Vandana Shiva : « nous ne mangeons plus de nourriture, mais du pétrole » et autres sornettes
Glané sur la toile 117
Deux articles sur les blogs de Médiapart, sur une des grandes fraudes intellectuelles et morales de notre temps.
Par un groupie de l'écodéesse...
Dans « Semer les graines de la résistance », un certain Benjamin Joyeux – qui se présente comme « juriste en droit international de l'environnement, écologiste libertaire, alter-européen et altermondialiste à tendance gandhienne (Gandhi récupéré par l'altermondialisme...) – propose une traduction française d' une « interview lumineuse accordée pour le Green European Journal ».
Lumineuse, elle l'est en effet, cette interview. À double titre.
D'une part, on nous administre une fois de plus la preuve de l'incroyable bouillie pour les chats érigée par la bien-pensance occidentale (et, dans les pays en développement occidentalisée) en philosophie et programme socio-politique.
Voici, à titre d'illustration, la première question-réponse :
« Benjamin Joyeux pour le Green European Journal: « Dr. Vandana Shiva, depuis de nombreuses années maintenant, vous menez une lutte incessante contre la biopiraterie et l'appropriation de la vie par les grandes entreprises, ce qui vous vaut une réputation internationale. Que signifie pour vous défendre et réclamer les biens communs?
Vandana Shiva: Nous vivons dans un monde essentiellement composé de relations. Nous ne sommes pas des atomes isolés, fragmentés et seuls. Nous ne sommes pas séparés de la nature. Ceci est une illusion construite par le paradigme cartésien, newtonien, mécaniste, qui structure notre architecture intellectuelle depuis la révolution industrielle – et qui n'est rien de plus qu'une voie de l'humanité focalisée sur les énergies fossiles, voie dont progressivement nous apercevons l'impasse. C'est en fait la raison d'être de tout l'accord de la COP 21 de Paris sur le climat: la prise de conscience que nous avons fait 200 ans de mauvais choix énergétiques. Mais c'est également devenu une chance pour nous aujourd'hui afin de remettre en question toute notre façon de penser. L'âge des combustibles fossiles a fait d'énormes dégâts dans le cerveau humain et sa façon d'envisager le monde. Et d'immenses dégâts d'abord dans la nourriture que nous mangeons: nous ne mangeons plus de nourriture, mais du pétrole. Et cela mène également à l'illusion que nous sommes séparés de la nature, et que d'une manière ou d'une autre nous en sommes maîtres et conquérants. Cette idée de séparation avec la nature sert ensuite à définir la société humaine comme composée d'individus atomisés, en concurrence et en guerre les uns contre les autres. Et alors nous avons besoin d'un chef pour maintenir l'ordre. »
Faisons un peu de persiflage : étonnante cette référence à des « atomes isolés, fragmentés et seuls » de la part de quelqu'un qui, selon les circonstances, prétend ou laisse dire qu'elle est physicienne et titulaire d'un PhD en physique quantique...
D'autre part, on nous administre une fois de plus l'incroyable aveuglement de la bien-pensance tendance « écologiste ».
Illustration :
« J'ai eu à faire face à cette tragédie de 300 000 agriculteurs poussés au suicide à cause de leur dette - une dette causée par une augmentation de plus de 70% du prix des semences. Cette fausse technologie a également augmenté le coût des pesticides parce qu'ils ne fonctionnent pas pour lutter contre les nuisibles, tout comme les herbicides ne fonctionnent pas pour lutter contre les mauvaises herbes. Après tout, quand vous n'avez pas la bonne façon de voir le monde, vous n'avez pas non plus les bons outils. Et toutes vos technologies échouent. Peu importe que vous les appeliez sans cesse « innovations », elles restent des technologies défaillantes. »
Comment – même quand on est « Vert » – peut-on accepter l'assertion que les pesticides ne fonctionnent pas ? « Et toutes vos technologies échouent » ? Pas quand Mme Shiva prend l'avion (en classe affaires) pour donner des conférences à 40.000 dollars d'honoraires... ou quand elle répand sa désinformation sur les réseaux sociaux...
On peut continuer ainsi pendant un bout de temps. Mais lisez, avec un œil critique, cet article...
...et par un critique de l'éco-philosophe
Lisez aussi, de notre ami Yann Kindo, « L’éco-philosophie de Vandana Shiva – Un compte-rendu critique de "Staying Alive : Women, "StayingEcology and Development" »
« Staying alive... », c'est en quelque sorte la pensée fondatrice, de 1988, avec le sous-titre : « Women, Ecology and Survival in India » (on peut lire en PDF ici), remastérisé en 2009 et recyclé en 2016 (on peut lire des extraits ici).
Et le texte de M. Kindo est une traduction d'un texte de M. Marco Rosaire Conrad-Rossi reproduit sur le site GMO Building Blocks.
Petit extrait qui résume :
« Malgré sa popularité en tant qu’oratrice, il y a très peu d’analyses de l’éco-philosophie particulière de Vandana Shiva. Pour mieux comprendre le fond de sa pensée, j’ai décidé de lire son livre Staying Alive : Women, Ecology and Development. C’est son premier livre, et il est considéré comme un exposé sérieux de ses idéaux "écoféministes". En le lisant, j’ai été frappé à la fois par les opinions et par le contenu académique qu’on y trouve : il est rempli de contre-vérités et d’interprétations pleines d’imagination de l’Histoire, sans même parler du caractère très répétitif de l’exposition, qui alourdit son propos sans le rendre plus imperméable à d’évidentes critiques. Plus surprenant toutefois – et au grand dam probablement de beaucoup de gens de gauche en Occident -, il est très rapidement devenu évident en lisant l’ouvrage que l’ "écoféminisme" de Shiva est une idéologie profondément conservatrice, pour ne pas dire "réactionnaire". Une fois que vous mettez à jour les différentes couches de sa pensée, vous constatez qu’elle est une opposante farouche au modernisme, qu’elle est très méfiante vis-à-vis de l’humanisme et des Lumières, et que son astucieux éco-mysticisme lui donne plus de points communs avec les fanatiques religieux qu’avec les militants progressistes qui constituent l’essentiel de son public. »
L'« écoféminisme » ? De la part d'une femme qui, surfant sur un événement sordide qui s'est passé en Inde, a osé comparer la culture des OGM au viol ?