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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Questions à un sélectionneur... ici : Bayer Crop Science

26 Septembre 2025 Publié dans #amélioration des plantes

Questions à un sélectionneur... ici : Bayer Crop Science

 

Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

J'ai posé des questions à M. Eckhard Holzhausen, sélectionneur chez Bayer Crop Science :

 

 

Bonjour Eckhard, tu travailles pour la société Bayer Crop Science et tu es sélectionneur. Peux-tu te présenter brièvement et décrire ton travail ?

 

Bonjour Willi, après une formation d'agriculteur et des études en agronomie, je travaille depuis plus de 30 ans dans le domaine de la sélection végétale. J'ai d'abord été employé chez Asgrow pour mettre en place des essais en plein champ pour le maïs et le tournesol. Asgrow a été la première d'une série d'entreprises de sélection végétale à être rachetée par Monsanto lorsque cette dernière a décidé de se concentrer stratégiquement sur la biotechnologie et la sélection végétale.

 

Chez Monsanto, j'étais chargé de sélectionner du maïs pour l'Europe du Nord et de mettre en place de nouveaux programmes de sélection.

 

Depuis le rachat par Bayer, je travaille à l'optimisation de nos programmes de sélection mondiaux. Au départ, cela concernait les programmes de maïs, mais depuis l'année dernière, cela s'étend à toutes les cultures arables traitées par Bayer.

 

 

Beaucoup trouvent inhabituel qu'une entreprise phytosanitaire se consacre également à la sélection. Bayer l'a-t-elle toujours fait ou a-t-elle commencé seulement après le rachat de Monsanto ?

 

À l'origine, la division agricole de Monsanto était une entreprise phytosanitaire, mais elle a ensuite orienté ses recherches vers la biotechnologie et la sélection végétale. Bayer mène également depuis longtemps des programmes de sélection végétale, mais s'était davantage concentrée sur la protection des cultures.

 

 

Dans l'opinion publique, des entreprises telles que Bayer, Syngenta et d'autres entreprises phytosanitaires d'origine sont considérées comme purement axées sur le profit. Elles sélectionnent les plantes de manière à ce que leur achat implique également l'achat de produits phytosanitaires. Quelle est ton opinion à ce sujet ?

 

Cette image de ventes liées persiste. Tout d'abord, il est important de mentionner que les entreprises, quelle que soit leur taille, doivent être rentables pour pouvoir investir dans le développement de nouvelles solutions. Le développement de variétés végétales dont les propriétés permettent l'utilisation de certains produits phytosanitaires peut être une solution très efficace. Mais chacune de ces variétés peut également être cultivée sans recourir à cette possibilité. Il n'y a jamais d'obligation d'utiliser un produit phytosanitaire spécifique avec la variété, mais cela peut être, comme je l'ai dit, une solution très efficace.**

 

 

Récemment, M. Eckart von Hirschhausen s'est exprimé sur le thème de la biodiversité et des variétés. Dans l'émission « Wissen vor 8 », il a affirmé qu'au cours des 100 dernières années, 75 % de la diversité génétique des plantes cultivées a été perdue. Comment interpréter cette déclaration ?

 

M. Hirschhausen a fait une déclaration très générale sur un sujet très complexe, donnant l'impression que les sélectionneurs de plantes sont responsables de la perte de biodiversité.

 

Il est vrai que la production agricole mondiale repose sur moins d'espèces cultivées qu'il y a 100 ans. Cependant, au sein des grandes cultures telles que le blé, le maïs, le riz et le soja, la diversité variétale est beaucoup plus grande qu'il y a 100 ans. Les progrès réalisés dans la sélection des grandes cultures permettent de produire les quantités nécessaires sur une superficie plus réduite et offrent ainsi la possibilité de libérer des terres pour d'autres cultures ou pour la renaturation.

 

M. Hirschhausen a toutefois abordé un sujet important, car dans l'ensemble, on déplore une perte de diversité et il est également de notre devoir de préserver la diversité génétique. Bayer soutient activement les banques de gènes dans leur travail.

 

 

Dans quelles cultures Bayer est-il aujourd'hui actif en matière de sélection ? Outre le rendement, quels sont les autres objectifs poursuivis ?

 

Dans le domaine des cultures arables, Bayer mène depuis longtemps des programmes de sélection pour le maïs, le soja, le blé, le riz, le cotonnier ainsi que le colza d'été et d'hiver. Depuis peu, nous nous intéressons à d'autres plantes oléagineuses qui ont le potentiel de fournir des matières premières actuellement issues du pétrole. Parmi ces plantes figure par exemple la caméline, qui était une plante oléagineuse importante en Europe avant l'expansion de la culture du colza.

 

Bayer est également actif dans la sélection de légumes et travaille dans ce domaine sur plus de 20 espèces destinées à la culture en plein champ et en serre.

 

 

Qui travaille encore aujourd'hui à la sélection de cultures mineures telles que les légumes ? Qu'en est-il de la laitue, des haricots ou des plantes aromatiques ?

 

Bayer est également actif dans la sélection des plantes potagères et travaille dans ce domaine sur plus de 20 espèces destinées à la culture en plein champ et en serre.

