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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L’autorisation des cultures GM par le Nigeria renforce les espoirs de l’Afrique en matière de technologie

7 Mai 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Afrique, #OGM

L’autorisation des cultures GM par le Nigeria renforce les espoirs de l’Afrique en matière de technologie

 

Joseph Opoku Gakpo*

 

 

 

 

La décision du Nigeria d’approuver l’introduction du niébé et du cotonnier génétiquement modifiés (GM) a renforcé les espoirs mis dans la technologie à l’échelle africaine.

 

Les agriculteurs et les autres acteurs du secteur agricole d'autres pays se disent convaincus qu'ils suivront bientôt les traces du pays le plus peuplé du continent pour contribuer à la sécurité alimentaire.

 

« Les leçons doivent être tirées de ce que le Nigeria a fait. S'il a adopté les OGM, alors pourquoi dirons-nous que nous ne les acceptons pas ? Ce que le Nigeria a fait nous inspire tous », a déclaré Davies Korboe, meilleur agriculteur national du Ghana en 2009, à l'Alliance pour la Science dans une interview.

 

Avec un produit intérieur brut de plus de 376 milliards de dollars, le Nigeria est la plus grande économie du continent et sa situation influence considérablement les activités économiques d’autres régions de l’Afrique. Les actions du Nigeria, notamment l’autorisation du niébé GM, auront un impact extraordinaire sur le reste du continent, a prédit Margaret Karembu, directrice de l'antenne AfriCenter du Service International pour l’Acquisition d’Applications Agro-biotechnologiques (ISAAA).

 

« L’autorisation du niébé biotechnologique au Nigeria annonce un avenir prometteur pour l’Afrique », a-t-elle déclaré. « En particulier, cela créera un précédent pour l'autorisation du niébé au Ghana, au Burkina Faso et au Malawi, qui mènent également des recherches sur le niébé résistant aux insectes. »

 

Le niébé est la première plante vivrière GM à être approuvée pour la culture en plein champ au Nigeria et dans l'ensemble de l'Afrique occidentale. Le Burkina Faso avait précédemment approuvé et planté du cotonnier Bt, qui n'est pas une culture vivrière.

 

Karembu a expliqué que l'autorisation de la culture du niébé biotech au Nigeria est la preuve que les agences africaines sont à la hauteur de la tâche consistant à développer et à réglementer ces cultures, et que d'autres pays africains doivent reproduire leurs efforts.

 

« Cet important développement montre que l'Afrique a suffisamment de capacité pour mener des recherches en biotechnologie agricole », a-t-elle déclaré à l'Alliance pour la Science dans un entretien. « Cela prouve clairement que le continent dispose d'un riche vivier d'experts en agro-biotechnologie. L’autorisation démontre également la capacité de l’Afrique à prendre des décisions en toute indépendance et en toute confiance, dans l’intérêt de son peuple. En outre, cela montre que les décideurs sont conscients des problèmes qui préoccupent les communautés et les prennent à cœur. »

 

En Afrique, des OGM ne sont cultivés commercialement que dans deux pays : l’Afrique du Sud et le Soudan. Plus d'une douzaine d'autres pays procèdent actuellement à des essais sur environ huit plantes génétiquement modifiées, notamment le bananier, le manioc et le maïs, en vue de leur introduction dans l'approvisionnement alimentaire. Les lourdes procédures réglementaires et le travail de sape des groupes de la société civile anti-OGM bloquent les progrès dans plusieurs pays depuis plusieurs années, mais il est maintenant évident que les barrières tombent.

 

L’année dernière, l’Agence Nationale de Gestion de la Biosécurité du Nigeria (NBMA) a approuvé la commercialisation du cotonnier Bt, qui présente une résistance inhérente à un parasite destructeur, le ver de la capsule. Plus tôt cette année, l’agence a de nouveau approuvé la libération dans l’environnement du niébé Bt, qui peut résister à un ravageur destructeur, le maruca. Les variétés sont en cours d’examen aux niveaux du Comité de la Dissémination des Variétés et du Service National des Semences du pays et seront mises entre les mains des agriculteurs l’année prochaine.

 

 

Plus de réactions

 

M. Richard Ampadu Ameyaw, du Conseil pour la Recherche Scientifique et Industrielle du Ghana, a déclaré qu'il serait dans l'intérêt de la nation de suivre l'exemple du Nigeria et d'approuver la production de cultures génétiquement modifiées. Les cultures, une fois diffusées auprès des agriculteurs nigérians, vont certainement parvenir au Ghana par le biais d'échanges par-dessus les frontières, a-t-il déclaré.

 

« Ce qui se passe au Nigeria doit nous inspirer pour ce que nous devons faire ici », a déclaré Ampadu. « Nous pouvons donc obtenir les bons matériaux pour notre peuple ici. Car avec la loi sur les semences de l'Afrique de l’Ouest, une fois que la semence est acceptée, nous ne pouvons plus faire autrement. »

 

Des scientifiques ghanéens ont mené à bien des essais sur le niébé Bt et vont bientôt demander une libération environnementale et commerciale. Ampadu est convaincu que l’exemple du Nigeria donnera confiance aux Ghanéens et les fera accepter ces variétés. « L’exemple du Nigeria montre que nous pouvons également les accepter et que rien ne nous arrivera », a-t-il expliqué.

