Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le maïs WEMA présente une résistance à un important ravageur, la chenille légionnaire d'automne

8 Juillet 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #amélioration des plantes, #Afrique

Le maïs WEMA présente une résistance à un important ravageur, la chenille légionnaire d'automne

 

Joseph Opoku Gakpo

 

 

 

 

 

Les scientifiques ont observé des bénéfices inattendus au Mozambique, dans les essais sur le terrain du maïs économe en eau pour l'Afrique (WEMA – Water Efficient Maize for Africa), bénéfices qui pourraient bien changer la donne dans les efforts visant à assurer la sécurité alimentaire de l'Afrique.

 

Bien que les variétés de maïs aient été génétiquement modifiées pour résister à la sécheresse et à la pyrale qui cause d'importants dégâts, elles présentent également une résistance prometteuse au ravageur destructeur qu'est la chenille légionnaire d'automne, qui est arrivée sur le continent africain en 2016 et continue sa progression dévastatrice.

 

Les premiers résultats du Mozambique indiquent que les semences génétiquement modifiées WEMA peuvent offrir une protection importante contre ces insectes nuisibles – sans nécessité de recourir aux pesticides. Ceci a des implications positives pour les autres nations qui développent des variétés WEMA, y compris la Tanzanie, l'Ouganda, le Kenya, l'Afrique du Sud et l'Éthiopie.

 

Au Mozambique, les semences WEMA sont actuellement testées sur un site d'essais en champ confiné de 2,5 hectares à Chokwe, dans la province de Gaza, à environ trois heures de route de la capitale Maputo. Les variétés de maïs locales ordinaires, qui sont conventionnelles, et les semences WEMA, qui sont transgéniques (GM), ont été semées l'année dernière pour permettre des comparaisons. Les résultats ont dépassé les attentes des scientifiques travaillant sur le projet.

 

Aucun pesticide ou insecticide n'a été appliqué à aucun moment du cycle de vie de l'un et de l'autre des types de plantes. Quatre semaines après le semis, les scientifiques ont analysé le niveau d'infestation par la chenille légionnaire d'automne et d'autres ravageurs dans les champs de maïs.

 

« Les dégâts sur les feuilles sont plus élevés dans le matériel conventionnel que dans le matériel transgénique », a déclaré le Dr Pedro Fato, sélectionneur en charge du projet WEMA, à l'Alliance pour la Science lors d'une visite sur le site d'essai. « Ici, nous avons une combinaison de la pression de la pyrale et de la légionnaire d'automne. Il y avait plus de 30 pour cent de différence de rendement entre le conventionnel et le transgénique, ce qui signifie que le WEMA protège environ 30 pour cent du rendement. Le matériel WEMA présente une résistance aux deux insectes. »

 

 

Dr Pedro Fato inspecte les essais de terrain de WEMA au Mozambique. Photo Alliance pour la Science

 

 

Les résultats sont importants car le maïs est un aliment de base important en Afrique, consommé par plus de 300 millions de personnes. Mais la pyrale est un ravageur majeur qui détruit le maïs en creusant dans les plantes, les obligeant à lutter pour survivre. Dans de nombreux pays, la chenille légionnaire d'automne se révèle aussi destructrice.

 

Actuellement, les agriculteurs essayent de contrôler ces parasites en utilisant des pesticides. Les agriculteurs mozambicains disent qu'ils doivent dépenser beaucoup d'argent pour les pesticides, et ils craignent que l'utilisation de ces produits ne mette leur santé en danger.

 

« Quand je sème du maïs, les ravageurs l'attaquent. J'utilise des pesticides pour les arrêter », explique Armahdo Bule, un agriculteur de 59 ans. « Je sais que l'utilisation des pesticides sans protection personnelle pourrait me rendre malade. Je sais que l'utilisation de pesticides n'est pas bonne, car cela pourrait vous causer des problèmes. Mais nous les utilisons toujours. »

 

Les ravageurs réduisent aussi considérablement les rendements des cultures. « Le foreur de la tige est un stress biotique qui préoccupe le Mozambique, en particulier dans cette région [de Chokwe] où il fait chaud », a déclaré M. Fato. « Il est présent dans tout le pays et provoque parfois une perte de rendement de plus de 40 pour cent. »

 

Pour aggraver le problème des attaques de ravageurs, il y a la détérioration des conditions météorologiques. « La sécheresse est un autre grand défi auquel les agriculteurs doivent régulièrement faire face », a déclaré Tabusa Arije, président de l'association des agriculteurs locaux. « L'évolution du climat a causé beaucoup de problèmes. L'année dernière, nous avons semé des haricots en juillet, mais nous n'avons rien produit car la pluie n'est pas venue et la température était élevée. »

 

Les responsables de la gestion des services d'irrigation du pays sont également préoccupés, affirmant que le problème de la sécheresse s'est aggravé récemment et a mené les agriculteurs dans une situation d'endettement. « Il y a eu une sécheresse importante en 2016 et il n'y avait pas d'eau dans les canaux d'irrigation », a déclaré Soares Almeida Xerinda, président du conseil d'administration de l'organisation gouvernementale d'irrigation Hydraulics of Chokwe. « L'impact a été très important parce que les agriculteurs ont perdu leurs récoltes... Certains agriculteurs travaillent avec les banques pour obtenir des intrants, notamment des semences et des engrais, mais aujourd'hui encore, ils sont confrontés aux conséquences de la sécheresse. »

