Quand une ancienne ministre de l'écologie se vante d'avoir grugé le Premier Ministre...

(Source)

Quatre jours sur sept, Mme Emmanuelle Ducros nous propose un voyage (ou une chronique) en Absurdie sur Europe 1.

La dernière, à l'heure où j'écris, s'intitulait « Quand Dominique Voynet se vantait d’avoir sabordé le nucléaire Français ». L'analyse repose sur une erreur quant à l'objet (vidéo ci-dessous, texte ici) : ce qui a été sabordé, c'est l'inscription du nucléaire dans la liste des technologies retenues au titre des mécanismes du développement. Quoique... la cause semblait désespérée.

L'extrait d'un documentaire d'Arte – qui a été exhumé en ces temps où le monde médiatique bruisse d'alertes aux coupures de courant programmées pour éviter un blackout national – est ci-dessous. Il a été largement diffusé sur les réseaux sociaux.

Que le sujet n'ait pas été le nucléaire français ne change pas grand-chose au scandale : Mme Dominique Voynet a expliqué, hilare, comment elle a grugé le Premier Ministre Lionel Jospin pour faire prévaloir son opinion personnelle sur une politique gouvernementale claire.

Voici la transcription de ses dires :

« j'avais reçu mandat de tout faire pour que le nucléaire ne soit pas exclu de cette liste et je vais donc partir à Bruxelles en traînant un peu les pieds. Et je rencontre mon homologue anglais qui me dit avoir le même mandat.

Le tour de table commence et on était les deux seuls États à ne pas pouvoir se rallier à une position fermement antinucléaire.

Suspension de séance

J'ai rediscuté avec mon homologue anglais et nous avons convenu, lui et moi, d'appeler nos gouvernements à Londres et à Paris.

Alors j'appelle Paris et j'explique à Matignon que je suis désolée, mais que le Britannique est en train de lâcher et que je me retrouvais isolée. C'est ce que déteste la France : être isolée en Europe. C'est quelque chose qui est impossible.

Pendant ce temps, le Britannique appelle Londres et dit : « La française est en train de lâcher, je vais me retrouver isolé. »

Et on est revenus hilares l'un et l'autre avec finalement un grand soulagement parce que nous avions reçu la consigne de tout faire pour ne pas être isolés. Donc nous avons pu annoncer que, finalement, nous pouvions nous rallier la position commune.

Donc je suis rentrée à Paris, moi très contente que le nucléaire ne pouvait pas faire partie des technologies retenues au titre du mécanisme "développement propre". En même temps, j'ai pas pu m'en vanter en rentrant. Il fallait que j'aie l'air désolée de ce qui s'était passé. Ce qui m'a interdit aussi de revendiquer ça auprès de mes camarades verts ou auprès des associations.

Enfin, je crois que personne n'est dupe et le Premier Ministre m'a pas fait de compliment particulier sur ce coup là, c'est sûr. »

Le scandale, aujourd'hui, c'est que personne dans le monde politique et médiatique ne crie au scandale.