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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une campagne axée sur la science plutôt que sur la fiction

13 Septembre 2019 , Rédigé par Seppi

Une campagne axée sur la science plutôt que sur la fiction

 

Bill Horan*

 

 

 

 

Cela se rapporte aux États-Unis d'Amérique, le titre est à notre sens faux – il suffit de lire quelques-unes des propositions qui fleurissent dans le camp des Démocrates (sachant qu'il n'y a pas de vraie campagne côté Républicains –, mais les questions finales valent aussi pour la France et l'Europe.

 

Joe Biden l'a bien dit : « Nous choisissons la science plutôt que la fiction. »

 

L'ancien vice-président et candidat à l'élection présidentielle concluait ses remarques le 31 juillet, au cours de la deuxième nuit de débats des Démocrates à Detroit.

 

Ses paroles – au moins dans cette phrase – sont tout à fait correctes.

 

Trop souvent, les personnages publics font l'erreur de choisir la fiction plutôt que la science. C’est particulièrement vrai pour l'agriculture. Qu'il s'agisse de production alimentaire, de protection des plantes ou de biotechnologie, ils sont plus vulnérables aux demandes et aux cris des militants politiques qu'ouverts à la réflexion sur le consensus scientifique.

 

Je l’ai vu à la fois en tant qu’agriculteur de l’Iowa et en tant que membre du conseil d’administration du Parc de Recherche de l’Iowa State University, où des start-up investissent dans des technologies de pointe en matière de semences pour nourrir les astronautes.

 

Les électeurs semblent ressentir la déconnexion entre la science solide et la politique électorale. C’est du moins le cas dans l’Iowa, où se tient le premier round du processus de nomination pour l'élection présidentielle de 2020. Un nouveau sondage de l'Iowa Science Survey révèle que 74 % des habitants de l'Iowa estiment que les candidats devraient discuter de la manière dont la science et la recherche scientifique vont influencer leurs décisions politiques. Ils sont près de 87 % à penser que les candidats devraient participer à un débat sur les « défis fondés sur la science auxquels sont confrontés les États-Unis ».

 

Jusqu'à présent, aucun des candidats n'a eu grand-chose à dire à ce sujet. La remarque de Biden a été utile – elle exprimait un excellent principe – mais elle n’incluait aucun détail. Lorsque le mot « science » est apparu dans les débats de Detroit, il a impliqué des scénarios sombres sur le changement climatique. « Nous avons 12 ans avant d'atteindre l'horizon de la catastrophe », a déclaré Pete Buttigieg, de l'Indiana, le 30 juillet. « Nous n'avons pas plus de 10 ans pour réussir », a ajouté Beto O’Rourke, du Texas.

 

Je doute que l'une ou l'autre de ces affirmations soit vraie. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas faire face au changement climatique : les agriculteurs s’efforcent de s’adapter chaque jour aux défis climatiques auxquels ils sont confrontés.

 

Le défi le plus important aujourd'hui est peut-être la production alimentaire de base. La démographie nous dit que dans les décennies à venir, le monde sera peuplé de milliards de personnes supplémentaires. Nous devrons toutes les nourrir. Et nous devrons le faire sur les terres agricoles d’aujourd’hui. La conclusion est simple : nous devrons produire beaucoup plus de nourriture sur la même surface, voire peut-être même moindre.

 

C’est là que la science entre en jeu. Nous avons déjà vu comment les OGM peuvent améliorer la production agricole. Jadis controversés, ils sont maintenant conventionnels et fournissent une étude de cas montrant comment l’innovation peut améliorer la vie des agriculteurs et des consommateurs en rendant les aliments plus abondants, abordables, nutritifs et sûrs.

 

Un récent sondage de Crestline a révélé que peu de consommateurs s'inquiètent des OGM. « Il semblerait que les campagnes d’information publique vantant leur sécurité – et l’absence de preuves concluantes d’effets néfastes sur la santé – aient eu un impact sur les consommateurs », a déclaré une analyse des résultats.

 

Les agriculteurs adoptent chaque jour des technologies sûres. Plus les consommateurs apprennent à quel point cette science entre dans notre travail – autrement dit, plus ils apprennent la vérité sur ce que nous faisons – plus ils deviennent confiants dans notre approvisionnement alimentaire.

 

Alors que la campagne présidentielle avance avec ses discours et ses débats, demandons à entendre davantage ce que les candidats pensent du lien entre la science et l’agriculture.

 

Voici cinq questions que nous devrions poser à ceux qui aspirent à la présidence :

 

1. Comprennent-ils l’importance de prendre des décisions stratégiques fondées sur des données scientifiques examinées par des pairs ?

 

2. Reconnaissent-ils que des réglementations fondées sur le bon sens conduiront à plus d'innovation et à une meilleure production alimentaire ?

 

3. Acceptent-ils l’importance de la protection des cultures, y compris la valeur des règles qui s’appuient sur des données fiables plutôt que sur un alarmisme délibéré ?

 

4. Savent-ils que nous pouvons produire des carburants renouvelables sur nos exploitations et que de bonnes politiques peuvent encourager l'adoption de l'éthanol et du biodiesel ?

 

5. Savent-ils que des sols sains produisent des aliments sains et que la meilleure agriculture durable implique des stratégies allant de la culture sans labour à l'exploitation de la puissance des satellites GPS pour apporter aux cultures les éléments fertilisants avec précision ?

 

Nous devrions poser ces questions car, comme quelqu'un l'a déjà dit, nous devons choisir la science plutôt que la fiction.

 

____________

 

Bill Horan

 

Agriculteur, Iowa, États-Unis

 

Bill Horan produit du maïs, du soja, des cultures spéciales et d'autres céréales dans une ferme familiale du centre-nord de l'Iowa. En partenariat avec son frère, Bill assure le leadership de Horan BioProduction, LLC. Ancien marine et ancien combattant du Vietnam, il a obtenu un baccalauréat ès sciences de la South Dakota State University et a suivi le programme d'éducation pour cadres de la Harvard Business School. Bill est bénévole en tant que membre du conseil d'administration du Réseau Mondial d'Agriculteurs. Il a également contribué à diriger le réseau pendant plusieurs années en tant que président avant de céder les rênes à la mi-2017.

 

Il siège au comité consultatif de la Banque de la Réserve Fédérale de Kansas City, du Comité Consultatif du Fret dans les Transports de l'Iowa, et est président du conseil d'administration de Western Iowa Energy, une usine de production de biodiesel de 30 millions de gallons [113 millions de litres] par an. L'intérêt de Bill pour les énergies renouvelables tout au long de sa vie a été conforté par son engagement en tant que membre du comité directeur de Natural Resource Solutions, LLC, un groupe non partisan basé à Washington DC se consacrant au développement de politiques publiques visant à fonder la consommation d'énergie aux États-Unis pour 25 % sur la biomasse d’ici 2025. Il est également directeur du Parc de Recherche de l’Iowa State University et est membre du comité consultatif technique sur la biomasse du Département de l’Énergie/USDA.

 

Source : https://globalfarmernetwork.org/2019/08/a-campaign-focused-on-science-over-fiction/

 

Cette tribune a paru pour la première fois dans The Hill.

 

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