 

 

La sélection végétale a évolué au fil des décennies. De la simple sélection, on est passé à la sélection par mutation, qui utilise la radioactivité ou des produits chimiques. Depuis quelques années, une méthode appelée « ciseaux génétiques » est utilisée dans le monde entier. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

 

La sélection végétale existe depuis que l'homme s'est sédentarisé et pratique l'agriculture. Elle vise à améliorer les plantes cultivées pour en accroître l'utilité pour l'homme.

 

Pour progresser dans la sélection, il est indispensable d'exploiter la diversité génétique. Le croisement ciblé de matériel parental a été l'étape la plus importante pour créer, au début d'un cycle de sélection, une diversité à partir de laquelle il est ensuite possible de procéder à une sélection. Chaque croisement entraîne des mutations qui peuvent produire des caractéristiques héréditaires qui n'existent pas chez les parents croisés. Cependant, ces mutations ne produisent que très rarement des caractères positifs.

 

L'utilisation de la radioactivité ou de produits chimiques permet d'augmenter considérablement le nombre de mutations, ce qui augmente la probabilité de trouver de nouvaeux caractères positifs. Cependant, cette méthode est très peu ciblée.

 

En revanche, de nouvelles méthodes telles que les ciseaux génétiques CRISPR/Cas permettent d'effectuer des mutations ponctuelles de manière très ciblée à des endroits connus du génome.

 

 

Bayer utilise-t-il également les ciseaux génétiques CRISPR/Cas ? Dans quelle mesure sont-ils répandus ?

 

Bayer utilise de plus en plus l'édition génomique pour développer de nouveaux caractères. Les nouvelles technologies génomiques (NGT) sont par exemple utilisées pour améliorer de manière ciblée les composants des légumes. Mais il faudra encore un peu de temps avant que ces variétés ne soient commercialisées.

 

 

On parle sans cesse d'étiquetage dans le domaine de la sélection. Tout ce qui est produit à l'aide du génie génétique doit être étiqueté en Europe. La sélection par mutation ne relève-t-elle pas également du génie génétique et ne devrait-elle pas être étiquetée ?

 

Les réglementations relatives à ces nouvelles technologies sont en retard par rapport aux progrès de la recherche. Dans l'UE en particulier, les discussions sur la réglementation des nouvelles technologies génomiques et des variétés produites à l'aide de celles-ci ne sont pas encore terminées. Elles font l'objet de débats très controversés et l'obligation d'étiquetage n'est pas encore claire.

 

Les variétés dont les caractéristiques ont été obtenues à l'aide des NGT et qui pourraient également résulter d'une mutation naturelle ne devraient pas être soumises à une réglementation plus stricte que les variétés obtenues par mutagenèse non dirigée.

 

 

Dans le contexte des NGT, la monopolisation par les brevets fait également l'objet de discussions. Qu'en penses-tu ?

 

Pour les entreprises et les instituts de recherche, une protection stable de la propriété intellectuelle est indispensable pour garantir la poursuite des investissements dans la recherche et le développement. Les nouvelles technologies telles que l'édition génomique offrent des opportunités, mais nécessitent des investissements considérables. La protection des innovations végétales par des brevets est donc essentielle pour garantir des investissements durables dans la sélection.

 

Un système approprié de protection de la propriété intellectuelle devrait inclure à la fois les droits de protection des variétés végétales et les brevets, les deux étant importants.

 

Une étude économique a montré que 80 % de la valeur d'une caractéristique brevetée dans les semences de colza profite aux agriculteurs et aux utilisateurs en aval. Les brevets ne favorisent donc pas seulement les revenus des entreprises, mais profitent avant tout à la société. Bayer est prêt à répondre aux préoccupations du secteur agricole concernant les brevets, car nous les considérons comme un outil important pour la recherche durable.

 

Bayer encourage déjà l'accès aux brevets pour les petits sélectionneurs de légumes en Europe et est cofondateur de la plate-forme Agricultural Crop Licensing Platform (ACLP).

 

Les brevets et les licences équitables favorisent l'innovation et élargissent les choix des agriculteurs. Bayer s'engage en faveur d'une application cohérente des critères de brevetabilité existants et est ouvert au dialogue sur l'importance des brevets pour la société, les sélectionneurs et les agriculteurs.

 

 

Cher Eckhard, merci beaucoup pour tes réponses. Les lecteurs peuvent désormais se forger leur propre opinion.

 

_______________

 

 

Capture Bauerwilli

 

 

Fragen an den Züchter...hier: Bayer Crop Science - Bauer Willi

 

** Ma note : Réponse insuffisante ! Le lieu commun sous-entend que les entreprises agrochimiques sélectionnent des variétés qui soit restent sensibles, soit sont rendues sensibles à une maladie pour laquelle elles ont une réponse chimique. C'est une bonne recette pour se faire flinguer par les concurrents qui produiraient des variétés résistantes... et par les agriculteurs.

 

Les agrochimistes engagés dans la sélection végétale se sont tous lancés dans la production de variétés Bt, résistantes à des ravageurs et nécessitant moins de traitements insecticides. C'est une démarche incompatible avec les théories complotistes des activistes.

 

Le cas des variétés tolérantes à un herbicide est un peu plus complexe. Mais là encore, le lieu commun ne tient pas. On a par exemple produit des variétés tolérantes au glyphosate – à une période où l'expiration du brevet sur le glyphosate était en vue – tout simplement parce qu'on avait trouvé une source de tolérance... et que le glyphosate est un herbicide « génial ».

 

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