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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

États Généraux de l'Alimentation : les clowneries de François V.

29 Septembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #Politique

États Généraux de l'Alimentation : les clowneries de François V.

 

 

C'est certes en grande partie une conséquence des conditions climatiques désastreuses de 2016, mais cela devrait nous servir d'avertissement (source).

 

La consultation liée aux États Généraux de l'Alimentation tourne à la farce. Elle est certes conçue pour permettre de s'exprimer à quiconque dispose d'un ordinateur et d'une connexion internet, plus du temps libre et une envie de partager ses connaissances, sa science, ses idées, ses lubies, ses phobies et aussi ses intérêts – intellectuels ou... lucratifs (voir ici pour Biocoop, par exemple).

 

Des entreprises, des syndicats et des associations, et même une collectivité publique (au moins) se sont inscrits pour présenter des « causes », des « solutions » ou des « arguments », ou encore pour « voter ». Cela inclut des parties prenantes participants à des « ateliers ».

 

Et cela fait à notre sens désordre.

 

 

Un François Veillerette s'est inscrit...

 

Citoyen ou organisation à but (officiellement) non lucratif ?

 

Le 31 août 2017 s'est inscrit un certain François Veillerette. En regard d'hiéroglyphes standardisés (l'humanité qui dispose d'un alphabet progresse...), nous trouvons « https://www.generations-futures.fr » et « Organisation à but non lucratif ». Curieux... mais honnête sur la réalité fusionnelle entre l'homme et l'entité.

 

 

13 propositions...

 

M. François Veillerette/organisation à but non lucratif a donc fait les 13 propositions suivantes :

 

  • Mettre en place les moyens permettant d’atteindre rapidement la réduction de 50% l’usage des pesticides grâce à des politiques volontaristes, avec des objectifs intermédiaires dans le temps par culture et par région.

  • Informer le consommateur des pesticides et autres additifs chimiques de synthèse utilisés pour la culture, pendant la transformation et/ou la conservation des produits alimentaires qu’il achète.

  • Instaurer des Limites Maximales en Résidus (LMR) qui tiennent compte de la problématique des effets cocktails.

  • Impulser une modification en profondeur des procédures et des lignes directrices de l’évaluation/homologation des pesticides dans l’UE afin de garantir un haut niveau de protection de la santé et de l’environnement

  • Appliquer pour la France une définition réellement protectrice des Perturbateurs Endocriniens qui va au-delà de ce que l’UE s’apprête à appliquer

  • Interdire la mise sur le marché de toutes molécules dangereuses

  • Maintenir le refus de la France de réautoriser le glyphosate au niveau européen

  • Mettre fin au recours à des systèmes dérogatoires

  • Interdire purement et simplement – et dès à présent - les pulvérisations aériennes

  • Maintenir un cahier des charges bio strict et exigent qui soit harmonisé au niveau Européen afin que la qualité des produits soit au rendez-vous et puisse protéger notre santé comme notre environnement.

  • Avoir une gouvernance des politiques agricoles et alimentaire pluri-acteurs.

  • Soutenir fortement et en priorité l’agriculture biologique et locale (Avoir 20% des surfaces agricoles en France cultivées en bio d’ici 2022 - contre 6% aujourd’hui) ainsi que la production intégrée/HVE3

  • Augmenter la part de produits bio et locaux en restauration collective (scolaire, EHPAD, hôpitaux etc.)

 

 

...et 13 + 7 votes

 

M. Francois Veillerette/organisation à but non lucratif a aussi voté « d'accord » sur 13 propositions. Pas la peine de les énumérer.

 

Nous sommes en effet fort aise de constater que les propositions de M. François Veillerette bénéficient du soutien de... M. François Veillerette.

 

Pour certaines, du double soutien. Car la suite de la liste comporte des intitulés tronqués qui renvoient à des propositions libellées de manière différente de... M. François Veillerette. Parmi elles, par exemple, « En finir avec les lobbys de la FNSEA et des agro-i… » renvoie à la proposition : « Avoir une gouvernance des politiques agricoles et alimentaire pluri-acteurs ».

 

 

Et un Veillerette s'est aussi inscrit...

 

Le 5 septembre 2017, un certain Veillerette s'est inscrit, sans donner plus de détails. Il a voté « d'accord » sur les propositions suivantes :

 

  • Augmenter la part de produits bio et locaux en restauration collective (scolaire, EHPAD, hôpitaux etc.)

  • Soutenir fortement et en priorité l’agriculture biologique et locale (Avoir 20% des surfaces agricoles en France cultivées en bio d’ici 2022 - contre 6% aujourd’hui) ainsi que la production intégrée/HVE3

  • Impulser une modification en profondeur des procédures et des lignes directrices de l’évaluation/homologation des pesticides dans l’UE afin de garantir un haut niveau de protection de la santé et de l’environnement

  • Instaurer des Limites Maximales en Résidus (LMR) qui tiennent compte de la problématique des effets cocktails.

