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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Encore une étude glyphosate-bashing... des effets transgénérationnels ?

8 Mai 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Article scientifique, #Glyphosate (Roundup), #critique de l'information

Encore une étude glyphosate-bashing... des effets transgénérationnels ?

 

 

Lu sur le compte Twitter de la Fondation Hulot – qui ne semble pas avoir changé de nom du temps où le monsieur était ministre :

 

« 1 nouvelle étude parue dans @nature montre que l'exposition de rats au #glyphosate induit des effets toxiques affectant leurs descendants de 2nd et 3ème générations: maladies de la prostate, du foie ou des ovaires, obésité... »

 

 

(Source)

 

 

Notons que le sous-titre du compte est :

 

« Modifier les comportements individuels et collectifs pour accompagner la transition écologique et vivre dans un monde viable et solidaire. »

 

Modifier comment ? Ici, par une désinformation crasse !

 

 

Il y a bien une étude...

 

Toutefois, il y a bien une nouvelle étude, publiée dans Scientific Reports, du groupe Nature : « Assessment of Glyphosate Induced Epigenetic Transgenerational Inheritance of Pathologies and Sperm Epimutations: Generational Toxicology » (évaluation de l'héritage transgénérationnel épigénétique de pathologies et d'épimutations de spermatozoïdes induit par le glyphosate : toxicologie générationnelle) de Deepika Kubsad, Eric E. Nilsson, Stephanie E. King, Ingrid Sadler-Riggleman, Daniel Beck et Michael K. Skinner.

 

En voici le résumé (nous découpons...) :

 

« Il a été démontré que les expositions environnementales ancestrales à une variété de facteurs et de substances toxiques promeuvent la transmission transgénérationnelle épigénétique de maladies survenant chez l'adulte.

 

L'un des pesticides agricoles les plus largement utilisés dans le monde est l'herbicide glyphosate (N-(phosphonométhyl)glycine), communément appelé Roundup.

 

Il y a un nombre croissant de rapports contradictoires concernant la toxicité d'exposition directe (risque) du glyphosate, mais aucune enquête rigoureuse sur les actions générationnelles.

 

La présente étude utilisant une exposition transitoire chez des rats femelles en gestation de génération F0 a révélé des effets négligeables du glyphosate sur la pathologie de la génération F0 directement exposée ou des descendants de la génération F1. En revanche, on a observé une augmentation spectaculaire des pathologies chez les grands-enfants de la génération F2 et les arrière-grands-enfants transgénérationnels F3.

 

Les pathologies transgénérationnelles observées incluent des affections de la prostate, l'obésité, des affections du rein, des affections des ovaires et des anomalies à la parturition (à la naissance).

 

L'analyse épigénétique des spermatozoïdes des générations F1, F2 et F3 a permis d'identifier des régions de méthylation d'ADN (DMR [DNA methylation regions]) différentielles. Un certain nombre de gènes associés aux DMR ont été identifiés et on a montré précédemment leur implication dans des pathologies.

 

Par conséquent, nous proposons que le glyphosate peut induire l'hérédité transgénérationnelle d'épimutations de maladies et de lignées germinales (par exemple de spermatozoïdes).

 

Les observations suggèrent que la toxicologie générationnelle du glyphosate doit être prise en compte dans l'étiologie des maladies des générations futures. »

 

C'est un article très long que nous résumerons par les trois images suivantes :

 

 

 

 

 

 

...mais il y a un loup !

 

La montagne scientifique n'a manifestement pas accouché d'une souris ! Mais il y a un loup. Un loup exprimé avec une irritation fort compréhensible par M. Alexis Verger, biologiste moléculaire au CNRS :

 

 

(Source)

 

 

Avez-vous bien lu ?

 

Les rates fondatrices ont reçu, en injection intrapéritonéale, 25 mg/kg p. c./jour de glyphosate du jour 8 au jour 14 de la gestation.

 

Ces 25 mg/kg p.c./jour correspondent à cinquante (50) fois la dose journalière admissible (DJA) européenne de 0,5 mg/kg p.c./jour, sachant toutefois que c'est une dose ingérée, et non injectée, que la majorité du glyphosate ingéré n'est pas absorbé mais éliminé par les fèces et que l'exposition réelle des consommateurs est une petite fraction de la DJA.

 

Ramené à la petite personne qui sert de standard pour la toxicologie, cela représente une injection quotidienne de 1,5 grammes de glyphosate (soit la quantité présente dans 0,2 litre de désherbant prêt à l'emploi) pendant près de 12 semaines de grossesse.

 

 

Sérieux ?

 

Les indications sur le nombre de fondatrices (FO) et fondateurs et de reproducteurs sont vagues :

 

« En règle générale, on a élevé 6 à 8 femelles gestantes issues de portées différentes et 5 animaux de chaque sexe de chaque portée ont été utilisés pour générer 25 à 50 individus de chaque sexe pour chaque génération à analyser, comme décrit précédemment. »

 

Ils nous assurent que le « biais de portée » (« litter bias ») est négligeable. Dont acte.

 

Mais les auteurs ont utilisé une souche exogame, présentant donc une certaine variabilité génétique. La descendance d'un des mâles de la partie témoins traités au PBS a du être écartée car elle présentait un taux anormal d'obésité. Elle a été remplacée par une descendance obtenue dans le cadre d'un autre essai, mais traitée au DMSO. Est-ce compatible avec une absence de biais de portée ?

 

Le glyphosate a aussi été dissous dans du « PBS [une solution saline tamponnée au phosphate] ou du diméthyl sulfoxyde (DMSO) », mais on n'en saura pas plus. La majeure partie des résultats et des informations complémentaires ne font pas la différence entre les groupes PBS et DMSO.

