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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Selon des scientifiques africains, la mauvaise presse et des allégations fantaisistes ont injustement ralenti les cultures GM sur le continent

30 Août 2021 Publié dans #Afrique, #OGM

Selon des scientifiques africains, la mauvaise presse et des allégations fantaisistes ont injustement ralenti les cultures GM sur le continent

 

Joseph Maina*

 

 

Image : un marché de bananes en Ouganda, où l'absence de loi sur la biosécurité a entravé la diffusion des bananiers GM résistants à des maladies et produisant des bananes plus nutritives. Photo : Joan Conrow

 

 

Des scientifiques sud-africains exhortent les gouvernements du continent à prendre des mesures concrètes pour améliorer l'acceptabilité et l'adoption des organismes génétiquement modifiés (OGM) – une mesure qui, selon eux, pourrait débloquer le vaste potentiel alimentaire de la région.

 

Les scientifiques ont lancé leur appel sur la base de recherches qu'ils ont menées en Afrique et publiées dans la revue Biotechnology and Genetic Engineering Reviews. Ils ont déterminé que l'Afrique a beaucoup à gagner des innovations biotechnologiques, telles que la culture d'OGM. Il s'agit notamment d'une augmentation des rendements, d'une meilleure résistance aux parasites et aux maladies, d'une meilleure composition en nutriments et d'une meilleure qualité des aliments. Ces innovations pourraient contribuer à relever les défis récurrents que sont la faim, la malnutrition et la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions du continent, notent-ils.

 

Les chercheurs – tous basés à l'Université de Johannesburg – ont identifié plusieurs facteurs critiques qui influencent l'acceptation et l'adoption des OGM sur le continent. Il s'agit notamment de la connaissance et de la sensibilisation limitées aux OGM parmi les acteurs étatiques et la population générale, des considérations de sécurité, de l'absence de politiques et de cadres réglementaires adéquats qui régissent les OGM et d'une volonté politique insuffisante, associée à des influences extérieures.

 

« L'acceptation et l'adoption des OGM sur le continent ont été remarquablement lentes, peut-être en raison de points de vue contrastés sur les avantages et les problèmes de sécurité qui leur sont associés », note l'étude. « La biotechnologie ne sera acceptée que lorsque les gens comprendront que les OGM contribuent à la sécurité alimentaire [et] au développement durable sans aucune menace connue pour leur bien-être général. »

 

 

Renforcer les attitudes du public

 

Les auteurs préconisent d'accroître les connaissances et la sensibilisation du public aux OGM afin de renforcer les attitudes favorables des consommateurs à l'égard des OGM, des réglementations gouvernementales et de l'adoption de la technologie par les agriculteurs.

 

Un exemple concret est le Kenya, qui, au début de la dernière décennie, a dû faire face aux inquiétudes du public concernant les OGM et leurs conséquences sur la santé, en raison d'une communication scientifique inadéquate sur le sujet. L'interdiction par le pays de l'importation d'OGM en novembre 2012 a été influencée en partie par l'étude, désormais démentie, publiée par Séralini et al. (2012), qui affirmait à tort que les cultures génétiquement modifiées provoquaient le cancer, et qui ne tenait pas compte de l'avis des experts locaux en biosécurité. Depuis, le Kenya est allé de l'avant avec les cultures génétiquement modifiées.

 

Globalement, le continent a enregistré une augmentation de la sensibilisation aux OGM. Des rapports provenant de divers pays d'Afrique subsaharienne font état d'une plus grande réceptivité à l'égard des cultures génétiquement modifiées et d'une appréciation des valeurs positives de la biotechnologie dans l'augmentation des revenus des agriculteurs. Mais s'il a été démontré que l'amélioration de la sensibilisation a permis d'accroître l'acceptabilité des OGM au sein des communautés africaines, l'étude concède que cet aspect doit être traité en même temps que d'autres facteurs pour obtenir des résultats optimaux.

 

 

Réglementation accélérée

 

Les auteurs ont déterminé que les États africains devraient accélérer et rationaliser la réglementation sur les OGM tout en révisant les cadres existants afin de renforcer la sécurité alimentaire du continent.

 

« L'approbation réglementaire reste encore un élément clé qui ralentit la réalisation des avantages potentiels de la technologie », indique le rapport. « L'un des principaux obstacles à l'adoption des OGM par l'Afrique est son appareil réglementaire. »

 

De nombreux pays africains, dont l'Ouganda, n'ont pas la capacité d'établir des politiques, des réglementations, des cadres de mise en œuvre et de suivi adéquats concernant les OGM. Certains des cadres réglementaires existants en Afrique sont également coûteux, ce qui les rend inabordables pour les institutions locales, et sont entravés par l'inefficacité et le manque de transparence.

 

Il est nécessaire d'élaborer des cadres réglementaires et des politiques rentables pour les OGM, applicables dans les différents États et juridictions locales. L'étude préconise en outre l'harmonisation des systèmes réglementaires à travers le continent pour faciliter les collaborations, le commerce, la manipulation, le transfert de connaissances, le développement, l'adoption et la commercialisation de la biotechnologie.