  • Informer le consommateur des pesticides et autres additifs chimiques de synthèse utilisés pour la culture, pendant la transformation et/ou la conservation des produits alimentaires qu’il achète.

  • Avoir une gouvernance des politiques agricoles et alimentaire pluri-acteurs.

 

Là, on peut s'inquiéter du fait que M. Veillerette ne soutienne que 6 des 13 propositions de M. François Veillerette...

 

 

Des appels aux votes ?

 

Le formidable bidule mis en place par les concepteurs du site permet de trier en fonction du nombre de votes. Les propositions des « États généraux de l'alimentation » – autrement dit des organisateurs – sont « épinglées » – donc forcément en tête de liste. Dans la page « Comment renforcer la sécurité sanitaire de l'alimentation ? », sous « Solutions », elles sont suivies par 3 propositions de... M. François Veillerette avec 198 ou 185 votes (à l'heure où nous écrivons), très largement favorables. Les propositions suivantes, entre 86 et 69 votes, sont de l'Association végétarienne de France.

 

Suspecteriez-vous que l'on ait battu le rappel des amis ? « Appliquer pour la France une définition réellement protectrice des Perturbateurs Endocriniens qui va au-delà de ce que l’UE s’apprête à appliquer » et « Interdire la mise sur le marché de toutes molécules dangereuses » n'ont fait l'objet que de 62 votes. Il y a là des différences dans l'attractivité des formulations qui peuvent mériter une analyse sociologique.

 

Notons aussi que « Maintenir le refus de la France de réautoriser le glyphosate au niveau européen » n'a fait l'objet que de 67 votes, dont 61 « d'accord ». Là aussi, la dissymétrie entre le tapage médiatico-politique et la réaction des contributeurs aux EGA est quelque peu étonnante.

 

 

Des propositions d'une grande pertinence (ironie)

 

On s'ébaubira aussi d'admiration devant la pertinence des propositions.

 

Yaka, Fôkon mettre « en place les moyens permettant d’atteindre rapidement la réduction de 50% l’usage des pesticides grâce à des politiques volontaristes, avec des objectifs intermédiaires dans le temps par culture et par région. » Soyons fou... établissons un Gosplan écologique.

 

On imagine aussi l'usine à gaz qui serait nécessaire pour « [i]nformer le consommateur des pesticides et autres additifs chimiques de synthèse utilisés pour la culture, pendant la transformation et/ou la conservation des produits alimentaires qu’il achète ». Le blé de l'agriculteur A stocké dans la même cellule que le blé de l'agriculteur B... La farine issue du blé du silo X mélangée à la farine issue du blé du silo Y... Le boulanger prenant un sac de farine livré le jour J et un sac de farine livré le jour K, pour une même fournée (avec deux fournées successives, il faudra séparer les pains)... Mais notez bien que l'auteur de la proposition a pris soin de préciser : « ...chimiques ». Il faut veiller aux intérêts de ses financeurs...

 

Tenir compte de « la problématique des effets cocktails » est simple : il suffit d'écrire une phrase ! Mais c'est en fait une tâche herculéenne. Deux substances = un cocktail. Trois substances = 4 cocktails (AB, AC, BC, ABC). Quatre substances = onze cocktails (AB, AC, AD, BC, BD, CD, ABC, ABD, ACD, BCD, ABCD)... Sans compter les cocktails avec par exemple le jus de pamplemousse (dangereux avec certains médicaments), les « médicaments » homéopathiques (attention aux effets secondaires), ou encore l'ail, redouté par les vampires...

 

L'explication vaut aussi le détour :

 

« La non prise en compte de ce mélange dans l'évaluation est une aberration lorsque l'on sait que par son alimentation un enfant peut être exposé un cocktail de plus de 100 molécules par jour! »

 

Stratégie de l'appel à la bienveillance envers les enfants... On attend de M. François Veillerette une preuve convaincante. Enfin, les 100 molécules (naturelles) doivent se trouver dans un simple verre de lait.

 

Avec « [impulser une modification en profondeur des procédures et des lignes directrices de l’évaluation/homologation des pesticides dans l’UE... » on se trouve dans le registre des propositions de confort intellectuel et militant. Ça sonne si bien ! Mais là encore, l'explication est choquante :

 

« Pour atteindre cet objectif il faut en prendre réellement en compte l’ensemble de la littérature publiée dans les 10 dernières années dans l’évaluation des pesticides et pas seulement les études fournies par les firmes, évaluer les effets à long terme des pesticides formulés (toxicité chronique) et rendre public les paramètres biologiques des organismes utilisés dans les études utilisées par les régulateurs. »

 

M. François Veillerette sait très bien, par exemple, que les évaluations ne se limitent pas aux études fournies par les firmes. Mais les « choses » souvent répétées... Et plus il est gros...

