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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Bordeaux: Ce viticulteur abandonne la culture en bio car le cuivre... » sur 20 Minutes

12 Novembre 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Agriculture biologique, #Pesticides

« Bordeaux: Ce viticulteur abandonne la culture en bio car le cuivre... » sur 20 Minutes

 

Glané sur la toile 277

 

 

Ajout du 18 novembre 2018 : FAKE !

C'est effectivement terriswalkeris terraereginae (voir les commentaire)

 

 

On aurait pu penser que 20 Minutes serait un peu moins seul à diffuser l'information. En effet, ces temps-ci, on parle beaucoup du cuivre – notamment de l'emblématique bouillie bordelaise – pour cause de discussions au niveau de l'Union Européenne sur son éventuelle ré-autorisation. Il fait l'objet d'un intense lobbying du biobusiness pour le maintien de cette substance dangereuse pour la santé et l'environnement (bien plus que le glyphosate !) dans le circuit de la protection des plantes.

 

Mais c'est une information qui heurte les convenances bobo-écolo-bios et les intérêts du biobusiness, ainsi que son argumentaire de marketing : « Bordeaux: Ce viticulteur abandonne la culture en bio car le cuivre est trop polluant pour les sols » en est le titre.

 

L'information n'a percé que dans certains journaux spécialisés tels Vitisphère ou La Revue du Vin de France... et aux États-Unis d'Amérique dans Genetic Literacy Project ou encore American Council on Science and Health.

 

Il y a un résumé en trois points :

 

  • Le cuivre est un pesticide d’origine naturelle, et c’est le seul autorisé en viticulture bio [notons que c'est faux : il y a d'autres pesticides autorisés].

     

  • Pour Basile Tesseron, ce produit « pose trop de problèmes » à cause de sa « stagnation dans les sols ».

     

  • Il préfère donc abandonner la viticulture bio pour explorer de nouvelles pistes.

 

L'article, très détaillé, commence mal... enfin pour les idéologues et thuriféraires du bio : M. Bernard Farges, vice-président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) a annoncé le 15 octobre 2018 qu’il y aurait des « déconversions en bio en 2019, et pas qu’à Bordeaux ». Les viticulteurs « ne vont pas supporter de prendre une troisième fois une récolte déficitaire, et ils ne vont prendre aucun risque » en 2019.

 

Décryptons : le bio, c'est le risque. Quoi de plus normal : son cahier des charges interdit les pesticides « de synthèse » qui apportent des solutions pour la sécurité (relative tout de même mais bien meilleure) sur le plan tant agronomique (y compris environnemental) qu'économique.

 

Passons au domaine Lafon-Rochet à Saint-Estèphe :

 

« Mais quel est le problème de ce jeune viticulteur avec le bio ? Il se résume essentiellement en un mot : le cuivre, seul pesticide autorisé en bio. "La grande majorité des traitements bio se fait à base de cuivre" rappelle-t-il, et, dans le Bordelais, "cela fait 140 ans qu’on utilise ce 'produit miracle' contre le mildiou [ la fameuse bouillie bordelaise]." Que l’on soit en bio ou pas, d’ailleurs. "Mais les doses utilisées dans la viticulture conventionnelle sont tout de même moins importantes que dans le bio."

 

Or, le cuivre "pose quand même pas mal de problèmes, à commencer par la stagnation dans le sol" s’inquiète Basile Tesseron. "C’est un produit qui fait partie de la catégorie des métaux lourds, donc il ne s’évapore pas, au contraire il s’accumule dans le sol. Ce qui m'inquiète, ce sont les résidus, et pour moi ce n’est plus une solution pérenne." D'autant plus que pour une grande quantité de produits, le rendement est souvent moindre... »

 

 

 

 

Il y a eu un autre article le 8 novembre 2018, « Bordeaux: Le ras-le-bol de la filière viticole bio », mais il a été retiré. Il faudra donc se contenter des déclarations de Mme Sylvie Dulong, viticultrice bio à Saint-Émilion et présidente de la Fédération Régionale d'Agriculture bio en Nouvelle-Aquitaine, rapportées dans l'article commenté dans ce billet. Elle

 

« ...déplore que sa filière soit attaquée "en permanence" et que "l'on cherche systématiquement à nous opposer aux viticulteurs conventionnels ; ce n’est pas notre vision des choses." »

 

Vraiment ? Peut-être que sa fédération peut se vanter d'une bonne conduite, mais la promotion du bio ne se fait-elle pas – par les acteurs de la filière, par ses promoteurs, par ses mercenaires, par des médias maintenant conquis et même par le législateur – par le dénigrement des filières conventionnelles ?

 

Nous avons en particulier le souvenir d'une manœuvre d'une indigence éthique rare de deux « associations » – Alerte aux Toxiques ! Et Collectif Infos Médoc Pesticides – dont nous pensons qu'elles sont de facto des filiales d'une autre, généreusement financée par le biobusiness. Pour dénigrer l'engagement pris par la profession viticole bordelaise de réduire l'usage des pesticides et annoncé par M. Bernard Frages en avril 2016, elles n'avaient pas hésité à faire analyser une bouteille de ce même M. Farges de... 2014.