 

« Une loi harmonisée sur la biosécurité sur le continent créerait des normes communes sur le marché intérieur, de sorte qu'aucun pays n'obtienne un avantage économique indu sur d'autres pays en raison de règles différentes », indique l'étude. « En outre, une loi harmonisée éliminerait ou du moins minimiserait le fardeau de la conformité réglementaire, garantissant un système unique d'approbation des OGM et d'évaluation des risques pour les transactions nationales ou transnationales. »

 

Selon les chercheurs, les considérations de sécurité constituent le principal obstacle à l'adoption des OGM sur le continent. La sécurité est le sujet majeur autour des OGM en Afrique. Malgré des évaluations et des contrôles de sécurité rigoureux dans les cadres nationaux et internationaux de biosécurité qui garantissent la sécurité des biotechnologies, les risques perçus, souvent infondés, ont contribué à la lenteur de l'adoption des OGM dans de nombreux pays africains.

 

 

Mauvaise presse et allégations fantaisistes

 

La mauvaise presse et les allégations fantaisistes d'une partie des activistes anti-OGM et des dirigeants du continent ont encore exacerbé les inquiétudes. Les critiques générales à l'encontre des OGM en Afrique comprennent des inquiétudes concernant la santé humaine et l'environnement, des allégations selon lesquelles les OGM sont un outil de domination de l'Afrique par l'Occident et des soupçons de bioterrorisme, entre autres. Les points critiques en matière de sécurité scientifique sont les possibilités d'échappement de gènes, de migration de gènes, de flux d'allèles ou de flux de gènes.

 

Pour apaiser les craintes, les chercheurs citent diverses études qui ont confirmé que les aliments GM ne présentent pas de risques pour l'homme et l'environnement. La culture de plantes génétiquement modifiées sur le continent depuis plus de deux décennies, sans qu'aucun problème de sécurité alimentaire ou de santé n'ait été scientifiquement prouvé, en est une autre preuve.

 

Les priorités nationales des différents pays ont également joué un rôle en influençant l'adoption des OGM dans les pays africains. Ces dernières années, de plus en plus de pays se sont ouverts à cette technologie et un certain nombre d'entre eux ont franchi des étapes importantes dans la culture des OGM.

 

« En général, les pays africains ont des réglementations strictes concernant les OGM dans l'agriculture », indique l'étude. « Ils ont longtemps été réticents à accepter la technologie et les produits GM. Malgré cela, de nombreux pays africains commencent à prendre conscience des avantages de la biotechnologie et à assouplir leurs positions et leurs sentiments à l'égard des OGM. »

 

 

Ouvrir la voie

 

L'Afrique du Sud a été la première du continent à approuver la dissémination commerciale d'OGM en 1997 ; en 2018, elle comptait environ 2,7 millions d'hectares en cultures génétiquement modifiées, se classant parmi les 10 premiers producteurs d'OGM au monde.

 

L'Égypte a été le pionnier de l'agriculture OGM en Afrique du Nord, et le Soudan, le plus grand pays du continent par sa superficie, a été le premier État membre du Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA) à commercialiser une culture GM. En 2017, le Soudan a enregistré un taux d'adoption de 98 % du cotonnier GM résistant à des parasites parmi les agriculteurs, avec 192.000 hectares de terres en production. D'autres pays se sont montrés remarquablement prometteurs. Le Nigeria, le Kenya, l'Éthiopie et la Zambie sont parties au protocole de Carthagène sur la biosécurité, une norme réglementaire internationale. Le Nigeria a approuvé la dissémination du niébé et du cotonnier génétiquement modifiés et va de l'avant avec le maïs génétiquement modifié.

 

Après une interdiction de sept ans des cultures génétiquement modifiées, le Kenya a autorisé la culture d'une variété de cotonnier Bt résistant à des parasites, tandis que l'Éthiopie a révisé sa loi sur la biosécurité en 2015 pour permettre des essais en champ confiné de cultures génétiquement modifiées. Le Royaume d'Eswatini a adopté la loi sur la biosécurité en 2012 et a mis en circulation en 2018 sa première culture GM, le cotonnier Bt. Le Malawi a également adopté le cotonnier Bt et prévoit une augmentation de la production, qui passera d'une moyenne de 15.000 tonnes à 40.000 tonnes. La Tanzanie, qui procède à des essais sur le terrain pour un maïs résistant à la sécheresse et à des parasites, pourrait procéder à la commercialisation cette année, malgré des revers dus à l'évaluation de la performance des cultures et à une modification du projet de loi sur la biosécurité du pays, provoquée par la pandémie de Covid-19.

 

Parmi les autres étapes importantes, citons l'adoption de la loi sur la biosécurité en 2011 au Ghana, où le niébé génétiquement modifié est à l'étude, et l'adoption par le Parlement ougandais du projet de loi sur la réglementation du génie génétique en 2018. Cependant, le président ougandais n'a pas signé la loi, laissant le pays dans les limbes réglementaires.

 

Malgré ces avancées, les chercheurs affirment que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour créer un environnement propice à l'acceptation et à l'adoption des OGM en Afrique, qui constituent un moyen scientifiquement prouvé d'atténuer le problème de sécurité alimentaire qui touche une grande partie des 1,2 milliard d'habitants du continent.

 

___________

 

* Source : Bad press and wild claims have unfairly slowed GM crops on the continent, African scientists say - Alliance for Science (cornell.edu)

 

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T
Greenpeace a des millions de morts sur la conscience sans compter les aveugles des pays dont la base de l'alimentation est le riz .Toutes ces associations malfaisantes devraient être jugées pour tous les mensonges qu'elles diffusent et les conséquences dramatiques pour les pays sous-développés .
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