 

Faire « mieux » que les autres, quitte à détruire le tissu économique – et partant social et environnemental –, voilà une belle ambition. Quitte aussi à ce que les « molécules dangereuses », par exemple, nous reviennent par les produits alimentaires qu'on aura importés, faute d'avoir pu les produire en France du fait des impasses phytosanitaires ; ou que, faute de solution de lutte efficace, des espèces invasives nous envahissent.

 

Mais rassurez-vous, bonnes gens, par « molécules dangereuses », il ne faut entendre selon l'explication que celles qui entrent dans le domaine des produits phytosanitaires ; pas l'alcool, ni la charcuterie « cancérogène certain » selon le CIRC, ni la pilule ou les médicaments aux effets secondaires parfois fatals.

 

Le cuivre dont l'agriculture biologique abuse ? Les pyréthrines, huile de neem et autre spinosad ? Hum !

 

S'agissant du glyphosate, la pensée magique prévaut en filigrane :

 

« Maintenir le refus de la France de réautoriser le glyphosate au niveau européen et voter contre à l’automne 2017 tout en essayant de convaincre d’autres états membres de la rejoindre dans ce choix. Au niveau national, interdire purement et simplement, dès à présents, tous les produits à base de glyphosate. La dépendance à cette subtance rend impossible le changement des pratiques. »

 

Interdisons – au niveau français (ou européen) – et les pratiques changeront... certes, mais pas en bien ! C'est la « dépendance à cette substance » qui permet précisément de bonnes pratiques comme l'agriculture de conservation.

 

Quant aux « systèmes dérogatoires », l'explication est la suivante :

 

« Dans le cadre de l'évaluation et l'homologation des pesticides divers systèmes dérogatoire sont disponibles au niveau européen pour pouvoir continuer àutiliser des pesticides interdits, ou pour des usages interdits. Tant que ces dérogations persistes, le système privilégie le recours aux pesticides de synthèse. »

 

Nous aurons une pensée émue pour les producteurs bio qui – le cahier des charges leur interdisant les produits plus performant tant du point de vue de leur finalité que de celui de la santé et de l'environnement – utilisent du cuivre (maintenu de manière générale mais dans un cadre dérogatoire aux conditions normales d'homologation) ; ou encore du Neemazal T/S dans le cadre d'une dérogation de 120 jours.

 

On retrouve « [i]nterdire purement et simplement » lié à « dès à présent » pour les pulvérisations aériennes. L'écologie punitive et oppressive dans toute sa splendeur... Mais yaka... Nous protégerons, par exemple, la santé publique contre les chenilles processionnaires avec des pulvérisateurs à main et à lances, ou des échenilloirs. Nous pourrons aussi oublier les traitements ponctuels avec des drones...

 

Nous n'entrerons pas dans les propositions visant à développer le bio, notamment par la création de marchés captifs, pour conclure sur : « Avoir une gouvernance des politiques agricoles et alimentaire pluri-acteurs ».

 

C'est la traduction politiquement technocratique de : « Elargir la gouvernance des politiques agricoles et alimentaires à tous les acteurs, en particulier ceux de la filière bio et issus de la société civile. »

 

La « société civile » ? Devinez qui veut une place à table...

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U
On devrait rendre obligatoire l'affichage des 100 molécules sur les emballages. On aurait :<br /> Monoxyde de diydrogène<br /> Chlorure de sodium<br /> (R)-3,4-dihydroxy-5-((S)-1,2-dihydroxyéthyl)furan-2(5H)-one<br /> α-(5,6-dimethylbenzimidazolyl)cobamidcyanide<br /> α-D-glucopyranosyl-(1↔2)-β-D-fructofuranoside<br /> (vitamine C, vitamine B12, saccharose)<br /> etc.<br /> Les consommateurs ont le droit de savoir !
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Et sans oublier l'avertissement sur la dangerosité du monoxyde de dihydrogène.
P
Heureux d'apprendre que M. Veillerette distingue les molécules dangereuses et le Glyphosate : <br /> "- Interdire la mise sur le marché de toutes molécules dangereuses<br /> - Maintenir le refus de la France de réautoriser le glyphosate au niveau européen"<br /> Faute avouée, à moitié pardonnée... :)
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Je crains fort que l'intéressé ne soit pas adepte de notre forme de rationalisme... et la fin justifie les moyens.<br />