avoir accès à des itinéraires sans labour (no till) et à des cultures de couverture. Ces méthodes favorisent la santé des sols et réduisent l'érosion. Pourtant, Goulson s'oppose aux cultures génétiquement modifiées uniquement parce qu'il n'aime pas les sociétés qui les ont créées.

 

 

 

 

Goulson et ses amis n'ont que faire d'une conversation nuancée. Au lieu de cela, ils promeuvent un agenda aveugle visant à éliminer l'utilisation de tous les pesticides et à réorienter l'agriculture vers la production biologique. L'ironie est que Goulson admet que l'agriculture biologique a des rendements nettement inférieurs et utilise également des pesticides à des niveaux toxiques pour les insectes.

 

Goulson suggère que nous pouvons surmonter ces problèmes simplement en réduisant ou en éliminant le gaspillage alimentaire. C'est optimiste. Mais il n'en reste pas moins que cela entraînerait une diminution de nos réserves alimentaires et une hausse vertigineuse de leurs prix. Je ne suis pas sûr que ceux qui luttent déjà contre la faim et la malnutrition trouveront ses idées réconfortantes.

 

Et tout cela pour prévenir un problème qui n'existe pas, du moins pas en Amérique du Nord. Silent Earth n'est rien d'autre qu'un ouvrage de propagande alarmiste rempli de demi-vérités et de désinformation. L'apocalypse des insectes n'est pas imminente.

 

Nos insectes vont bien. Nos fermes vont bien. Tout va bien.

 

_____________

 

Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de l'industrie agroalimentaire américaine.

 

Source : Silent Earth is simply alarmism from an anti-pesticide trustee | AGDAILY

 

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