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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Élevage de porcs en Allemagne : l'heure de vérité

3 Novembre 2025 Publié dans #Elevage, #Allemagne, #Willi l'Agriculteur

Élevage de porcs en Allemagne : l'heure de vérité

 

Jürgen Donhauser chez Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

J'ai discuté avec Jürgen Donhauser de son évaluation de la situation pour les éleveurs de porcs. Il m'a écrit cette lettre.

 

 

L'heure de vérité a sonné pour nous, éleveurs de porcs. Pendant des années, on nous a fait croire que les consommateurs, la société, voulaient plus de bien-être animal. Or, les consommateurs montrent chaque jour, par leur comportement d'achat, que le prix reste leur principale préoccupation. Les responsables politiques, quant à eux, se sont laissés entraîner vers une législation idéologique par de prétendus « défenseurs des animaux » et de faux sondages. Pendant des décennies, la barre a été placée de plus en plus haut dans le règlement sur la protection des animaux d'élevage. Au cours des dernières années, lors d'événements alibis (table ronde, Commission sur l'Avenir de l'Agriculture (ZKL) et Commission Borchert), des compensations financières ont été promises à plusieurs reprises pour répondre aux exigences plus élevées. Et maintenant, le nouveau ministre de l'Agriculture, Alois Rainer, nous annonce qu'il n'y a pas assez d'argent pour améliorer le bien-être animal et rémunérer le surcroît de travail nécessaire. Mais son prédécesseur vert, Cem Özedemir, le savait déjà.

 

Il serait honnête de dire maintenant : « Nous nous sommes trompés ». Les consommateurs ne jouent pas le jeu, les distributeurs alimentaires ne jouent pas le jeu et, enfin, les responsables politiques ne jouent pas non plus le jeu. Mettons donc enfin un terme à cette aberration idéologique et orientons-nous à nouveau vers des évaluations scientifiquement et techniquement fondées, vers les comportements d'achat réels et vers les exigences de l'économie de marché. Laissons les citoyens décider par leurs achats et produisons vraiment ce qu'ils veulent et achètent, et non pas ce que dictent les réglementations ! Personne ne peut produire durablement sans tenir compte du marché.

 

Nous avons déjà perdu trop de bonnes exploitations porcines qui n'ont pas pu suivre le mouvement général. Ceux qui continuent d'ignorer les évolutions négatives évidentes pour la production porcine nationale et qui continuent de se baser uniquement sur l'idéologie mettent également en péril les exploitations restantes et donc la production alimentaire nationale.

 

C'est pourquoi, en tant qu'éleveur, je formule clairement la demande suivante :

 

Si les responsables politiques fixent des exigences toujours plus élevées, mais ne fournissent pas en même temps la compensation financière promise en raison de la situation budgétaire tendue, ils doivent également revoir leurs exigences à la baisse. Des exigences plus élevées ne doivent s'appliquer qu'aux nouvelles constructions bénéficiant d'un soutien financier garanti à long terme. L'accent est mis sur « garanti » et « à long terme », et non sur la discrétion et la situation budgétaire. Toutes les autres exploitations porcines doivent bénéficier d'une protection des droits acquis !

 

Le concept actuellement privilégié par le ministre Rainer, qui consiste à soutenir exclusivement les investissements par le biais des aides GAK des Länder [Tâche d'intérêt commun « amélioration de la structure économique régionale »], présente en effet un inconvénient majeur. La dernière modification du règlement sur la protection des animaux d'élevage en faveur du « bien-être animal » est allée trop loin, à tel point qu'elle impose une charge de travail supplémentaire massive et permanente dans ces systèmes d'élevage. C'est pourquoi il a été logiquement reconnu qu'une aide à l'investissement unique ne suffisait pas. Ce surcroît de travail doit être rémunéré de manière permanente, et le consommateur n'est manifestement pas disposé à le faire en acceptant un prix plus élevé à la caisse du magasin.

 

L'augmentation massive de l'espace requis par animal dans la dernière réglementation sur la protection des animaux d'élevage a tellement augmenté le volume de construction et donc les coûts de construction que, malgré des subventions apparemment élevées, il en est résulté un déficit financier. Conjugué aux exigences élevées pour les dépôts de demandes et aux décomptes complexes et permanents, cela n'a logiquement pas suscité l'enthousiasme des agriculteurs. Le principal obstacle qui a empêché les agriculteurs de profiter des subventions existantes était tout simplement la perte de confiance dans la politique. Trop souvent, au cours des 20 dernières années, les éleveurs de truies ont été confrontés à de nouvelles réglementations en matière d'élevage, sans pouvoir amortir les investissements déjà réalisés. Trop souvent, ils ont déjà franchi les « obstacles de protection des animaux » dressés par les ONG et les politiques pour s'entendre dire ensuite : « Ce n'est pas encore suffisant ». Qui peut donc reprocher aux éleveurs de porcs de refuser cette fois-ci, compte tenu des investissements considérables requis ? Il faut rétablir une protection des investissements existants, au moins pendant la période d'amortissement !