 

Notons incidemment que les auteurs écrivent :

 

« Vingt-cinq mg/kg pour le glyphosate correspondent à 0,4 % de la DL50 orale chez le rat et à 50% de la DSENO [NOAEL] et, compte tenu du métabolisme rapide du glyphosate, environ le double de l'exposition professionnelle de 3–5 mg/kg par exposition quotidienne. »

 

Deux références sont citées à l'appui de la dernière affirmation : la première, « Intentional Self-Poisoning with Glyphosate-Containing Herbicides » (empoisonnement volontaire avec des herbicides contenant du glyphosate) est manifestement non pertinente ; la deuxième, « Conclusion on the peer review of the pesticide risk assessment of the active substance glyphosate » de l'EFSA, fixe une AOEL (acceptable operator exposure level) de 0,1 mg/kg p.c./jour et expose un scénario pire cas à 0,568 mg/kg p.c./jour pour l'absorption par voie cutanée (page 41)...

 

Et, encore une fois, rien à voir avec une injection dans le ventre d'une femme enceinte...

 

 

Sitôt publiée, sitôt exploitée !

 

Cette étude a-t-elle un intérêt scientifique ? Nous ne pouvons pas en juger...

 

Mais elle a manifestement un intérêt sociopolitique ! Pourquoi avoir choisi le glyphosate comme molécule à injecter – avec d'autres comme le DMSO qui ne sont peut-être pas anodines ?

 

Relevons toute fois que M. Michael Skinner s'est fait le spécialiste des effets transgénérationnels et qu'il a mis d'autres molécules en cause précédemment (voir notamment ici). Mais ce n'étaient pas des célébrités comme le glyphosate...

 

Publiée le 23 avril 2019, cette nouvelle étude a donné lieu à un gazouillis jubilatoire de la Health and Environment Alliance – un consortium auquel appartient la petite entreprise Générations Futures : voilà de quoi interpeller la Commission Européenne et l'inciter à prendre « davantage de mesures de précaution pour protéger notre santé »...

 

Interdire les injections intrapéritonéale de glyphosate, peut-être ?

 

 

(Source)

 

 

M. François Veillerette, directeur de Générations Futures, n'en est évidemment pas resté là... voici un gazouillis à l'air anodin, qui vaut par l'affichage des liens de parenté journalo-militants :

 

 

(Source)

 

 

Quant à M. Stéphane Foucart, nous noterons qu'il a répercuté un gazouillis de Mme Carey Gillam, de l'USRTK, et un ad hominem de M. Paul Thacker, autre militant notoire...

 

 

(Source)

 

(Source)

 

 

M. Stéphane Foucart ne s'est en tout cas pas précipité pour produire un article dans le Monde Planète. Un signe ? À vous de juger... L'article, « L’exposition au glyphosate pourrait avoir des effets sur plusieurs générations » (admirez le conditionnel...) est finalement venu le 6 mai 2019 (date sur la toile sous la signature de Mme Clémentine Thiberge.

 

 

Complément de 19 heures

 

Voir ce fil Twitter :

 

https://twitter.com/AnthonyGuihur/status/1125761815428894721

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J
Si le glyphosate entraine avec ses dérivés autant de mauvaises choses pourquoi Mrs Veillerette ,Foucard,Séralini n'alertent pas les ménagères sur les dangers des bonnes lessives respectueuses de l'environnement contenant des phosphonates.Si une même molécule a des effets opposés selon qu'elle vient de Monsanto ou Unilever nous arrivons dans un nouveau monde où les pseudosciences étouffent les Véritées
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Il faudrait effectivement faire un jour un test avec les assiettes qui sortent du lave-vaisselle. Quels résidus et combien ?
A
max, même si cela ne vous plait pas se sont bien ces 4 pays qui ont interdit le glyphosate !!!<br /> Au Sri Lanka, le retour n'est que partiel puisque juste sur deux cultures l' hévéa et de thé.<br /> Salvador le retour au glyphosate n'est connu .
Répondre
S
@ max le ‎mercredi‎ ‎08‎ ‎mai‎ ‎2019‎ ‎19‎:‎49<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Vous avez répondu à un harceleur qui se contrefout des réponses sensées apportées à ses délires.<br /> <br /> Non, Malte n'a pas interdit le glyphosate, malgré l'activisme de son ministre de l'environnement José Herrera.<br /> <br /> Non, El Salvador n'a pas interdit le glyphosate. Le texte de loi censé l'interdire avec quelques dizaines d'autres pesticides n'a jamais été promulgué.<br /> <br /> Oui, le Sri Lanka a réautorisé le glyphosate. Pour quelles cultures ? Ce n'est pas clair.<br /> <br /> Et pour le Vietnam, on verra bien...<br />
M
"Salvador le retour au glyphosate n'est connu ." Si vous soulez dire qu'aucun retour au glyphosate n'est connue, ils disent dans votre source qu'ils le réutilisent (même si c'est partiellement). De plus 4 pays (2 en faite) qui en interdit l'utilisation n'est pas un argument pour l'interdire en France. En Mauritanie la loi prévoie que les homosexuelles subissent la peine de mort, comme quoi c'est pas parce qu'un pays adopte quelque chose, que ça veut dire que cette chose est bonne.
A
pour rassurer seppi.<br /> <br /> https://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/37580/ces-4-pays-ont-interdit-glyphosate<br /> <br /> La France sera le 5éme !
Répondre
M
Le Sri Lanka et Le Salvador sont revenue sur l'interdiction. Donc 2 pays pas 4. Et vue qu'ils sont revenue dessus qui dit que le Vietnam ne feras pas pareil plus tard.