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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Résidus de pesticides dans les fruits et légumes au Québec : quelques soucis avec la comm', mais pas de santé

17 Octobre 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides

Résidus de pesticides dans les fruits et légumes au Québec : quelques soucis avec la comm', mais pas de santé

 

 

 

Un lecteur de la Belle Province a attiré mon attention – merci bien ! – sur « Trop de résidus dans 5 % des fruits et légumes », publié par la Presse, le 20 septembre 2019. En chapô :

 

« Les trois quarts des fruits et légumes analysés par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) entre 2016 et 2017 possédaient des résidus de pesticides. Et sur les 544 échantillons analysés, 26 comprenaient des particules chimiques à des concentrations qui dépassaient les normes légales canadiennes, a appris La Presse. Des produits interdits ont aussi été détectés sur des aliments bio. »

 

C'est un article contenant quelques détails. Et c'est une communication plutôt anxiogène, en témoigne déjà le titre.

 

Premier souci : 544 échantillons analysés, c'est peu et ne permet guère de conclure. Idem pour le nombre de produits : 16. De plus,

 

« ...les chercheurs ont ciblé des aliments qui se trouvent dans la "Dirty Dozen", liste publiée par un groupe de pression environnemental américain. Ce palmarès des "12 salopards" dresse l’inventaire des fruits et légumes qui contiennent le plus de résidus de pesticides. Sur les 16 aliments analysés, 7 – le céleri, la cerise, l’épinard, la fraise, la pêche, la poire et le raisin rouge – ont donc sciemment été intégrés à la liste. »

 

Résultat pratique :

 

« C’est pour cette raison que le MAPAQ évalue que le taux de conformité de 97 % observé entre 2011 et 2016 serait passé à 95 % lors de l’analyse menée en 2016-2017 en incluant les fruits et légumes de la Dirty Dozen. »

 

En définitive, on est au Québec dans la même fourchette de conformité qu'en Europe selon les statistiques colligées par l'EFSA. Mais on a trouvé beaucoup plus d'échantillons avec des résidus de pesticides au Québec (78 % contre, grosso modo 45 % en Europe).

 

Autre caractéristique commune avec l'Union Européenne : « La majorité des 26 échantillons non conformes provenaient de l’extérieur du Québec. » Le texte est assez insolite :

 

« États-Unis, Canada, Chine, Guatemala, Uruguay et Chili. Les cultures concernées étaient le bleuet, le céleri, le concombre, l’épinard, la fraise, le haricot et les pois. »

 

Trouver le Canada dans la liste (en Alsace, en des temps qui s'éloignent, on parlait de « l'Intérieur »)... Incidemment, le bleuet canadien est la myrtille française.

 

Tout cela est présenté avec un discours très marshmallow, en bon québecois guimauve. Qu'attendre d'autre de Mme Maryse Bouchard, professeure agrégée au département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine ?

 

« C’est quand même la vaste majorité des aliments qui sont conformes. En même temps, 5 %, ce n’est quand même pas rien. On parle d’aliments très consommés. […] La réalité, c’est que le risque couru de consommer un aliment qui dépasse la norme n’est pas clair. Ces normes-là sont basées sur des études animales. Il y a beaucoup d’incertitude entourant les niveaux sanitaires à ces niveaux d’exposition là. »

 

Mais le discours n'est guère différent pour M. Onil Samuel, conseiller scientifique en toxicologie des pesticides à l’Institut National de Santé Publique du Québec :

 

« Globalement, on pense que les bilans sont assez sécurisants. [...] Il faut effectivement continuer à faire des efforts pour diminuer ces résidus-là, d’autant plus qu’il demeure quand même des incertitudes, notamment en lien avec la survenue potentielle de maladie à la suite de l’exposition à de faibles doses. C’est loin d’être clair dans la littérature scientifique. »

 

Ce genre de relativisme et de suspicions jetées sur, en fait, les règles de sécurité alimentaire et les institutions pose réellement problème.

 

On trouvera le rapport succinct ici.

 

Les services officiels ont aussi analysé, pour la première fois, des échantillons de produits « d'appellation biologique », 285 en tout. Et là, surprise : 30 – plus de 10 % – « contenaient des pesticides interdits dans la culture d’appellation biologique », dans le détail, un échantillon québecois, 8 échantillons de pommes de terre du reste du Canada et 21 échantillons de produits d'origine étrangère. L'article ne précise pas le niveau de présence, hormis que les limites légales fixées par Santé Canada – à priori pour tous les modes de production – n'étaient pas dépassés.

 

Mais l'article met en pavé un extrait du rapport « Profil de contamination des aliments d’appellation biologique » :

 

« Les résultats obtenus suggèrent que la tomate en provenance du Mexique est un aliment préoccupant du point de vue légal puisque 4 échantillons analysés contenaient un total de 23 résidus interdits, dont 3 étaient des échantillons de tomates raisins. »

 

 

Capture résidus

 

 

Pas terrible comme formulation ! Mais question : fraude ?

 

Peut-on tirer quelques enseignements de ces résultats ? Avec une très grande prudence compte tenu des nombreuses limitations :

 

1. Les fruits et légumes sont sains au Québec, comme en Europe.

 

2. Néanmoins, la proportion d'échantillons contenant des résidus est plus importante au Québec qu'en Europe.

 

3. Les taux de non-conformité sont similaires. Dans les deux cas, non-conformité ne signifie pas préoccupation.

 

4. Dans les deux cas, les sources de résidus sont principalement les produits d'importation.

 

5. La situation au Québec et en Europe pour les produits biologiques est probablement similaire (ce sont probablement les manières de formuler les résultats qui sont différentes).

 

 

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M
Un agriculteur qui à combiné le test de biocheck et d'autres tests.<br /> <br /> https://www.lanouvellerepublique.fr/poitiers/glyphosate-un-pisseur-sceptique
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