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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

À propos des mots « interdites » : Donald Trump, couleur pastèque

20 Décembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

À propos des mots « interdites » : Donald Trump, couleur pastèque

 

Ludger Weß*

 

 

 

 

Le président américain aurait ordonné aux Centers for Disease Control and Prevention (CDCcentres pour le contrôle et la prévention des maladies) d'arrêter d'utiliser les termes « fondé sur la science » et « fondé sur des preuves ». L'Europe est indignée et c'est hypocrite. Car Trump ne fait que rattraper ce qui a longtemps été le cas dans l'UE à l'instigation de partis sociaux-démocrates, de gauche et verts.

 

 

 

La liste des termes que les CDC ne devraient plus utiliser dans les documents officiels comprend plusieurs mots, y compris « fœtus », « diversité » et « transgenre » et il est clair que Trump cible en particulier les services de consultation des CDC pour des thèmes tels que la sexualité, les problèmes de transgenres, l'avortement, la vaccination et les cellules souches embryonnaires.

 

Il est intéressant de constater que certains termes ne sont pas simplement interdits, mais devraient être remplacés ou complétés par des explications. Au lieu de « fondé sur la science », il faudra dire : « Les CDC fondent leurs recommandations sur la science, en tenant compte des normes et des souhaits publics » (CDC bases its recommendations on science in consideration with community standards and wishes).

 

Quiconque a suivi en Allemagne l'excitation au sujet du renouvellement de l'autorisation du glyphosate ces dernières semaines, constatera que les organisations environnementales, les Verts, die Linke et le SPD appellent précisément cela : l'évaluation scientifique par les institutions compétentes de par la loi en Europe et en Allemagne ne devrait pas être la seule mesure. Au contraire, une autorisation devrait prendre en compte les normes et les souhaits publics que les ONG et leurs lobbyistes parlementaires auront fabriqués grâce à des campagnes jouant sur l'émotion (« le glyphosate tue tout ! ») et ensuite « identifiés » par des sondages et des campagnes de signatures.

 

 

L'UE montre l'exemple

 

Il y a déjà un précédent européen depuis 2014, lorsque la Commission Européenne a cédé aux pressions des ONG et des partis politiques et supprimé la fonction de conseiller scientifique principal de l'UE (EU Chief Scientific Adviser – CSA). Anne Glover, qui occupait ce poste depuis 2012, avait attiré les foudres des activistes car elle était ouverte au génie génétique vert. L'année suivante, cela a continué. Le Parlement Européen et le Conseil Européen ont décidé que chaque État membre pouvait interdire la culture de plantes génétiquement modifiées sur son territoire (« opt out »), même si leur évaluation par les institutions compétentes a conclu à une absence de soucis en termes de santé et d'environnement.

 

C'est plus que clair selon la loi :

 

« Chaque OGM approuvé ayant fait l'objet d'un examen rigoureux de sécurité par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et les États membres, une "Opt Out" ne peut pas être justifiée par le fait que la plante présente des risques pour la santé ou l'environnement. Au contraire, des raisons indépendantes doivent être données. »

 

Et qu'en est-il des raisons « indépendantes » ? Elles sont nébuleuses : objectifs environnementaux et agricoles, évitement d'« effets socio-économiques », « bien commun » et « maintien de l'ordre public ».

 

 

Génie génétique vert

Nous rejetons – comme 80 % de la population – la culture des plantes génétiquement modifiées car le génie génétique vert ne doit pas être imposé à l'homme […]

Copie d'écran du site de la fraction SPD du Bundestag, 17 décembre 2017.

 

En d'autres termes, bien qu'il n'y ait aucun risque sanitaire ou environnemental selon la science, on suscite des craintes, des peurs et des sentiments qui sous-entendent qu'il y a quand même des risques pour l'environnement, la santé et le bien public.

 

Ainsi donc, Trump transpose exactement ce qui fait partie intégrante des programmes des partis de gauche, des sociaux-démocrates et des partis verts depuis des années : le rejet des autorisations des nouvelles technologies fondées sur la science et les preuves et le passage à un régime d'autorisation qui prend en compte les émotions que des associations religieuses et quasi religieuses ont fomentées.