 

Ceux qui ne franchissent pas ce pas risquent de voir les exploitations locales abandonner et la production se délocaliser vers des pays qui sont loin d'atteindre notre niveau actuel d'élevage. Et ils mettent en péril leur propre sécurité d'approvisionnement, qui devrait avoir de la valeur à nos yeux en ces temps troublés. Ce point concret de la décision devrait être largement communiqué par les représentants des médias. S'il existe encore des « médias de qualité », ils doivent maintenant dénoncer systématiquement le comportement schizophrénique de la société et de la politique entre les exigences et les actions, et en exposer les conséquences. Finissons-en avec les bonnes phrases idéologiques qui ne tiennent pas la route dans la réalité !

 

Je m'intéresse depuis trop longtemps à la politique agricole pour croire qu'un ministre de l'Agriculture se soucie réellement des agriculteurs concernés. Le ministre de l'Agriculture Alois Rainer n'a actuellement aucune marge de manœuvre financière, il ne peut donc pas tenir ses promesses en matière de bien-être animal. Mais il n'obtiendra pas non plus l'accord du SPD (et peut-être même pas celui de son propre groupe parlementaire) pour revenir sur les exigences du règlement sur la protection des animaux d'élevage. S'il veut marquer le coup en tant que nouveau ministre de l'Agriculture (ce dont on peut douter après ses 100 premiers jours), il doit se montrer plus courageux et plus dérangeant. Il doit changer la donne non seulement au sein de son propre cabinet, mais aussi au sein de la Commission, sinon les agriculteurs voteront avec leurs pieds (et dans les urnes). Je ne comprends pas comment le gouvernement actuel, avec sa politique, pousse de plus en plus d'électeurs vers l'AfD et s'en étonne ensuite.

 

S'il considère sa fonction non seulement comme un poste temporaire, mais aussi comme un rôle d'acteur, il devrait logiquement déclarer : « Je me trouve dans un conflit insoluble et je démissionne donc de mes fonctions. Je ne veux pas causer la ruine de milliers d'exploitations agricoles familiales en restant les bras croisés. »

 

Monsieur le ministre Rainer, soyez honnête. Même si cela fait mal. Nous ne voulons plus être bercés d'illusions.

 

° o 0 o °

 

 

Ma [Willi] remarque à ce sujet : avant de nous retrouver avec une nouvelle Künast ou un nouvel Özdemir 2.0, je préfère encore un ministre conservateur qui connaît bien le terrain. Le fait qu'il soit actuellement critiqué par Jost Maurin du TAZ, avec son habituelle méchanceté, montre qu'il n'a rien fait de mal jusqu'à présent.

 

Addendum : voici les communiqués de presse de l'association Raiffeisen (DRV) et de l'Association des Agriculteurs Allemands (DBV) sur le même sujet et dans le même esprit.

 

https://www.raiffeisen.de/holzenkamp-bundesregierung-bremst-umbau-der-tierhaltung-aus

 

https://www.bauernverband.de/fileadmin/user_upload/dbv/pressemitteilungen/2025/KW_37/2025_-_PM_72_-_Beendigung_BUT.pdf**

 

_________________

 

 

* Source : Die Stunde der Wahrheit - Bauer Willi

 

** Voici le texte du communiqué de la DBV :

 

« L'Association des Agriculteurs critique la fin du programme fédéral pour la restructuration de l'élevage

 

Rukwied : un revers cuisant pour nos éleveurs

 

(DBV) Le président de l'Association des Agriculteurs Allemands, Joachim Rukwied, critique sans ambages la fin du programme fédéral pour la restructuration de l'élevage (BUT) et la suppression des 1,5 milliard d'euros promis : "Cette décision est plus que décevante et constitue un revers cuisant pour nos éleveurs. Les agriculteurs allemands déclarent depuis des années qu'ils sont prêts à transformer leurs bâtiments pour améliorer encore le bien-être animal. Un cofinancement fiable et les modifications nécessaires du droit de la construction et des autorisations sont des conditions préalables décisives pour les investissements dans la transformation de l'élevage. En ce qui concerne le programme fédéral actuel, l'Association des Agriculteurs Allemands demande une adaptation des critères afin que les fonds disponibles puissent être utilisés. Sans soutien financier et sans allègements juridiques, le développement de l'élevage ne peut s'orienter que dans le cadre de ce qui est possible sur le marché. La transformation vers un bien-être animal encore meilleur sera donc inévitablement beaucoup plus lente.»

 

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D
Si l'on questionne la population sur les programmes de TV souhaités, on se retrouve avec une programmation proche de celle d'ARTE.<br /> La réalité, l'audience de TF1 écrase celle d'ARTE.<br /> <br /> Toujours la même histoire
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