 

20 Minutes ajoute :

 

Elle assure "qu’aux doses auxquelles il est employé, le cuivre ne pose aucun problème" et même si elle ne nie pas les résidus dans le sol, elle estime que "cela n’a rien à voir avec les conséquences néfastes des produits chimiques de synthèse." Elle rappelle au passage que les viticulteurs conventionnels utilisent eux aussi le cuivre, "et au vu des surfaces, dans des proportions bien plus importantes que les bio.»

 

On admire la rhétorique ! N'oppose-t-elle pas les vertus alléguées du bio aux vices allégués du conventionnel ?

 

Toujours est-il que, pour M. Basile Tesseron,

 

« ... il n’y a pas de solution satisfaisante pour traiter la vigne, qui est une plante très particulière. Ce qui m’intéresse maintenant, c’est de trouver des idées pour financer la recherche et le développement pour des produits alternatifs. »

 

Nous lui suggérons vivement d'inciter la profession viticole à entamer une réflexion sur les techniques génétiques modernes, à même de conférer aux cépages existants des résistances à des maladies fongiques et bactériennes. Un Merlot, par exemple, résistant au mildiou, ça vous dit ?

 

 

Ajout du 13 novembre 2018

 

En sens contraire, "Château Latour, quand un roi du bordeaux passe au bio".

 

L'information sur le château Lafon-Rochet y est noyée dans l'apologie du bio et de la biodynamie :

 

« L’année 2018 a en effet été particulièrement ardue pour les viticulteurs bordelais. La chaleur et la pluie ont engendré une attaque de mildiou d’une intensité rare, difficile à traiter en bio comme avec la chimie. A une différence près : les produits de synthèse restent actifs même avec la pluie, quand il faut repasser après chaque ondée avec les produits autorisés en agriculture biologique et, donc, redoubler de vigilance. A Saint-Estèphe, le Château Lafon-Rochet a déclaré forfait après dix ans sans chimie. Trop de passages des tracteurs dans les vignes, trop de cuivre sur le sol selon son directeur, qui estimait dans La Revue du vin de France très récemment que, pour lui, le bio n’était pas la solution pour préserver l’environnement. »

 

 

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C
le verre de terre, ça serais pas un terriswalkeris terraereginae? c'est pas bien de mentir au lecture...
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Vous avez raison et j'ai mis un avertissement sous le gazouillis (ce sera plus efficace que d'enlever la photo).<br /> <br /> Et je me confonds en plates excuses.
E
@avogadro , vous savez certainement qu'il est possible d'avoir sur une même exploitation viticole des vignes bio et des vignes conventionnelles !<br /> Je suis viticulteur dans le sud17 et j'avais un voisin (qui à fait faillite) qui fonctionné de cette manière sur <br /> ces 23 ha de vigne (15 ha en bio , 8 ha en conventionnelle because fermage) .<br /> Alors malgré qu'il existe un organisme certificateur j'affirme qu'il est très facile de mettre un Mikal ou un Rodax dans des vignes bio ceci sans que l'organisme certificateur soit au courant .<br /> Mais le pire ou le plus amusant , en Charentes nous pouvons cette année produire plus de 16HL/AP/HA (même les bios qui ont eu une attaque de mildiou carabiné en Juin) .<br /> Et bien ces personnes arrivent quand même à faire leurs quotas .<br /> Vous savez comment ??<br /> ils achètent tous simplement du vin à leurs voisins (en conventionnelle) .<br /> Et il ne doit avoir qu'un ou deux agent des douanes en vadrouille pour tout le sud17 alors je vous explique pas .
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Mais vous savez bien… il ne peut y avoir de "biologique" que s'il y a certification !<br /> <br /> Un agriculteur (ou un viticulteur) qui produirait selon le cahier des charges de l'agriculture biologique sans être certifié ne peut être qu'un agriculteur "conventionnel" sur lequel les thuriféraires du bio jettent un regard méprisant.
B
L'info est passée dans Sud-Ouest il y a une petite semaine. Le lendemain ou le surlendemain, les représentants locaux de la FNAB ont fait savoir que le vignoble de ce Château de St Estèphe conduit en bio n'a cependant jamais demandé le contrôle par organisme certificateur.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire (si, si…) et vos compliments…<br /> <br /> Le splendide incompétent et ignare vous salue bien !
A
Bonjour,<br /> <br /> Toute absence de contrôle et suivit par un organisme certificateur implique inévitablement qu'il n’existe aucune certification en agriculture biologique.<br /> Ce n'est donc en aucun cas un viticulteur Bio .<br /> Ce billet fait état d'arguments fallacieux dans le but de nuire à l'image de agriculture biologique.<br /> Nous y remarquons également une grande récupération menée par l'auteur de ce billet qui apparait de ce fait ici comme un splendide incompétent en agriculture surtout biologique .<br /> Sur le fond, il faut aussi être sacrément stupide pour prendre la photo truquée du vers de terre comme réelle; ce billet représente donc un bel enfumage qui n'est que la signature d'un bel ignare .
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> <br /> Les articles de Sud-Ouest ne sont pas référencés sur l'Internet. Le Parisien avait bien précisé que le château n'était pas certifié bio.<br /> <br /> Je viens de découvrir que Le Monde a aussi donné l'information, mais de manière un peu particulière 'voir l'ajout ci-dessus).<br /> <br />