 

 

La science et l'industrie se débinent

 

On ne s'attend plus à beaucoup de résistance en Europe. Les scientifiques et leurs associations ont encore marmonné en 2014 lors du limogeage d'Anne Glover. Face à la scandaleuse politique d'opt-out, l'année suivante, ils sont restés aussi obstinément muets qu'ils ont gardé le silence lors de la mascarade hystérique du glyphosate. Les meilleurs chercheurs préfèrent depuis longtemps l'émigration interne ou externe. Les pays asiatiques et (jusqu'à récemment) les États-Unis offrent de bien meilleures conditions pour une recherche qui n'est pas étranglée par les activistes anti-OGM, des droits des animaux et de l'environnement, et de bien meilleures chances de voir les fruits de la recherche déboucher sur des applications.

 

L'industrie s'accommode aussi depuis longtemps du fait que des processus parallèles ont été mis en place à côté des procédures d'approbation et de surveillance des gouvernements : celui dont le produit à échoué à l'Öko-test [un magazine allemand de défense des consommateurs, très orienté sur le respect de l'environnement] – dont les exigences sont totalement opaques et sont modifiées d'un test à l'autre) – ne peut plus le vendre et est obligé de changer les spécifications ou de le retirer du marché.

 

Il n'est donc pas étonnant qu'une chaîne de magasins telle que Rewe International AG paie, année après année depuis 2003, pour prix de la paix, des sommes importantes à des ONG comme Global 2000 (l'organisation autrichienne sœur du BUND, l'union allemande pour la protection de l'environnement et de la nature). En 2013, c'était 600.000 euros, soit un tiers environ du budget correspondant de Global 2000. En 2013, 15 « experts en agriculture » de l'association lobbyiste étaient à l'œuvre pour contrôler les offres de fruits et légumes de Rewe. Le PDG de Rewe Frank Hensel a déclaré qu'il attachait une grande importance à la constatation que « les ingénieurs de Global 2000 décident exclusivement par eux-mêmes s'il faut bloquer des produits ou des fournisseurs. »

 

Caritas, qui se positionne contre le génie génétique et l'agriculture conventionnelle, est également autorisée à s'immiscer dans les affaires de Rewe. Greenpeace est dans le bateau de la chaîne de magasins autrichienne Hofer ; la chaîne de boulangerie Ölz travaille avec Vier Pfoten (quatre pattes), Ikea, avec le WWF.

 

Ce n'est qu'une question de temps avant que l'approbation des médicaments et d'autres technologies ne soit victime de l'industrie de l'indignation, après l'autorisation des pesticides et des plantes génétiquement modifiées. Ce qui peut être ramassé dans ce domaine est probablement un multiple des montants qui sont actuellement collectés auprès des entreprises de la distribution. Il ne manque qu'une occasion de fabriquer un scandale qui peut alors être utilisé en tant que symbole de l'horrible « médecine conventionnelle » et des « mafias pharmaceutiques ».

 

 

Note du 18 décembre 2017

 

La directrice des CDC, Brenda Fitzgerald, a démenti l'existence d'une « interdiction » explicite de certains termes. Cependant, elle n'a pas nié que certaines descriptions seraient mieux adaptées pour recevoir des subventions de programmes à l'avenir.

 

 

 

____________

 

* Ludger Weß écrit sur la science depuis les années 1980, principalement le génie génétique et la biotechnologie. Avant cela, il a fait des recherches en tant que biologiste moléculaire à l'Université de Brême. En 2006, il a été un des fondateurs d'akampion, qui conseille les entreprises innovantes dans leur communication. En 2017, il a publié ses polars scientifiques « Oligo » et « Vironymous » chez Piper Fahrenheit. Cet article a été écrit par Ludger Weß à titre privé.

 

Source : https://www.salonkolumnisten.com/der-rotgruene-herr-trump/

 

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