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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Aller en Amérique pour soutenir l'Afrique

10 Septembre 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Afrique, #OGM

Aller en Amérique pour soutenir l'Afrique

 

Nyasha Mudukuti*

 

 

 

 

Je viens en Amérique.

 

En fait, j'y suis déjà – je suis arrivée au milieu du mois d'août – et je suis déjà venue deux fois auparavant, après avoir quitté ma ferme au Zimbabwe et traversé l'océan pour aller rencontrer d'autres agriculteurs et raconter mon histoire.

 

Cette fois-ci, je vais rester plus de quelques jours. Je vais faire une pause dans la culture du sorgho et passer les deux prochaines années à obtenir une maîtrise en génétique, en amélioration des plantes et en biotechnologie de la Michigan State University.

 

Mon objectif est de recevoir une formation qui m'aidera à améliorer l'agriculture africaine, actuellement dominée par des petits exploitants agricoles qui produisent environ 80 pour cent de la nourriture que mangent nos compatriotes africains. Dans mon village – qui s'appelle Chikombedzi – les femmes font le plus gros du dur labeur dans les champs, en plantant, en désherbant et en récoltant pour produire pour elles-mêmes, pour leur famille et peut-être un peu plus.

 

Le travail est difficile – et il est rendu plus difficile encore par le manque d'accès aux outils et aux technologies que les Américains et d'autres considèrent comme allant de soi. Par conséquent, leurs gains sont dérisoires : moins de 2 $ par jour.

 

Même dans mon village subsaharien, ce n'est pas assez pour vivre décemment.

 

J'espère les aider à faire mieux. Je vais consacrer ma vie à cette mission.

 

J'ai la chance d'en avoir l'occasion. Cela a commencé il y a trois ans, lorsque j'ai rejoint le Réseau Mondial des Agriculteurs et que je me suis rendue dans l'Iowa pour le Prix Mondial de l'Alimentation. J'ai rencontré des chercheurs renommés d'institutions prestigieuses et je me suis décidée à découvrir un moyen d'apprendre d'eux et de faire progresser ma formation.

 

Après mon retour au Zimbabwe, j'ai continué à participer aux activités du Réseau et j'ai écrit une chronique sur les attitudes anti-OGM dans mon pays, qui sont si fortes que non seulement les agriculteurs n'ont pas le droit de semer des OGM, mais encore que le gouvernement a bloqué l'importation d'OGM en provenance de programmes internationaux d'aide alimentaire qui cherchent à soulager les souffrances causées par la sécheresse.

 

Le Wall Street Journal a publié cette chronique [résumé en français ici]. Elle a attiré l'attention de Robin Buell, professeur de biologie végétale à l'Université de l'État du Michigan. Elle m'a mise en contact avec le Programme de Bourses de la Fondation MasterCard, qui reconnaît la réussite scolaire et l'engagement envers l'Afrique.

 

Cet automne, je serai boursière à East Lansing. Je travaillerai dans des laboratoires et des serres à la pointe de la technologie ainsi que dans des fermes. J'aurai peut-être même l'occasion d'assister à mon premier match de football américain et d'applaudir les Spartans en vert et blanc.

 

Mais mon esprit restera fixé sur le Zimbabwe. Mon objectif est d'acquérir le plus de connaissances et d'expérience possible, puis de revenir et de trouver un emploi en tant que chercheur qui apporte de l'innovation dans le secteur agricole de mon pays et de mon continent.

 

Nous en avons désespérément besoin. L'Afrique possède une énorme superficie de terres arables, et pourtant, nous sommes en retard sur le reste du monde en matière de production alimentaire. À mesure que notre population croît, nous devons faire plus pour nous nourrir – et nous devons le faire dans le cadre des défis du changement climatique, ce qui rend l'agriculture plus imprévisible que jamais.

 

Certains de nos besoins sont évidents. Nous devons convaincre les banques que les petites exploitations agricoles sont des investissements dignes de ce nom qui peuvent être profitables. Nous devons améliorer notre infrastructure et faciliter la mise en marché des denrées alimentaires. Nous devons convaincre les jeunes que l'agriculture offre un avenir prometteur.

 

Cela commence en grande partie par la technologie – et en donnant à nos agriculteurs l'accès aux semences et au matériel qui ont révolutionné l'agriculture dans le monde entier.

 

Nous sommes déjà si près de pouvoir faire tant de bien.

 

L'année dernière, je me suis rendue en Ouganda, au nord du Zimbabwe. L'équateur le traverse.

 

J'ai rencontré des familles qui avaient du mal à se nourrir. Ce n'était pas nouveau : je le vois tout le temps au Zimbabwe. Dans le cas de l'Ouganda, cependant, le problème a une cause particulière : un virus qui attaque le manioc, un aliment de base. Environ un demi-milliard de personnes, pour la plupart dans les pays en développement, en dépendent.

 

La mauvaise nouvelle, c'est que la maladie striée du manioc, comme on l'appelle, ruine les agriculteurs ougandais. La bonne nouvelle, c'est que la science offre une solution grâce à la technologie des OGM qui produit une plante résistante au virus.

 

Pour l'obtenir, nous devons maîtriser la science pour vaincre la maladie et ensuite surmonter l'ignorance qui conduit à l'incompréhension et au doute.

 

J'envisage d'apporter ma contribution – et cela commence dès maintenant, au début de la nouvelle année scolaire.

 

____________

 

* Nyasha Mudukuti cultive du sorgho et du maïs dans une ferme familiale au Zimbabwe. Elle étudie actuellement la biotechnologie à l'Université de Technologie de Chinhoyi et a été choisie comme l'une des 6 jeunes scientifiques pour participer au Forum Ouvert pour la Biotechnologie Agricole en Afrique (OFAB).

 

Source : http://globalfarmernetwork.org/2017/08/coming-america-support-africa/

 

 

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