« Vous êtes trop scientifique »
Nicolas A. Barbarin, sur LinkedIn*
C'est l'argument qu'une recruteuse m'avait donné lors d'un entretien pour un poste en innovation agricole. Et là, je me suis demandé : c'est grave ? C'est mal ? C'est quoi ce cliché alors que j'ai travaillé des années en industrie ?
Mais c'est quoi avoir un esprit scientifique, au fond ?
C'est observer, questionner, expérimenter, analyser, partager... un processus critique, constructif et transverse/systémique qui permet de progresser collectivement.
Bref, une méthode nécessaire qui a fait ses preuves depuis... quelques siècles, et qui reste applicable dans tout domaine professionnel moderne. C'est donc une force, une ambition.
Le poste visait à accompagner la transition agricole, en intégrant des pratiques innovantes au service des filières, des agriculteurs et des éleveurs. Mission ? Alignée à 100 %. Motivation ? Au maximum.
Alors, pourquoi ce « trop scientifique » ? Sans doute parce que j'ai osé pointer certaines pratiques ésotériques, non fondées scientifiquement, sans protocole clair et contradictoire, mais qui se répandent, parfois même avec des financements publics (ex. géobiologie, biodynamie...).
Pourtant, douter, vérifier et mesurer n'est pas du dogmatisme.
C'est au contraire accompagner en toute lucidité; chercher des repères fiables et objectifs, surtout dans un contexte d'incertitude climatique, économique, sociale et géopolitique. Les agriculteurs et éleveurs ont besoin d'outils crédibles pour décider (agroclimatologie – agroécologie – agrométéorologie).
Pour moi, c'est ça l'innovation responsable :
Créer du lien entre les attentes du terrain et l'exigence de rigueur, de résultats et de durabilité.
Et vous, que pensez-vous de cette « crispation » entre science, culture et innovation dans le monde agricole ?
Faut-il rassembler à tout prix... ou alerter quand les dérives menacent ?
J'aimerais beaucoup lire vos réactions – notamment celles de spécialistes comme […]
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* Responsable de projets | R&D, Innovation, IA, Valorisation tech | Chief AI Officer | Catalyseur de l’innovation entre industrie, sciences et technologies.
Source : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7360705042493927426/
Ma note : Voici un commentaire qui complète le billet :
« Catherine Perrot – Journaliste indépendante
Exactement pareil pour moi. Je suis scientifique, j'ai été journaliste scientifique, et je suis devenue journaliste agricole. Ca se passait bien jusqu'à ce qu'on m'envoie en reportage sur un groupe bio avec un formateur, un type qui faisait de la radiesthésie des saucissons (je n'invente pas !). J'ai refusé de faire mon article, et lorsque je me suis insurgée que la Chambre d'Agriculture propose ce genre de formation on m'a dit "c'est ce que les gens veulent"... Encore aujourd'hui, de nombreuses formations ésotériques sont proposées à la chambre d'agriculture. Et pas uniquement des formations, mais aussi des prestations de géobiologie... Puisque cette chambre d' agriculture s'est offert les services d'un géobiologue... C'est qu'il y a de l'argent à se faire sur la détresse des éleveurs... Et puis il y a aussi beaucoup de gens qui ignorent ce qui est vraiment la géobiologie, qui s'en accommodent, beaucoup de gens qui ferment les yeux. Mais moi, j'aime trop les agriculteurs pour qu'on se foute de leur gueule. Chacun ses croyances bien sûr (et dans le monde rural, elles sont très présentes), mais en aucun cas un organisme qui promeut le progrès agricole ne devrait faire du fric avec de l'ésotérisme et des croyances. »
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