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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le forçage génétique pourrait aider l'Ouganda à éliminer le paludisme

14 Novembre 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #CRISPR, #Afrique, #Santé publique

Le forçage génétique pourrait aider l'Ouganda à éliminer le paludisme

 

Verenardo Meeme*

 

 

Image: Wikimedia, CDC/James Gathany

 

 

L’Ouganda pourrait bientôt éradiquer le fléau du paludisme grâce à l’utilisation de la technologie du forçage génétique qui limite la reproduction des moustiques vecteurs de la maladie.

 

Le paludisme est une grave préoccupation pour l’Ouganda. Plus de 90 % de sa population est exposée au risque de contracter la maladie, qui représente 30 à 50 % des visites ambulatoires dans les établissements de santé, 15 à 20 % de toutes les admissions à l'hôpital et jusqu'à 20 % de tous les décès dans les hôpitaux, selon le Programme National de Contrôle du Paludisme ougandais (NMCP).

 

En 2018, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classé l'Ouganda au huitième rang pour le nombre d'infections par le paludisme en Afrique subsaharienne, qui connaît l'un des taux de transmission du paludisme les plus élevés du monde. On estime à 445.000 le nombre de personnes décédées du paludisme en 2016 en Afrique subsaharienne, dont la plupart étaient de jeunes enfants. Chaque année, environ 200 millions de personnes sont touchées par la maladie dans le monde.

 

L'accès aux outils de prévention du paludisme actuellement disponibles est coûteux pour les individus et les pays, selon les experts du projet Target Malaria en Ouganda. Les interventions existantes pour lutter contre le paludisme ont réduit les taux de mortalité et sauvé des millions de vies, mais sont considérées comme insuffisantes pour éliminer la maladie.

 

« Notre projet peut aider à réduire la population de moustiques qui transmettent le paludisme de manière durable, rentable et à long terme », a déclaré Richard Linga, un expert en gestion de l'environnement travaillant avec l'Institut de Recherche sur les Virus de l'Ouganda (Uganda Virus Research Institute). « Cela, à son tour, contribuera à éviter à l'Afrique subsaharienne de dépenser de l'argent dans la lutte contre le paludisme qui serait autrement investi dans d'autres priorités. »

 

Le paludisme coûte au continent africain 12 milliards de dollars par an, soit 1,3 % de son produit intérieur brut (PIB) total, en pertes économiques, selon le Rapport sur le Paludisme dans le Monde 2018 de l’OMS. La recherche de Target Malaria vise à réduire la transmission du paludisme et à améliorer finalement la santé et le bien-être des personnes.

 

Le forçage génétique a pour effet de déroger aux lois de Mendel habituelles de l'hérédité, selon lesquelles les descendants ont 50 % de chances d’hériter d'une variante d’un gène donné de l'un des parents. Le forçage génétique fait que pratiquement tous les descendants héritent du gène recherché, en le propageant rapidement dans toute la population cible.

 

Des chercheurs du Royaume-Uni ont récemment mis au point le premier système de forçage génétique « commutable », qui pourrait éventuellement répondre aux craintes que l'utilisation du forçage génétique pour contrôler le paludisme ou éliminer des espèces envahissantes échappe à notre contrôle et ait des conséquences inattendues et dévastatrices.

 

« Plusieurs mesures de contrôle du paludisme, telles que l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide, la pulvérisation résiduelle à l'intérieur et les traitements combinés à base d'artémisinine, ont permis de réduire les taux de mortalité, sauvant des millions de vies, mais ne sont pas suffisantes pour éliminer la maladie », a déclaré Linga. « Nous avons donc besoin de nouveaux outils de contrôle pour compléter ceux existants afin d'éliminer le paludisme en Afrique. »

 

Le paludisme sévit en Ouganda pour diverses raisons, notamment l'apparition continue d'une résistance des parasites aux antipaludiques et des moustiques aux insecticides, ont déclaré des experts de Target Malaria.

 

Aujourd'hui, les scientifiques utilisent des mécanismes tels que la réalisation d'études de base et la mise à niveau des infrastructures pour faciliter les travaux futurs avec des moustiques génétiquement modifiés dans des conditions confinées. Target Malaria a récemment terminé la construction d’un insectarium de niveau de confinement des arthropodes 2 (ACL-2) pour l’élevage de moustiques et la recherche à l’Institut de Recherche sur les Virus de l’Ouganda (UVRI).

 

La prochaine étape consistera à équiper l'établissement avant que les études sur les moustiques confinés puissent commencer. Le projet suivra une voie de développement par étapes en Ouganda comme au Burkina Faso et au Mali, où des recherches similaires sont en cours. Le Burkina Faso est plus avancé, des lâchers à petite échelle de moustiques mâles stériles génétiquement modifiés sont déjà en cours.

 

« L'Ouganda dispose actuellement d'un régime de biosécurité fonctionnel pour les expériences sur les OGM en laboratoire et les essais sur le terrain », a déclaré Linga. « Une mise à jour de la loi sur la biosécurité en Ouganda est en attente, mais nous espérons qu'elle sera en place et pleinement opérationnelle sous peu. »

 

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* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2019/10/gene-drive-help-uganda-eliminate-malaria/

 

 

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