 

Pour faire face au problème du maïs, la Fondation Africaine pour les Technologies Agricoles (AATF) a lancé le projet WEMA, une initiative publique-privée qui vise à produire du maïs conventionnel et génétiquement modifié résistant à la sécheresse et à des ravageurs. Les variétés WEMA sont développées grâce à une collaboration entre le Centre International d'Amélioration du Maïs et du Blé (CIMMYT) et les institutions de recherche gouvernementales de six pays africains utilisant la technologie génétique offerte par Monsanto. Puisque les semences résultantes sont libres de droits, les compagnies semencières locales peuvent les mettre à la disposition des petits agriculteurs à des prix abordables.

 

« Le projet vise à développer et à mettre à la disposition des agriculteurs des variétés de maïs résistantes à la sécheresse et à des insectes en utilisant diverses approches, notamment la sélection conventionnelle et la modification génétique », a déclaré le Dr Denis Kyetere, directeur exécutif de l'AATF. « Ces variétés amélioreront les rendements en période de sécheresse modérée et protégeront le maïs contre les dommages causés par des insectes nuisibles. »

 

 

Une agricultrice arrache une plante endommagée par les insectes de son champ de maïs au Mozambique. Photo Alliance pour la Science

 

 

Des variétés WEMA conventionnelles ont déjà été mises sur le marché dans tous les pays participants à l'exception de l'Éthiopie, qui teste actuellement les variétés conventionnelles et se prépare à des essais au champ confinés de maïs génétiquement modifiés résistants à la sécheresse et à des insectes. En 2016, l'Afrique du Sud est devenue le premier pays du projet à commercialiser le maïs Bt destiné aux petits producteurs. Le Mozambique espère diffuser le maïs WEMA en tant que son premier organisme génétiquement modifié.

 

Les scientifiques sont impatients de découvrir que le maïs Bt WEMA présente également une résistance partielle mais importante à la chenille légionnaire d'automne, qui s'est déjà propagée dans près de 30 pays africains, détruisant le maïs et d'autres cultures. Les ravageurs sont particulièrement destructeurs car ils ne répondent pas facilement aux applications de pesticides et se reproduisent très rapidement.

 

Dans le seul Mozambique, entre 282.000 et 712.000 tonnes de maïs ont été perdues l'année dernière, ce qui a coûté à l'économie du pays entre 83,8 et 208,7 millions de dollars, selon un rapport du Center for Agriculture and Biosciences International (CABI) basé au Royaume-Uni sur l'impact potentiel des ravages de la légionnaire d'automne en Afrique, rapport qui avait été commandé par le Département Britannique pour le Développement International (DFID).

 

Fato a déclaré que la résistance supplémentaire à la légionnaire d'automne est une bonne nouvelle pour le secteur agricole du Mozambique, bien que ce ne soit pas l'objectif du travail de recherche. « Pour contrôler la pyrale et la légionnaire d'automne, les agriculteurs utilisent beaucoup d'insecticide et le coût de l'insecticide est plus élevé, en particulier pour la légionnaire d'automne », a-t-il dit. « Donc, si vous pouvez produire du maïs qui n'a pas besoin de protection en termes d'insecticides, cela aidera beaucoup les agriculteurs, en termes de rendement. »

 

Les agriculteurs des environs ont déjà visité les champs WEMA et sont enchantés par ce qu'ils ont vu. « LeWEMA fournit des solutions aux problèmes et augmentera la productivité », a déclaré Armahdo Bule.

 

« Le WEMA est bienvenu parce qu'il nous aidera à faire face aux maladies et à la sécheresse », a déclaré Tabusa Arije, un dirigeant agricole. « Nous attendons avec impatience d'obtenir les semences. Nous nous informons sur les semences, comment appliquer les pesticides et assurer le transfert de technologie avec l'espoir que demain, avec les variétés WEMA, tout ira bien. »

 

C'est le deuxième – et peut-être le dernier – des essais en champ confiné pour le trait de résistance à des insectes au Mozambique. Plus tard cette année, certaines variétés seront testées pour leur capacité à résister à la sécheresse. Fato s'attend à un processus harmonieux qui permettra éventuellement aux variétés WEMA d'entrer sur le marché et de parvenir aux agriculteurs.

 

« Au Mozambique, la réglementation est en place », a-t-il expliqué. « Et c'est pourquoi nous sommes certains que nous serons capables de semer ces premiers matériels transgéniques. J'espère que d'autres cultures suivront. La réglementation est vraiment propice au développement de la technologie des OGM. »

 

Soares Almeida Xerinda, le responsable de la société d'irrigation, en est convenu. « La variété WEMA sera un produit très important car lorsque vous êtes dans l'agriculture, vous serez toujours confrontés à une sécheresse. Même si vous avez un système d'irrigation, vous pouvez toujours économiser de l'eau. L'eau n'est pas abondante. Si vous pouvez économiser l'eau, vous pouvez l'utiliser plus longtemps, y compris en cas de sécheresse. Le projet WEMA est une bonne initiative. »

 

________________

 

Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2018/04/wema-maize-shows-resistance-destructive-fall-armyworm-pest/

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article