 

En Ouganda, deux cultures génétiquement modifiées (cotonnier Bt, et maïs Bt avec une résistance inhérente à la pyrale) sont en cours d’essais à l’Organisation Nationale de Recherche Agricole (NARO). Peter Wamboga-Mugirya, de la Fondation Scientifique pour les Moyens de Subsistance et le Développement de l'Ouganda, a déclaré à l'Alliance pour la Science que son pays et d'autres pays de l'Afrique de l'Est étaient impatients de suivre les traces du Nigeria.

 

« La percée du Nigeria inciterait le reste de l'Afrique à aborder les cultures biotechnologiques avec plus d'espoir et à prendre des mesures audacieuses à la nigériane », a-t-il déclaré. « Nos pays ont besoin d’une direction politique ferme et sérieuse pour progresser, comme le Nigeria. Les gouvernements des présidents Goodluck Jonathan et Muhammadu Buhar ont assuré le leadership politique qui a consisté à ne pas entraver les processus techniques, scientifiques et réglementaires. L’Ouganda devrait également apprendre cela… », a-t-il ajouté.

 

D'autres pays d'Afrique de l'Est, tels que l'Éthiopie, apprennent du Nigeria, a déclaré Wamboga-Mugirya. « L’Éthiopie, qui souffre chaque année de pénuries alimentaires, est également inspirée par la commercialisation par le Nigeria du niébé Bt pour autoriser la diffusion de son maïs Bt et résistant à la sécheresse, afin de contribuer à la réduction des dégâts aux récoltes par la pyrale et la sécheresse », a-t-il expliqué.

 

Malgré les efforts déployés depuis deux décennies pour introduire le cotonnier Bt au Malawi, la culture n’a pas encore atteint le stade de la commercialisation. Au moment où le cyclone meurtrier aggravé par le changement climatique a provoqué de nombreuses inondations au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe, le Malawi doit plus que jamais suivre les traces du Nigeria, a déclaré Yohane Chimbalanga, responsable des services de recherche chargé des sciences de l'agriculture à la Commission Nationale de la Science et de la Technologie.

 

« Au Nigeria, les agriculteurs vont bientôt commencer à récolter les bénéfices de la technologie GM », a déclaré Yohane à l'Alliance pour la Science. « Cela devrait être un appel à se réveiller au Malawi, qui dispose de tous les instruments nécessaires (y compris un cadre réglementaire en matière de biosécurité) pour permettre au pays d’utiliser la technologie en toute sécurité, de commercialiser ses produits et d’en tirer les avantages. »

 

Il a poursuivi : « Le Malawi et le reste de l’Afrique devraient s’inspirer de la démarche audacieuse prise par la première économie africaine pour permettre la commercialisation de la technologie GM, si nous voulons combattre de manière réaliste les effets du changement climatique et de l’insécurité alimentaire en Afrique. Nous devons autoriser tous les outils nécessaires pour nous aider à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés, et les OGM en sont un. »

 

Au Kenya, les procédures visant à permettre l'introduction de cultures génétiquement modifiées ont été bloquées après l'interdiction du ministère de la Santé en 2012. L'Autorité Nationale de Gestion de la Sécheresse a averti que plus d'un million de Kényans sont confrontés à la famine cette année en raison des pluies insuffisantes d'octobre à décembre de l'année dernière. Dans un article paru dans le journal Daily Nation, un responsable de programme de la Fondation pour l’Agriculture et la Technologie en Afrique (AATF) a demandé au gouvernement de réexaminer l’interdiction. « L'interdiction des OGM est non seulement incompréhensible, mais équivaut à priver les petits exploitants agricoles de la possibilité d'améliorer leurs conditions de vie et à prendre en otage l'avancement de la recherche en biotechnologie », a-t-il écrit. « La levée de l'interdiction des OGM ne constituera pas seulement une intervention opportune mais aussi une étape majeure sur la voie de la sécurité alimentaire. »

 

 

Le message du Nigeria au monde

 

Mme Rose Maxwell Gidado, coordinatrice nationale du Forum Ouvert sur la Biotechnologie Agricole pour le Nigeria, a déclaré que le succès de son pays en matière de cultures génétiquement modifiées montre au reste de l’Afrique qu’il peut faire de même. Ce succès prouve que les revendications anti-technologies contre les OGM sont exagérées, a-t-elle déclaré, et contrairement à la perception générale, les agriculteurs et les décideurs sont disposés à accepter cette technologie.

 

M. Mohammad Ishayaku, chercheur principal responsable du projet du niébé Bt au Nigeria, a déclaré que le reste de l'Afrique a beaucoup à apprendre de ce que les régulateurs nigérians ont fait, et il a invité les dirigeants africains à aider le continent à progresser.

 

« Premièrement, j'aimerais que les régulateurs africains sachent que réguler ne signifie pas prévenir », a-t-il déclaré. « La réglementation devrait faciliter les choses de la bonne manière. Deuxièmement, les régulateurs devraient cesser de réinventer la roue ; nous avons des principes mondiaux et universels. Ce qui est appliqué au Rwanda peut être appliqué au Kenya tant que cela est respectueux de la santé et de l’environnement. Enfin, ils devraient garder à l'esprit que la charge financière liée à la réglementation réduit la rentabilité de la technologie. »

 

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Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2019/04/nigerias-approval-gmo-crops-boosts-africas-hopes-technology/

 

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C
effectivement , le succès en matière de cultures génétiquement modifiées montre au reste de l’Afrique qu’il peut faire de même
Répondre
S
Ah un commentaire pour faire connaître son business...
D
Merci pour ces précieuses informations, bonne continuation :)
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S
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M
cet article est exceptionnel !
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S
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