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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Faire en sorte que l’agriculture reste « sexy » en Afrique – deuxième partie

8 Août 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Afrique

Faire en sorte que l’agriculture reste « sexy » en Afrique – deuxième partie

 

Chibuike Emmanuel*

 

 

Il y a quelques semaines, le New York Times a relaté les efforts déployés par certains membres de la jeune génération pour améliorer la perception de l'agriculture – « Millennials ‘Make Farming Sexy’ in Africa, Where Tilling the Soil Once Meant Shame » (les jeunes de la génération Y « rendent l'agriculture sexy » en Afrique, où travailler la terre était autrefois signe de honte) de Sarah Maslin. L'article évoquait l'Afrique, mais cela se passait au Ghana. Chibuike Emmanuel, membre du Global Farmer Network (GFNRéseau Mondial d'Agriculteurs) du Nigéria, a décidé de présenter et de mettre en valeur certains jeunes agriculteurs et les efforts déployés dans quelques autres pays. Il a commencé une courte série la semaine dernière avec « Faire en sorte que l’agriculture reste "sexy" en Afrique » ; le GFN partage quelques-uns des faits saillants de Chibuike au cours de plusieurs semaines. Voici la partie 2:

 

 

Les efforts multidisciplinaires de jeunes Africains pour que l’agriculture reste « sexy » sur le continent.

 

Rodney (à gauche) discute avec son père et son frère.

 

Contrairement à la plupart des agriculteurs africains, Rodney Kili est un agriculteur à vocation commerciale de deuxième génération qui exploite aux côtés de son père et de son frère les Komool Farms, situées près d’Eldoret dans le comté de Uasin-Gishu, au Kenya (photo ci-dessus). Ils cultivent de l'orge de brasserie, du blé, du tournesol et du canola. Ils font aussi de la production laitière, et transforment leur maïs en farine. Le père de Rodney se préoccupait de l’avenir : comme dit Rodney : « Alors qu’il travaillait comme mécanicien, il rassemblait petit à petit de quoi démarrer la ferme. Il travaillait toute la journée à l'atelier de mécanique, toute la nuit à la ferme pour se rendre à nouveau au travail le lendemain matin. » Aujourd'hui, ils exploitent l'une des fermes kényanes les plus à la pointe de la technologie, déployant des technologies telles que l'agriculture de précision et l'agriculture sans labour. Ainsi, après avoir fréquenté l’université, Rodney a su, comme son frère le savait aussi, qu’il devait « retourner à la ferme pour aider », car son père avait déjà « fait de grands sacrifices »…

 

Certaines des préoccupations exprimées par l'auteure [de l'article du Times] concernaient « la faible utilisation d'engrais et le recours à des techniques telles que l'agriculture pluviale, qui donnent à l'Afrique des rendements ne représentant que 20 à 30 % de ce qui pourrait être produit » – innover pour soutenir l'agriculture primaire est donc très important.

 

Samir Ibrahim a cofondé SunCulture, qui produit des systèmes d'irrigation au goutte à goutte fonctionnant à l'énergie solaire pour les agriculteurs du Kenya, garantissant une électricité plus propre, des rendements 300 % supérieurs, une consommation d'eau réduite de 80 % et une économie de 2 milliards de litres d'eau chaque année. Également au Kenya, le duo formé de Rita Kimani et Peris Bosire, étudiants à l’Université de Nairobi, a déployé ses compétences en informatique pour créer FarmDrive, qui propose un modèle alternatif de notation du crédit pour assurer l’inclusion financière de petits exploitants privés, mais solvables, en utilisant des téléphones portables. À 19 ans, Brian Bosire a mis au point une technologie permettant de mieux utiliser des ressources telles que les engrais et l’eau via UjuziKilimo, qui utilise des capteurs pour acquérir avec précision des données sur les sols et les exploitations agricoles, puis générer des informations en utilisant l’apprentissage automatique et l’analyse des données massives pour les petits exploitants. Sur la côte ouest du continent, au Nigeria, Nasir Yammama déploie également le même type de services par le biais de son entreprise sociale agro-technologique Verdant – mais en se concentrant sur les applications mobiles utilisant des services téléphoniques, SMS et vocaux bas de gamme, ce qui élimine la nécessité d'être technophile ou de posséder des smartphones.

 

À suivre

 

Chibuike Emmanuel est un jeune agriculteur nigérian membre du Réseau Mondial d'Agriculteurs. Il est le fondateur et dirigeant de l'Agriculture is Sexy Network, qui inspire, soutient et guide les jeunes de la génération Y (millenials) pour qu’ils adoptent les carrières de l’agroalimentaire en tant que voie menant à la prospérité économique de l’Afrique.

 

______________

 

Chibuike Emmanuel

 

Agriculteur, Nigeria

 

Chibuike a commencé à élever des poissons-chats lorsqu'il a convaincu un réseau de télévision par câble de lui permettre d'utiliser une partie en jachère de leur ferme-tour pour la pisciculture. C'était un moyen créatif de contourner le coût élevé de l'immobilier dans la région. Il a commencé avec un bassin, a rapidement réalisé un bénéfice et a investi dans plus de bassins. Ensuite, la production de légumes a été ajoutée au système pour produire des citrouilles cannelées irriguées à partir de l’eau des bassins. La capacité d'élevage a maintenant augmenté jusqu'à 5 tonnes de poissons-chats par cycle de production. Chibuike a quatre employés à temps partiel qui l'aident dans la production de poisson et de légumes et dans la transformation du poisson.

 

En 2014, il a fondé l'Agriculture is Sexy Network pour parler aux jeunes et les intéresser aux carrières dans l'agriculture. Il est également en train de mettre en place une ferme coopérative mixte de 4 hectares pour les aider à se lancer dans l'agriculture. Plus récemment, il a commencé à promouvoir Peterscoin, une plate-forme de financement participatif destinée à aider les petits exploitants agricoles à lever des fonds, les institutions classiques telles que les banques les considérant comme présentant un risque élevé. Il innove également sur des modèles d'agriculture verticale intégrée modulaires, à faible coût et à faible technologie, destinés à aider les petits exploitants agricoles à maximiser le rendement à partir de ressources limitées telles que la terre.

 

Source : https://globalfarmernetwork.org/2019/07/ensuring-ag-remains-sexy-in-africa-part-ii/

 

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